"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«La fureur est aussi aveugle que l'amour»
Dans son nouveau roman Frank Andriat imagine un homicide alors que se rient une assemblée de copropriétaires. L'enquête qui suit est l'occasion de dresser une galerie de personnages qui racontent la dégradation des relations sociales. Ou quand la comédie vire au drame.
Bien qu'il n'en ait guère envie, le narrateur de ce savoureux roman est convié à l'Assemblée générale de sa copropriété. Comme tous les ans, ce critique littéraire s'apprête à s'ennuyer ferme. Et à consulter les dizaines de points à l'ordre du jour, il n'est pas prêt de mettre fin à son supplice.
Mais cette fois l'assemblée pourrait se dérouler plus calmement que durant les années précédentes, car Marius Van Eyck manque à l'appel. Ce dernier est pinailleur hors-pair, toujours prêt à ferrailler, en particulier avec Manon Doyen, une inspectrice de police qui prend vite la mouche quand elle sent ses intérêts menacés. Parmi les dizaines d'autre copropriétaires, on notera la présence de Jean-Christophe Lheureux, «président du conseil sortant, qui porte bien son nom», de Marcelin Storm, professeur de mathématique, de Maya Lebrun, «fiscaliste et donc rudement utile» en plus d'être charmante. Ils sont entourés de Youssef Ben Omar, «jeune retraité actif», d'Alexandre Rabhi, «entrepreneur et artisan de paix», Mathias Balloie, un journaliste de la télé, la jolie Louise Derviche, ou encore de Vinciane Merveille, agent parlementaire et Maryse Klein, bien décidée à faire la chasse à toutes les dépenses qu'elle jugera inutiles. Sans oublier Brandon, qui essuie les plâtres, ayant acheté son appartement trois jours auparavant.
Après les premières délibérations, qui se déroulent sans trop de heurts, on assiste à de premiers échanges plus vifs, mais qui traînent en longueur.
«Je jette un coup d'œil à ma montre: il y a plus de deux heures cinquante que nous sommes enfermés dans cette grande salle froide, sans un café pour nous réchauffer, sans un biscuit pour nous sustenter et nous redonner un peu d’énergie. Cela tient réellement de la torture!»
Mais au moment où le supplice prend fin, un cri vient glacer l'atmosphère et obliger l'assistance à rester sur place. On a retrouvé Marius Van Eyck dans les toilettes «un couteau planté dans le ventre et remontant vers le cœur, comme s'il s’était fait hara-kiri ou comme si on le lui avait fait.»
L'enquête qui suit sera l'occasion de fouiller dans les vies des uns et des autres et pour notre narrateur de mener ses propres investigations, maintenant qu'il se trouve en plein polar.
Frank Andriat passe ainsi allègrement de la satire au roman noir et nous offre un joli miroir de la noirceur des âmes. Car à bien y regarder, chacun des protagonistes aurait des raisons de se plaindre, de se révolter, voire de passer à l'acte une fois écartés ceux qui n'ont plus la force physique et ceux qui étaient loin au moment des faits.
De découvertes en révélations, ce vrai-faux polar est d'abord le révélateur de relations sociales qui se dégradent, de la volonté de faire primer son bonheur personnel sur l'intérêt collectif. Alors la farce peut effectivement virer au drame.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
https://urlz.fr/pOtv
" Persuadée qu'elle était partie pour un tour de carrousel dégoulinant de bons sentiments, Justine a entamé le roman avec des pieds de plomb. Dès la première page, elle a été surprise. Un livre il suffit parfois de quelques lignes pour qu'il vous emporte !".
Réalisme et humanité pour ce bon livre ado d'un romancier /enseignant. Recompensé plusieurs fois.
Jamais deux sans trois ! C’est ainsi qu’après "Face à la mer" de Pierre Montbrond, "Fenêtre ou couloir" de Claire Blanchard-Thomasset, je découvre "Lorsque la vie déraille" de Frank Andriat, un très beau recueil de nouvelles paru aux Editions Quadrature. Avant même d’ouvrir le livre, je me régale de la jolie couverture et des mots à venir.
Et je ne suis pas déçue. Il me suffit de tourner quelques pages, de lire l’incipit signé Michel Butor et de continuer.
"J’ai rencontré Octave Richet dans le TGV Paris-Toulouse."
"Tu ne m’as pas cru, Maria, lorsque je t’ai affirmé que ce voyage était dangereux et qu’il pourrait me tuer…"
"Il aurait pu reprendre un croissant : il avait le temps…Son train était prévu à 7h46 vers Bruxelles-Nord d’où il monterait dans le 8h06 vers Liège et Eupen."
"Nous formions une belle bande. Tous les jours nous montions dans le train pour nous rendre à l’école à Athus, en Belgique."
"Vous posez le pied droit sur la première marche et, de votre bras gauche, vous soulevez votre valise afin qu’elle ne se griffe pas en trainant sur le sol."
"Ils se tenaient par la main. Le train était prévu à 15h33 et ils avaient un peu d’avance."
C’est ainsi que l’auteur nous conjugue ses six nouvelles à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Une magnifique leçon de conjugaison à la hauteur de personnages tous différents et pourtant si semblables et attachants. Qu’il s’agisse d’un auteur qui se rend à un salon, d’un homme qui se retrouve face à son passé tragique, d’un autre qui part retrouver celle qu’il aime tellement qu’il a voulu s’en séparer deux mois…pour voir, d’un intrus qui s’immisce dans une bande de copains, d’un homme, encore, qui quitte sa femme une fois par mois pour retrouver sa maîtresse ou d’un vieux couple qui rejoint son domicile après une visite à l’hôpital…Tous ces destins sont portés par une magnifique écriture à la fois poétique et soignée, parfaitement travaillée, joliment enlevée. Ils nous transportent à chaque fois dans un huis clos où tout à coup la vie bascule. Qu’ils soient un, deux ou plusieurs, ils vont devoir faire face aux aléas de l’existence avec leurs forces ou leurs fragilités.
J’ai adoré la maîtrise avec laquelle Frank Andriat raconte, semant tout au long du récit, de petits cailloux qui, mine de rien, nous préparent au mot "fin", une fin toujours inattendue et magnifiquement lêchée. Tous ses textes sont emplis de tendresse, de bienveillance, d’humanité, d'amour, de chagrin mais aussi de résilience. Un vrai bonheur de lecture.
Un recueil de nouvelles à déguster lentement pour en savourer toutes les nuances.
https://memo-emoi.fr
aurent s’arrête devant une librairie frappé par l’image qui s’offre à lui: Maryline, la jolie libraire absorbée dans sa lecture, si belle dans la lumière qui tombe sur elle... il entre car il a envie de savoir quel est le livre qui retient toute l’attention de la jeune femme...
Une ode aux livres, au pouvoir des mots, au bonheur de lire...Un délicieux roman , une pépite très bien écrite et si d’aucuns pourraient y trouver quelques facilités stylistiques, un peu trop de pathos, une intrigue un peu cousue de fil blanc, qu’importe, ne boudez pas votre plaisir, vous les amoureux des livres, de temps en temps cela fait du bien de ne pas se prendre la tête et de lire une histoire optimiste et rassembleuse dans laquelle on a envie de croire et dont le happy end nous met le sourire aux lèvres ...On en garde le souvenir ému d’un joli moment qu’il ne faut surtout pas manquer!
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !