Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Peu après Noël, tandis que je me promenais dans mon paisible petit village, une scène m’a longuement fait réfléchir : deux enfants, sabres laser flambants neufs fièrement dressés, étaient en plein conciliabule pour décider en avance de l’issue du combat à venir … A vrai dire, ils n’ont pas eu à débattre bien longtemps : le petit Sith en herbe a déclaré « je suis le méchant, je suis plus fort, je gagne », et le petit Jedi a vivement approuvé « ouais, les gentils ils gagnent jamais », avant de protester « mais la prochaine fois c’est moi le méchant ! ». Les gentils ne gagnent jamais, les méchants sont les plus forts. Quelle drôle de philosophie pour des enfants de sept ans ! Lorsque j’avais leur âge et que les autres enfants et moi jouions à Star Wars au terrain de jeu (avec des branches en guise de sabres laser), tout le monde voulait être un brave et noble Jedi, et non un vicieux et sanguinaire Sith : certains rentraient même chez eux en boudant si le tirage au sort les avait désigné comme méchants ! Les choses ont décidément bien changé, en l’espace de quinze ans : visiblement, désormais, les enfants sont bien plus fascinés par le Côté Obscur que par le Côté Lumineux ! Mais en observant les romans de l’Univers Etendu … je pense qu’on peut dire que ce n’est pas seulement les enfants : on suit bien plus de « héros » Siths que de Jedi ! Et je me demande bien ce qu’il faut en conclure sur notre monde …
Comme son ivrogne de père avant lui, Dessel trime du matin au soir au cœur des mines, à extraire à coup de marteau-piqueur le si précieux mais si résistant cortosis. Comme son ivrogne de père avant lui, Dessel trime nuit et jour pour tenter de rembourser sa dette à la Compagnie Minière. Mais contrairement à son ivrogne de père, Dessel compte bien quitter cette planète désolée un jour ou l’autre : il le sent au plus profond de son être, son destin n’est pas de pourrir ici. Prenant son mal en patience, Dessel attend le jour où prendra fin cette existence de misère et de servitude : son étrange instinct ne lui a jamais fait défaut. Mais voici qu’un jour, Dessel est contraint de fuir précipitamment Apatros : pour éviter que la justice de la République ne lui mette le grappin dessus pour avoir assassiné l’un de leurs officiers (peu importe que cela soit de la légitime défense), le mineur rejoint les rangs de l’armée Sith. Devenu sergent de la Marche Obscure, troupe d’élite de la Confrérie des Ténèbres, Dessel est cette fois-ci bien loin d’anticiper le nouveau tournant que va prendre son existence : lorsqu’il est mis aux arrêts pour insubordination (peu importe que sa mutinerie ait évité un échec cuisant à la Marche Obscure), l’ancien mineur ne voit pas d’autre issue que la mort … Mais à sa plus grande surprise, le voici envoyé à l’Académie Sith de Korriban, pour faire partie de l’élite de la Confrérie des Ténèbres : un Seigneur Sith. L’ascension de Dark Bane a commencé …
Qui dit « Star Wars » dit généralement « action » : on s’imagine aussitôt des batailles spatiales trépidantes, des combats acharnés au sabre laser, quelques explosions spectaculaires pour faire bonne mesure … Si c’est là tout ce que vous venez chercher dans un roman estampillé « Star Wars », je crains que celui-ci ne vous apporte pas entière satisfaction : l’auteur nous offre ici un récit qui se rapproche bien plus du roman initiatique qu’autre chose, même s’il nous accorde quelques scènes de bagarre pour ne pas trop nous dépayser. La sempiternelle lutte entre le Côté Lumineux et le Côté Obscur n’occupe ici qu’une place secondaire, à l’arrière-plan : le véritable enjeu est tout ailleurs, bien moins ostensible, bien moins visible. Tandis que cette guerre s’éternise et s’enlise, tandis que d’un côté comme de l’autre les forces se rassemblent et misent sur la même stratégie, celle de la force du nombre, pour prendre l’ascendant sur son adversaire, le jeune Dessel, devenu Bane, entame son apprentissage. Il traine derrière lui les souvenirs âpres d’une enfance abusée, d’une vie toute entière de rude labeur, de misère, d’avilissement, de servitude. Il aurait pu, comme tant d’autres, comme son propre père, se laisser briser par cette existence morne et monotone, pénible et humiliante. Sombrer dans l’alcool, dans la frénésie des jeux et le cercle vicieux des dettes qui n’en finissent pas de grossir jusqu’à perdre tout espoir de pouvoir les rembourser un jour. Jusqu’à perdre tout espoir tout court.
Mais Dessel a toujours su qu’il n’était pas comme tous les autres : il ne finira pas comme eux, asphyxié par la poussière des mines et les dettes écrasantes. Il en est intimement convaincu : il est promis à un brillant avenir, il accomplira de grandes choses. Il ne sera pas un mineur anonyme parmi des milliers d’autres : on se souviendra de lui. Ce refus de se lamenter sur son propre sort, cette détermination à améliorer sa condition ne peuvent que forcer l’admiration … Mais il y a chez Dessel une noirceur qui ne trompe pas, une violence contenue qui ne fait aucun doute : c’est bien par le Côté Obscur qu’il se laissera attirer. Sa force de caractère s’accompagne d’un mépris dédaigneux pour ceux qui sont plus faibles que lui : selon lui, qui a su gardé la tête haute en dépit de toutes les humiliations, ceux qui se laissent broyer par l’accablement et la lassitude ne méritent aucun respect. Le fort survit, le faible périt. Autant dire qu’il avait déjà tout compris avant même d’intégrer l’Académie Sith … Il ne mettra d’ailleurs pas bien longtemps à saisir que les « Seigneurs Sith » se sont eux aussi égarés, qu’ils ont piétinés les préceptes du Côté Obscur, englués dans leur obstination à anéantir l’Ordre Jedi. Loin de se laisser berner à son tour par les beaux discours et les enseignements vides de sens de ces Maitres aveuglés et fourvoyés, Bane réalise qu’il est de son devoir d’expurger le Côté Obscur de cette gangrène, de le ramener à sa grandeur passée. Lui, Dark Bane, sera le premier d’une nouvelle génération de Sith, puissants, craints, invincibles.
Mais avant d’en arriver là, notre anti-héros doit embrasser tout entier le Côté Obscur. Il doit se débarrasser des derniers reliquats de doute ou de culpabilité, mais aussi les ultimes traces d’attachement ou de loyauté. Il doit se libérer des dernières entraves qui l’empêchent de devenir un véritable disciple du Côté Obscur. Et cela ne se fait pas sans heurt, sans douleur : si Bane s’apprête à devenir l’un des Siths les plus implacables, sournois et ambitieux de toute l’histoire du Côté Obscur, il n’en reste pas moins avant tout un jeune homme avec ses peurs et ses faiblesses. Bane ne se transforme pas du jour au lendemain en Parfait Grand Méchant : cela se fait doucement mais sûrement. Et c’est très précisément cela que j’ai trouvé si intéressant dans ce roman : j’ai beau désapprouver les choix de Bane, je peux les comprendre, car ils ne tombent pas de nulle part. Ils s’insèrent dans un cheminement psychologique très juste et suffisamment lent pour être profond. De Dessel à Bane, de Bane à Dark Bane, la transition se fait très subtilement : aussi surprenant que cela puisse paraitre au vue du contexte, j’ai eu en tête cette image fort poétique de la chrysalide qui se fait papillon, imperceptiblement. On ne peut discerner le moment où s’opère la transformation, même en observant attentivement : on ne peut que la constater le moment venu, lorsqu’il est déjà trop tard pour comprendre comment on en est arrivé là. Je dois vraiment avouer être très agréablement surprise, car je ne m’attendais pas à une telle finesse dans un roman « Star Wars » !
En bref, vous l’aurez bien compris, cette trilogie commence très fort, et même si j’étais plutôt « blasée » à l’idée de suivre encore une fois un disciple du Côté Obscur, je dois vraiment reconnaitre avoir été bluffée par ce premier tome. Je trouve ça fascinant de voir (re)naitre l’Ordre Sith tel qu’on peut le connaitre dans les films, d’apprendre comment est (ré)apparue cette fameuse « Règle des Deux » (que nous allons visiblement explorer plus encore dans le second opus, si j’en crois le titre). On sort vraiment du schéma horriblement manichéen du Bien contre le Mal, des Ténèbres contre la Lumière, on sent qu’il y a une véritable tension à la limite de la dépendance entre les deux : l’un ne peut en réalité pas exister sans l’autre, et en s’efforçant de s’éliminer mutuellement, ils risquent bien, effectivement, de disparaitre l’un et l’autre. Loin de sombrer dans la facilité en nous présentant un Méchant Pur et Dur, l’auteur nous invite à faire la connaissance d’un jeune homme tourmenté, tiraillé entre l’ambition et la certitude d’être amené à faire de grandes choses, et la crainte de son propre pouvoir et de ses propres actions. Certains trouveront assurément cet opus ennuyeux, car l’auteur nous propose effectivement quelque chose de relativement « calme » et donc d’irrémédiablement « lent », mas pour ma part, je l’ai trouvé particulièrement passionnant. Et pour ne rien gâcher, l’auteur a une très belle plume : on est dans un style vraiment soigné, délicat, presque noble, qui ajoute encore plus de profondeur au récit, et c’est fort bienvenu !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2022/04/dark-bane-tome-1-la-voie-de-la.html
S’il y a bien un paradoxe qui me laisse particulièrement perplexe dans notre société, c’est bien le fait que, d’un côté, nous martelons à nos jeunes ouailles influençables que seules les matières scientifiques sont dignes d’intérêt – « tu aimeras les sciences, mon gamin, et ne t’avise surtout pas d’apprécier l’histoire ! » –, mais que, de l’autre côté, nous continuions à décourager ces mêmes jeunes ouailles influençables de lire de la science-fiction – « ah non, si tu veux lire, tournes toi vers de la vraie littérature, au moins, lis-moi donc le dernier Goncourt ! » … J’ai le souvenir très vivace d’une professeure de français, qui semblait particulièrement ravie de me voir si régulièrement aller au CDI pour emprunter des livres, se mettre à grimacer (pour ne pas dire cracher de dégout) en se rendant compte que je lisais principalement de la fantasy ou de la science-fiction : j’étais passée de la case « élève prometteuse » à celle « élève irrécupérable » … Et elle n’est malheureusement pas la seule à avoir ce genre de réactions : je ne compte plus le nombre de bibliothécaires, de libraires, ou même de thérapeutes (si si) qui ont essayé de me convaincre qu’il était grand temps de laisser cette « lubie » de côté et de me tourner enfin vers des ouvrages plus « respectables ». Manque de pot pour eux, je ne suis pas une jeune ouaille influençable : je lis ce qui me plait, sans me préoccuper le moins du monde de ce que les pensent de moi. Alors oui, je suis une étudiante en théologie (« la classe », parait-il) qui lit du Star Wars (« la honte », semblerait-il) …
Theron a beau être le fils caché du Grand Maitre de l’Ordre Jedi, il a beau avoir été élevé en secret par un autre Maitre qui lui a enseigné tout ce que les jeunes Padawans apprennent à l’Académie, il a bien fallu se rendre à l’évidence : il ne présence absolument aucune affinité particulière avec la Force. Pas la moindre petite trace. Qu’à cela ne tienne : s’il ne peut rejoindre l’Ordre, il servira la République d’une autre manière ! En quête d’action, Theron a ainsi rejoint le Service du Renseignement Stratégique : malgré son indiscipline invétéré et ses méthodes pour le moins peu académiques, il n’en reste pas moins un des agents de terrain les plus efficaces. Trop efficace, peut-être : le voici missionné pour une mission des plus suicidaires qui soit … s’infiltrer sur un des croiseurs impériaux les plus meurtriers, contrôlé presque organiquement par une ancienne Apprentie Jedi devenue Seigneur Sith, pour saboter son hyperpropulsion et ses défenses. Accompagné de l’ancien Maitre Jedi de Dark Karrid et d’une contrebandière qu’il considère comme une petite sœur en dépit de son sale caractère, Theron va devoir user d’audace et d’inventivité pour permettre à la République de regagner l’avantage sur l’Empire Sith …
Jusqu’à présent, les auteurs de l’univers étendu Légendes nous avaient habitués à un schéma narratif très uniforme : nous suivions systématiquement deux ou trois (si ce n’est plus) personnages, qui étaient pour la plupart des utilisateurs de la Force, que ce soit du Côté Lumineux ou du Côté Obscur. Cette fois-ci, l’auteur innove : non seulement nous ne suivons véritablement qu’un seul et unique protagoniste, mais en plus celui-ci n’est ni un Jedi ni un Sith. Theron n’est qu’un « simple » humain comme vous et moi, dépourvu du moindre zeste d’affinité avec la Force. Pas de sabre laser pour lui, seulement un bon vieux blaster. Et s’il doit sauter du haut d’un immeuble, il a tout intérêt à avoir un parachute avec lui s’il ne veut pas finir écrabouillé comme une crêpe contre le sol, faute de pouvoir ralentir sa chute grâce à la Force. Pourtant, et c’est là tout le drame de sa vie (même s’il s’efforce de faire croire et de croire que cela ne lui fait ni chaud ni froid), il est le fils (très secret) de Satele Chan, LA Grande Maitre de l’Ordre, élevé en cachette par le Maitre de cette dernière : tout laissait raisonnablement penser qu’il allait suivre les traces de sa génitrice et de son mentor et rejoindre les rangs des Chevaliers Jedis … Mais il a bien fallu se faire une raison : l’Ordre ne voulait pas de lui. Pour servir la République, il allait devoir s’y prendre autrement. Heureusement pour lui, Theron est un homme plein de ressources !
Mais l’auteur va encore plus loin : non seulement Theron est un héros de la République sans être un Jedi, mais en plus le roman est parsemé de critiques à peine voilées quant à l’arrogance, qui frôle parfois le mépris, des Jedis … Car eux ont compris, les autres non. Car eux savent maitriser leurs émotions et leurs désirs propres au profit du pragmatisme et du bien commun, alors que les autres en sont réduits à suivre leurs plus bas instincts égoïstes et irrationnels. Derrière la belle philosophie des Jedis se cache cette sorte d’élitisme dont on parle assez rarement, mais que ce roman met en lumière à plus d’une reprise. Alors bien sûr, un Jedi vous dirait que Theron est aveuglé par la déception et l’amertume d’avoir été rejeté par l’Ordre, et plus encore d’avoir été abandonné à la naissance par sa mère au profit de ce même Ordre … mais le simple fait de rejeter systématiquement la faute vers l’autre sans jamais se remettre en question abonde dans le sens de la critique de Theron. Mais le plus terrible, dans toute cette affaire, c’est qu’on ne peut même pas en vouloir aux Jedis eux-mêmes : on leur a tellement rabâché tout ceci depuis qu’ils sont Padawans qu’il est parfaitement logique qu’ils en soient profondément persuadés, et qu’ils ne se rendent même pas compte d’à quelle point leur attitude peut être hautaine et blessante …
Mais rassurez-vous, c’est très loin d’être le point saillant du roman : car l’essentiel reste quand même cette Opération fichtrement audacieuse qui pourrait bien à elle-seule permettre à la République de reprendre l’avantage sur l’implacable Empire Sith qui ne cesse de gagner du terrain. Car on s’en doute bien, le plan bien rodé par les bureaucrates de la République ne va pas tarder à être mis en péril par les réalités insoupçonnées du terrain : pour parvenir à leurs fins, Theron, Gnost-Dural et Teff’ith vont plus d’une fois devoir improviser, alors que le danger les entoure de toutes parts. On retrouve cette fois-ci les situations chères aux auteurs de l’univers : des infiltrations à haut risque dans des hauts-lieux de l’Empire, des artefacts essentiels bien protégés derrière des murs trop costauds pour les explosifs prévus, des bagarres dans des lieux malfamés, des patrouilles qui arrivent trois nanosecondes avant que le système de piratage ait pu terminer son œuvre, des roulades et des pirouettes pendant les combats au corps à corps, sans oublier quelques petites batailles spatiales pour parachever le tableau … Mais le plus incroyable, finalement, c’est que ça marche absolument à tous les coups : à chaque fois, c’est la même poussée d’adrénaline, la même tension absolument insoutenable, le même crainte au moment fatidique … et puis le même soulagement et la même liesse lorsque les gentils écrasent les méchants, parce que c’est aussi ça, la « magie » de Star Wars !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est à la fois un roman qui piétine allégrement les codes et qui les respecte à la lettre, et cela nous donne un récit à la fois très innovant (et donc rafraichissant) et très prévisible (et donc rassurant). Si la sempiternelle lutte entre l’Empire et la République, entre les Siths et les Jedis, entre l’Obscurité et la Lumière, reste au cœur de l’intrigue – comment pourrait-il en être autrement dans un roman Star Wars ? –, l’auteur a bien compris qu’un bon roman ne peut pas s’arrêter à ce seul conflit. Il nous offre ainsi des sous-intrigues centrées sur les personnages en eux-mêmes, et pas seulement sur leur place dans l’immense échiquier de la guerre. Theron n’est pas seulement un agent de la République, il est aussi un homme avec son histoire propre, avec des tas de nœuds à démêler dans le fil de sa vie : et c’est aussi cela, que nous raconte ce roman. De façon assez superficielle, certes, car il y aurait sans doute encore plein de choses à explorer sur ses relations avec Satele, avec Jace ou avec Teff’ith (quel bonheur, d’ailleurs, d’avoir une pure histoire d’amitié et aucune bribe de romance entre eux !), mais suffisamment pour que l’histoire ne se contente pas d’être un simple étalage de scènes d’action ! En clair, donc, un roman palpitant, trépidant, avec quelques passages un peu plus profonds … et une bonne dose d’humour, bien évidemment !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2022/01/the-old-republic-tome-4-annihilation.html
Ce n’est pas la première fois que je le remarque : lorsque je suis « privée » de lecture pendant quelques jours ou semaines, j’ai tendance à « compenser » dès que j’ai à nouveau la possibilité de lire « normalement ». Et dans ces moments-là, même mes yeux défaillants, qui crient au scandale dès que je lis plus de cinq pages d’affilée, ne parviennent plus à stopper cette frénésie livresque qui me prend … Et c’est ainsi qu’après une bonne dizaine de jours sans réussir à trouver une seule minute pour lire, déménagement oblige, je me retrouve désormais à terminer un roman chaque jour …. Autant vous dire que ma pile à lire est radieuse : elle va enfin perdre du poids ! Et comme une grande partie de mes ouvrages sont encore enfouis dans les cartons, je n’ai désormais pas d’autre choix que de me tourner vers ceux que j’ai gardé accessibles, c’est-à-dire ceux dont je repousse la lecture depuis plusieurs mois ou années car ils m’impressionnent trop. C’est le cas de ce roman Star Wars, qui m’effrayait quelque peu car je n’ai jamais joué au jeu vidéo dont il est inspiré …
Dans la République Galactique, les avis sont partagés au sujet du Jedi Revan : certains crachent son nom avec rage, d’autres le murmurent avec crainte, certains encore le prononcent avec respect, tandis que les derniers l’acclament avec gratitude. Aux yeux de certains, il est ce conquérant qui a vaincu les Mandaloriens, tandis que d’autres ne le voient que comme un adepte du Côté Obscur qui a tenté de détruire la République, et d’autres enfin le considèrent comme celui qui a combattu son propre disciple une fois revenu à la Lumière. Revan lui-même ne sait plus précisément qui il est : le Conseil Jedi a effacé tous ses souvenirs en échange de sa vie sauve … De ce vide dans sa mémoire ne persistent que des terrifiants cauchemars, d’effrayantes réminiscences qui lui font craindre le pire pour l’avenir : un terrible danger se tapit là-bas, dans la Bordure Extérieure, un danger qui enfle de plus en plus. Persuadé que pour combattre cette menace, il doit reconstituer la trame de son passé, Revan part en quête de son identité perdue. Mais il est loin d’imaginer ce qui se cache véritablement dans les ténèbres de la galaxie …
A tous ceux et celles qui, comme moi, hésitent à se plonger dans ce roman car ils ne connaissent pas le jeu The Old Republic, n’ayez absolument aucune crainte : il n’y a pas besoin de cela pour comprendre et savourer ce récit ! D’ailleurs, même ceux qui ne connaissent pas vraiment l’univers étendu de Star Wars peuvent lire et apprécier sans soucis ce livre : sans cette histoire de Force, de Côté Lumineux et de Côté Obscur, on pourrait presque le faire passer pour un roman de science-fiction comme tous les autres ! L’auteur ne s’adresse pas qu’à des « érudits » du fandom, il nous offre avant tout une intrigue palpitante, où s’entremêlent jeux de pouvoir et quête existentielle, qui peut donc plaire au plus grand nombre et pas uniquement aux grands fans de la saga cinématographique. Et c’est quelque chose que je trouve vraiment génial, car ça permet vraiment de s’immerger dans l’intrigue sans être un grand connaisseur de l’univers : pas besoin d’avoir vingt encyclopédies à côté de soi pour en profiter pleinement, il suffit de se laisser porter par les (més)aventures de Revan et du Seigneur Scourge, comme si vous ouvriez un ouvrage de space-opera lambda !
Parlons-en, d’ailleurs, de nos deux personnages principaux. Au premier abord, Scourge est plutôt détestable : Seigneur Sith dans toute sa splendeur, il est hautain, violent, arrogant, n’accorde aucune importance à la vie et ne vit que pour le pouvoir, la gloire, la puissance … J’ai été quelque peu déstabilisée face à ce personnage principal qui a tout d’un « grand méchant », et craignais ne pas réussir à me sentir concernée par son intrigue … Et c’est finalement tout le contraire qui s’est produit : au fil du temps, on découvre qu’il n’est pas forcément aussi « mauvais » qu’il ne peut le laisser paraitre, surtout comparé aux autres protagonistes qui l’entourent. C’est vraiment, à mes yeux, le cœur de ce roman : la question du bien et du mal, de la bonté et de la méchanceté, de la Lumière et de l’Obscurité, on peut dire, et la façon dont ces deux extrêmes cohabitent en chacun de nous. Car Revan, ce Jedi qui a succombé au Côté Obscur avant d’être ramené à la Lumière, porte également en lui cette ambivalence. J’ai énormément apprécié ce personnage, à qui on a arraché ce qu’il y a de plus intime : ses souvenirs, son passé, et donc son identité. Car est-on encore vraiment soi-même quand une partie de sa vie est effacée ? Comment se reconstruire quand on n’a plus souvenirs de ses erreurs – mais aussi réussites – passées ?
Nous suivons donc la destinée de ces deux hommes, à la fois si différents et si semblables, et dont les chemins vont se croiser, tandis que l’univers tout entier est suspendu au bord du gouffre. C’est brillamment amené : au début, je me demandais bien comment ces deux intrigues parallèles allaient bien pouvoir se rejoindre, et j’ai vraiment été impressionnée par la façon dont les deux intrigues se recoupent, dévoilant progressivement quelque chose qui dépasse toutes nos craintes (et espérances). Chacun de leur côté, pour deux raisons totalement opposées (Scourge enquête sur les tentatives d’assassinat à l’encontre d’un Seigneur Sith, et Revan tente de reconstituer le puzzle de son passé), vont finalement toucher du doigt le plus grand secret et le plus grand danger de la galaxie. Chacun de leur côté, pour deux raisons totalement opposées (le premier pour sauver sa seule peau, le second pour s’assurer que son fils et tous les innocents vivront dans la paix et la sécurité), désirent mettre fin à cette folie. Et voici que le Sith et le Jedi vont s’allier pour progresser vers ce but commun. C’est vraiment captivant, comme association improbable, audacieux également, mais ça marche merveilleusement bien du début à la fin !
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai beaucoup apprécié ce roman et suis vraiment très heureuse d’avoir enfin trouvé le courage de le sortir de son étagère ! On ne s’ennuie pas une seule seconde, c’est une intrigue riche en rebondissements : entre complots, machinations et autres conspirations, entre l’ambition démesurée d’un être rongé par la noirceur et la crainte de la mort, entre la quête désespérée d’un homme qui cherche à savoir qui il était pour comprendre qui il est et déterminer qui il veut être … il se passe bien des choses dans ce récit mené tambours battants et remarquablement bien écrit ! Et le plus extraordinaire, c’est vraiment cet équilibre entre le « pur roman d’action » que l’on peut attendre d’un roman Star Wars, et le côté un peu plus profond de cette intrigue qui évoque finalement la question du bien et du mal, de la responsabilité et de la culpabilité, mais aussi de la loyauté et de l’amitié … Chacun peut vraiment y trouver son compte, qu’il soit fan ou non !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/12/the-old-republic-tome-1-revan-drew.html
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