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« D’abord arriva le sang » Ainsi commence l’histoire de Valentina, qui, à l’aube de ses douze ans, refuse de quitter l’enfance. Elle est la fille de « la maison aveugle » nommée ainsi « à cause de ses petites fenêtres, présentes sur trois côtés et absentes sur le quatrième qu’on voyait en arrivant de la route » Elle vit là, entre sa mère, belle et versatile, et sa grand-mère, autoritaire et pieuse à l’excès. L’aïeule est la matriarche de cette maison où les hommes ne restent jamais longtemps. Ne dit-on pas au village qu’elles sont sorcières ?
Valentina nous raconte avec l’imagination d’une enfant élevée au milieu des animaux de la ferme et dans la religion de l’aïeule, cette découverte de la puberté et ces émois qui la bouleversent. Elle n’a qu’une amie, Ilaria, mais son amitié sera mise à rude épreuve.
Ce roman pourrait n’être qu’une histoire d’apprentissage, celle d’une enfant qui découvre dans le secret les pulsions du sexe mais veut retarder le moment d’entrer dans le monde des adultes. Mais il y a une autre dimension où nous entraîne l’auteur, un registre merveilleux. Des phénomènes inexpliqués frappe la « maison aveugle », Après le sang qui s’infiltre jusque dans la maison, il y a l’invasion des grenouilles, la maladie des moutons, les sauterelles qui envahissent tout, les mouches, la grêle…tout cela nous ramène à la Bible et aux dix plaies d’Egypte. Et puis, ce mystère de la transmission entre ces femmes où la mort n’est jamais loin, cette faute originelle qu’il faut expier par des prières incessantes, pèsent sur leur existence.
Avec ce parti pris de donner la parole à Valentina, Francesca Manfredi nous plonge avec une candeur, une simplicité qui s’avèrent d’une redoutable efficacité dans une histoire forte. Les personnages féminins sont denses à côté d’une figure paternelle évanescente.
Je me suis particulièrement attachée au personnage de Valentina qui fait ses premiers pas dans l’adolescence et j’ai aimé suivre sa métamorphose durant cet été 1996.
Le style, très fluide, teinté de poésie, participe à la beauté de ce récit initiatique teinté de merveilleux.
Je remercie les éditions Robert Laffont et Babelio pour cette belle découverte.
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