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Il est né pendant l'été 1971. Il a grandi à El Gabriel, une petite ville à une heure au sud de La Havane. 9 ans plus tard, c'est en parasite, en vermine (Worm) qu'il quitte Cuba avec sa famille à bord d'un crevettier, le Nature Boy, direction la Floride. C'est son histoire que nous raconte Edel Rodriguez.
Les parasites, c'est ainsi que le régime de Castro qualifiait ceux qui voulaient quitter Cuba. En racontant cette histoire, Edel Rodriguez, artiste, illustrateur, un temps directeur artistique de Time, donne la parole à tous les migrants, qu'ils partent de Cuba ou d'ailleurs. Il montre la violence, la peur, le déchirement, l'espoir d'une autre vie.
Ce récit puissant s'accompagne d'un graphisme immersif: le trait est noir et épais, les seules couleurs sont le rouge et le vert taupe. Le dessin s'inspire à la fois des affiches de propagande et des illustrations sur Donald Trump qui ont rendu célèbre Edel Rodriguez. Le parallèle qu'il fait entre le régime cubain et la montée du Trumpisme vient d'ailleurs conclure un album magistral.
Je suis conquis par ce premier roman graphique autobiographique d'un artiste qu'il faut découvrir sans tarder. Worm est un immense coup de coeur !
Une odyssée, un voyage par la mer que des hommes, femmes et enfants entreprennent afin de toucher du doigt ce qu’ils espèrent au plus profond d’eux, la liberté. Ce périple, c’est celui de la famille d’Edel Rodriguez et dans cette “autobiographique” en kaki et rouge, l’auteur nous livre les raisons qui les amenèrent à quitter Cuba pour demander l’asile aux États-Unis.
L’histoire d’une famille est bien souvent liée à celle d’un pays. Quand Fidel Castro et ses compagnons de lutte arrivent au pouvoir en 1959 en chassant Batista, la population cubaine a foi en cette insurrection. Elle espère que les conditions de vie s’amélioreront. Mais rapidement s’instaure un système de parti unique et des réformes agraires, politiques, religieuses sont mises en place sur le modèle du grand frère soviétique.
Edel est un jeune garçon qui habite San Gabriel, une petite ville rurale, avec ses parents et sa sœur Irma. Et c’est son quotidien que l’auteur, devenu illustrateur et caricaturiste pour de grands journaux américains, va nous livrer de façon extrêmement précise pour que nous puissions nous rendre compte des difficultés que subissent les Cubains. Pour échapper à ce quotidien, les parents d’Edel décident de profiter de l’opportunité qui leur est “offerte” en avril 1980. Celle de quitter le pays pour émigrer vers les Etats-Unis s’ils réussissent à trouver un bateau. La seule condition à cet exil, les volontaires doivent laisser toutes leurs biens au gouvernement. L’Exode de Mariel va marquer le début d’une nouvelle vie pour Edel et sa famille.
Qu’est-ce qui a bien pu déclencher chez Edel Rodriguez le besoin de revenir sur son enfance cubaine et son exil ? Un nom, Donald Trump. C’est en l’entendant vociférer lors de la campagne électorale de 2016, que les souvenirs d’un Líder máximo lui sont revenus. Comment un homme tel que Trump pouvait arriver au pouvoir dans un pays démocratique ?
L’Histoire ayant tendance à se reproduire, voici un album pour le moins édifiant qui ne peut que nous ouvrir les yeux sur la menace que peuvent représenter certains politiciens.
Avec Worm, Une odyssée américano-cubaine, cette rentrée littéraire débute sous les meilleurs auspices.
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