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Réfugié depuis cinq ans dans un pays nordique, un ex-colonel, l'un des plus proches du Commandant suprême d'une impitoyable République théologique, attend sa régularisation. Lors d'un interrogatoire, sa traductrice habituelle est absente. Il va reconnaître alors, dans Vima, la jeune femme qui la remplace, le célèbre numéro 455 de la prison Devine, prison qui dépendait de ses services. Dans cette prison, étaient enfermés et torturés les « appâts », c'est-à-dire les proches des prisonniers qui ne voulaient pas parler
Au cours de ma lecture, j'ai bien apprécié le passage aux caractères en italique lorsqu'il s'agissait du récit de Vima, ce qui permettait de savoir immédiatement qui parlait.
Fariba Hachtroudi, romancière et journaliste née en Iran, Grand Prix des droits de l'homme en 2001, nous a livré, avec le colonel et l'appât 455, un roman bouleversant, avec une tension dramatique intense, qui fait le procès du totalitarisme.
Elle raconte la vie de deux êtres qui ont tout sacrifié par amour. S'il serait tentant de parler d'affrontement entre un bourreau et sa victime, cela s'avère plus complexe, car le bourreau n'est-il pas lui-même une victime de ce régime totalitaire ?
Le colonel et l'appât 455 nous incite à réfléchir sur l'engagement, le pardon, la folie du pouvoir et surtout sur le pouvoir infini de l'amour.
Malgré quelques scènes de torture très difficiles à lire, c'est un très beau roman politique mais surtout très psychologique que j'ai pu apprécier grâce à Lecteurs.com.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Les deux personnages du roman ne sont pas tout de suite nommés. Leur portrait se forme peu à peu au fil des pages. Elle était «l'appât 455» de ce régime dictatorial. On attendait d'elle qu'elle délivre des informations sur son mari subversif. Elle ne parlera jamais, même sous les pires tortures. Elle résiste justement grâce à cet amour indéfectible qui l'unit à son compagnon. Le «colonel» était un proche du «Commandeur suprême». "L'appât 455" et "le colonel" se retrouvent des années après, dans un pays dans lequel elle s'est reconstruite seule. Lui y est arrivé pour demander l'asile politique. Leurs retrouvailles est un choc pour chacun d'eux, d'autant plus que cette femme sera la traductrice du colonel. Alternant habilement la parole de l'un et de l'autre, Fariba Hachtroudi nous happe dans cette histoire vertigineuse. Pourquoi le colonel demande-t-il l'asile politique ? Qu'a-t-il à demander ou à confier à cette femme ? Flash back, récits croisés, monologues intérieurs... l'écriture est acérée, la tension est grandissante. On devine que le pays désigné par la "République théologique" est l'Iran, et que leur terre d'accueil est la Norvège. Mais peu importe la géographie, la portée du livre est plus large. Ce roman nous parle des totalitarismes aveugles et de la puissance de l'amour. Il met en valeur le fait que derrière les pires violences, la part d'humanité que chacun porte en soi et la force des sentiments laissent entrevoir de l'espoir. C'est un formidable roman, puissant et captivant, de ceux que l'on n'oublie pas.
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