Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Le nord de l’Allemagne, la région d’Hambourg. Une vieille ferme qui semble encore remplie des cris des générations précédentes.
Une vieille femme, Vera, qui a échoué là enfant, à pied, au printemps 1945, réfugiée avec sa mère Hildegarde von Kamcke de leur Prusse natale dont elles ont été chassées.
La nièce de Vera, Anna, jeune trentenaire, venue se réfugier dans la vieille maison elle aussi, avec son fils de 4 ans, après sa séparation.
On croise aussi Karl, le père adoptif de Vera, qui n’a jamais pu se remettre des horreurs de la guerre ; le voisin de Vera : Heinrich, qui coupe toujours tout ce qui dépasse dans son jardin car tout doit être « bien propre ».
Sans oublier les bobos, qui ont quitté la grande ville et leurs emplois dans des bureaux, pour s’improviser agriculteurs bio.
Quand tous ces personnages se mélangent, en ressort une histoire familiale, d’amitié que l’on a grand plaisir à lire.
J’ai eu du mal, au début de ma lecture, à situer le roman dans le temps et l’espace. Les premiers chapitres alternent passé et présent.
Puis les personnages me sont devenus familiers : Vera et son sacré caractère, Anne un peu perdue. Tous ont des fêlures.
J’ai aimé l’attachement de Vera à sa maison : un vrai lien sensuel. Les deux respirent ensemble.
Le roman nous fait revivre, par petites touches, l’exil des populations allemandes de l’est après la défaite de Russie. Dans le froid, ils ont vécus une autre Bérézina. Ces flash-back m’ont touché et ému. Ils mettent en perspective les migrations actuelles de façon humaniste.
L’arrivée du néo-rural de service, ancien journaliste, est drôle, qui caricature le stéréotype du citadin qui trouve tout magnifique la première année, et est beaucoup moins enchanté après.
Un roman qui m’a rappelé par certains aspects Le goût des pépins de pomme.
Un premier roman maîtrisé et réussi.
L’image que je retiendrai :
Celle des bandeaux abandonnés sur les routes de la retraite de Russie.
Une citation :
« Les réfugiés, on en les choisissait pas, on ne les invitait pas non plus, ils arrivaient sans crier gare, les mains vides, des projets confus en tête, et ils mettaient tout sens dessus dessous. » (p.163)
http://alexmotamots.fr/?p=2010
À l’ombre des cerisiers, une maison du « Vieux Pays » allemand héberge tour à tour depuis des décennies des hommes et des femmes de caractère. Nous suivons notamment l’histoire de Vera qui est arrivée avec sa maman Hildegard devant cette grande maison de paysan en 1945, en tant que réfugiées, fuyant la Prusse orientale en guerre. Ida, la propriétaire, les a accueilli sous son toit, avec distance et une bonté relative au premier abord. Mais celle-ci se révèle finalement une hôte pas si renfrognée. Hildegard et Vera vivront plusieurs années à ses côtés, ainsi qu’aux côtés de Karl, le fils d’Ida. Mais la vie ne sera pas facile, le caractère froid et autoritaire d’Hildegard aura raison de la maîtresse des lieux.
La mort, le désamour et l’abandon touchent des vies déjà bien marquées et nous découvrons des femmes que la vie n’a pas épargné.
Ainsi ce roman traverse les générations et met à l’honneur la maternité, les liens familiaux et les origines. Nous découvrons comment le passé difficile s’est répercuté sur ces femmes qui ont du mal à aimer et à être aimées, même cinquante ans après.
Mais la vie réunira Vera et sa nièce Anne dans cette même maison aux colombages du « Vieux Pays », à l’ombre des cerisiers et près de l’Elbe. Les démons du passé, les croyances, les difficultés face à l’amour et à la sociabilité pourront-ils laisser la place à une vie plus paisible et heureuse désormais ?
Ce roman met également en exergue la vie à la campagne face à la vie en ville, le choc des cultures et la confrontation des néo-ruraux écolos face aux paysans installés ici depuis toujours. L’auteure nous conte la difficulté pour les réfugiés de s’intégrer et d’essayer de reprendre goût à la vie, un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité ici et ailleurs.
« Elle n’avait toujours pas confiance en cette maison, mais elle ne lui permettrait pas de l’expulser, la régurgiter, la rejeter tel un corps étranger, à l’instar de tous ces réfugiés qui avaient quitté au plus vite les grandes demeures paysannes pour s’installer humblement, pleins de gratitude, dans leur petite maison des lotissements, et qui veillaient scrupuleusement à ne plus être à la charge de quiconque, leur vie durant. »
Dörte Hansen expose tout en finesse et poésie le lien qui lie Vera à cette maison qui l’a sauvée.
« Elle s’était échouée dans la maison d’Ida Eckhoff comme une noyée sur une île. Elle était toujours entourée de cette eau, et cette mer lui faisait peur. Il lui fallait demeurer sur cette île, dans cette ferme où elle ne pouvait certes pas prendre racine, mais où elle s’était accrochée, agrippée aux pierres, pareille à une mousse ou un lichen.
Ni croître, ni fleurir, juste rester. »
Le roman s’articule aussi autour de la thématique de la possession des terres par l’Homme, de ce besoin de s’approprier les choses, et de ne pas toujours s’ouvrir au monde.
« C’était peut-être inné, quand on était venu au monde dans une de ces familles, qu’on était d’emblée partie intégrante d’une architecture à pans de bois. On connaissait sa place et son rang dans ce paysage où tout reposait sur l’ancienneté : d’abord venait le fleuve, puis le pays, puis les briques et les poutres en chêne, et enfin ces hommes aux noms anciens à qui appartenaient le pays et les vieilles maisons.
Tout ce qui était arrivé après, les bombardés, les expulsés, les gens las de la ville, les sans-terre qui cherchaient un pays, n’était que du sable apporté par le vent, de l’écume déposée par les vagues. Des nomades qu’on laissait sur les routes. »
Ce roman met également le doigt sur l’évolution des mentalités, génération après génération, des fils de paysans qui finissent par s’autoriser la liberté de choisir leur vie, de ne pas poursuivre inlassablement le destin de leur père.
« Les maisons comme celle-ci, les pères les construisaient pour leurs fils, et les fils les entretenaient et les conservaient pour leurs fils à eux, et jamais un fils ne s’était demandé si c’était ce qu’il voulait, lui. Quand est-ce que ça avait commencé, cette histoire de vouloir ? Quand s’était glissée l’erreur ? Quand avait surgi ce malentendu, cette idée que les fils de paysans pouvaient choisir leur vie ? Opter tout simplement pour celle qui semblait agréablement variée et confortable ? »
À l’ombre des cerisiers est un roman qui se lit doucement, qui s’apprécie comme une histoire de grand-mère. Ici, pas d’issue finale alambiquée et surprenante, juste une histoire de vies.
J’ai apprécié cette lecture mais elle manquait de rebondissements pour me happer, ce qui a eut pour effet quelques longueurs, malgré des chapitres parfois très intéressants et touchants.
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/06/05/lecture-a-lombre-des-cerisiers-de-dorte-hansen/
Au travers de ces vies, l’auteure dresse des portraits mélancoliques, rudes, bruts de ses personnages. L’identité est un fil conducteur dans ce livre, mais aussi les liens familiaux, les liens humains dans une petite région d’Allemagne à la campagne. Les personnages y sont toujours dépeints avec respect.
Véra est sans doute le personnage le plus énigmatique : sa volonté de solitude, ses choix, ses décisions la rendent touchante, humaine. Les liens familiaux expliqués dans le livre sont un enchevêtrement d’histoires et de souvenirs épars et le plus souvent tristes. Véra a la personnalité de la maison qu’elle habite : froide et austère, mais qui regorge d’une chaleur insoupçonnée. Anne est un personnage plus secondaire qui m’a plu surtout dans sa pudeur. Quant à l’espièglerie de Léon, elle permet des touches apaisantes pour la famille.
Une quête d’identité sur fond d’histoires de femmes, permettant à plusieurs générations de s’exprimer à des époques différentes. Il sera plus question ici des séquelles de la Seconde Guerre mondiale, comme pour Karl, le fils d’Ida.
L’entrée dans le livre était complexe, car il y avait beaucoup d’informations diverses et importantes dès le début du livre, cela était parfois même lourd de reprendre le début du chapitre, mais au fur et à mesure, aidés de chapitres courts, on s’habitue au style de l’auteur et on est attentif aux détails comme les cerisiers, l’importance de la maison comme fondation de l’identité des personnages. Un livre fort, triste, mais touchant et puissant dans les émotions qu’il exprime.
Un petit mot sur l'objet livre : j'aime particulièrement celle ci qui donne à l'objet livre une beauté poétique.
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