"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ces hommes, ces femmes, nous les voyons tous les jours, notamment sur des images à travers nos écrans de tablette ou de télévision, sur des photos dans les journaux. On y prête à peine attention et pourtant... Ce livre est l'histoire d'une tragédie comme tant d'autres mais elle va bouleverser un homme qui jusque là vivait sa vie d'opticien à Lampeduza.
Ce livre m’a marquée, et résonnera longtemps en moi.
Excellent livre ! On se surprend à être avec eux ! j'ai repensé à la chanson "MERCI" de Monsieur et Madame !
Bravo pour avoir écrit ce petit bijou !
Comment parler de ce roman qui n'en est pas vraiment un ? Journaliste à la BBC, l'auteure a réalisé un documentaire sur un homme, l'opticien de Lampedusa, et qu'elle approfondit ici en lui donnant un tour romanesque que l'on distingue à peine, tant l'écriture colle au réel.
Ce bientôt soixantenaire mène une vie tranquille à Lampedusa, préoccupé par son magasin moins fréquenté que par le passé et par l'avenir de ses fils. Des inquiétudes banales, une vie qui s'écoule assez tranquillement, à peine froissée par quelques questions sur les nombreux migrants qui, jour après jour, viennent s'échouer sur le rivage. Des questions, des pensées fugaces, à peine formulées, dans une indifférence détachée. Ce n'est pas un rejet, ce n'est pas du racisme, ce n'est même pas de l'égoïsme. C'est plutôt comme si les migrants faisaient partie d'une autre réalité qui ne le concerne pas et dont il n'a probablement qu'une conscience fugitive. Il constate qu'ils sont là, c'est tout.
Avec sa femme, Teresa, et trois autres couples, il profite d'un mois d'octobre lumineux pour naviguer sur un bateau de quinze mètres. Une semaine de vacances entre amis, à plaisanter, pêcher, se baigner et, surtout, laisser les soucis sur la terre ferme. Le ciel, la mer, les amis, le paradis ! Un paradis qui, brutalement, va devoir composer avec l'enfer. Le petit matin limpide du 3 octobre 2013, est troublé par des cris, des hurlements. Oiseaux de mer ? Plus le bateau s'approche, plus "on entend la douleur". Des formes indistinctes se débattent dans l'eau. Des poissons ? L'opticien "force ses yeux et son cerveau à reconnaître et interpréter ces formes". Le bateau est à trente mètres et l'horreur fracasse les huit passagers. "Des gens ! Ce sont des gens dans l'eau !". Des mains se tendent, des doigts s'agrippent, il y en a tellement ! Il faut "choisir entre ceux qui pourront vivre et ceux qui devront mourir".
Sur les plus de 500 naufragés, l'opticien et ses amis en sauveront 47. Appelés au secours, les garde-côtes en sauveront 108 autres.
Je n'ai pas envie d'évoquer l'écriture, la construction, les descriptions ni aucun autre élément d'analyse littéraire à propos de ce livre. Que l'on sache seulement que cette tragédie est si magistralement racontée qu'elle revient sans cesse hanter la conscience. L'opticien de Lampedusa (Carmine Menna) et ses compagnons ne sont pas des héros de roman. Simplement, modestement, par leur choix spontané de porter secours à d'autres êtres humains, sans se poser d'autres questions que de savoir combien ils pourront en sauver, ils rendent à l'humanité quelques lettres de noblesse et de dignité. "Leur histoire me hante, mais leur courage me guide".
https://lettresexpres.wordpress.com/2018/06/18/emma-jane-kirby-lopticien-de-lampedusa/
C’est le roman d’un homme banal qui soudain ne peut plus considérer comme banal de croiser des migrants chaque jour sur son île, qui ne peut s’empêcher de vouloir à toute fin prendre de leurs nouvelles au centre de rétention où ils sont admis, et de suivre, plus tard, grâce à quelques messages, le périple de certains d’entre eux à travers l’Europe.
Il devient absolument impossible après avoir lu ce texte de voir les nombres de migrants entassés dans des bateaux, demandant à être secourus, ou bien trop souvent, morts noyés, comme simplement des nombres s’ajoutant à d’autres nombres. Impossible aussi d’imaginer qu’on puisse songer un instant à tout simplement les renvoyer vers leur pays d’origine, après tout ce qu’ils ont souffert et perdu au cours de leur traversée.
Une belle écriture place les mots qui conviennent, sans trop de pathos, sur cette histoire individuelle capable de toucher tout un chacun.
J’ai déjà lu d’autres romans sur le même thème, et pourtant, celui-ci a su me toucher comme aucun autre avant.
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