"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un très joli conte dans lequel on se jette sans pouvoir se détacher, facile à lire, touchant...un livre qui va peut être me donner envie de dévorer la pile de livres à lire qui ne cesse d'augmenter...
Nadèjda vit seule avec sa fille Anna, qui n’a pas prononcé un mot depuis qu’elle a l’âge de le faire. Pourtant elle n’est pas muette. A 6 ans, Anne commence l’école mais son mutisme attire la violence de ses camarades. Sa mère la retire donc de l’école et décide de la placer dans un établissement réservés aux enfants sourds. Là elle est accueillie par Merlin…
Au fil du récit, on comprend que Nadèjda a une histoire personnelle et familiale très douloureuse. En petites touches, sont évoqués la disparition de son grand-père en des temps de guerre, la déchéance puis la mort de sa grand-mère, dans laquelle elle a joué un rôle majeur, l’absence de son propre père puis le départ du futur père d’Anna. Une vie faite de perte, de souffrance et d’isolement. Et un lourd secret à porter.
Se faisant appeler par son deuxième prénom comme pour nier sa propre histoire, vivant une vie faite d’isolement et de relation fusionnelle avec sa fille, Nadèjda est comme le petit Poucet, perdue et tentant de se raccrocher à de tous petites choses comme autant de bouées : un cabanon à la merci de la mer et du vent sur une plage, des petits papiers semés dans les ourlets des vêtements d’Anna, tics et tocs rythmant la longueur des jours…
Mais Merlin est peut-être un peu magicien… Cet homme s’occupe au quotidien des enfants sourds et a comme un sixième sens pour comprendre toutes les douleurs, tous les non dits. Grâce à sa présence et à son opiniâtreté, Anna va commencer à s’ouvrir au monde, et sa mère, même si le chemin est long et les rechutes inévitables, va progresser sur le chemin de la confiance et de la renaissance.
Ou comment surmonter des traumatismes d’enfance, comment ne pas transmettre à ses propres enfants la peur maladive et irrationnelle de la perte et surtout de l’abandon.
C’est bien un roman qui est à lire ici, un récit tout en finesse et en délicatesse sur la difficulté à s’affranchir du poids du passé familial, des chocs psychologiques endurés.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2016/08/13/leur-histoire-de-dominique-mainard/
Quel magnifique roman encore que cette histoire de famille obscure et tourmentée !
A la lecture de la première phrase, j'ai aussitôt repensé à ce que m'avait dit un jour Anne BRAGANCE s'agissant de son roman "Le voyageur de Noces". Elle racontait qu'elle avait écrit la 1ère phrase "Le jour où Fidel Aguilar se sentit empoigné par la providence, il pleuvait sur Buenos Aires." et que le reste avait suivi. C'était en 1992 et pourtant, je ne l'ai jamais oublié. Il en sera de même pour "Le ciel des chevaux". J'ai l'impression que de la première phrase a découlé la suite, comme une boîte à secrets que l'on aurait ouverte et d'où se seraient échappés les personnages et leurs particularités.
Dès la première phrase, en effet, le mystère s'installe, qui s'épaissit au fil des pages. Ce roman est envoûtant, poignant, attendrissant, superbement orchestré. On est rapidement plongé dans les affres des secrets de familles et des non-dits. L'écriture de l'auteur a cette élégance, cette magie qui rend les mots harmonieux, musicaux. On vogue continuellement aux frontières de l'irréel. La réalité se mélange à la fiction, le présent au passé. La littérature se transforme en poésie.
Chaque personnage possède une densité hors du commun. Léna, sa souffrance, sa mémoire défaillante, sa sensibilité, ses absences. Elle a un mari, un fils et pourtant elle ne peut s'empêcher de partir à la rencontre de celui dont elle a entendu parler et qui ne peut être que "lui", ce frère disparu. Mélih, ce petit garçon si sage, si adulte, qui observe, comprend et entoure presque silencieusement. Et Adem, le personnage que j'ai préféré parce qu'il n'est pas le héros mais qu'il porte en lui une force incroyable, un amour capable de tout supporter, accepter, les silences, les fuites, les absences. Il pose des questions, certes, mais se contente toujours des réponses qu'il ne reçoit pas.
Et ce frère, qui est-il ? existe-t-il vraiment ? Est-ce lui, ou pas. Le roman chemine à sa rencontre et l'on ne sait jamais si l'on est dans le présent ou le passé, dans le réel ou le rêve.
Tout au long, on chemine dans ce parc comme dans un labyrinthe, le labyrinthe de la vie, douloureux et plein d'espoir malgré tout comme le dénouement.
C’est une histoire de révoltes : Révolte d’Albanala contre un monde triste. Révolte de Julide, révolte de Mado, révolte de l’Indien.
Julide, petite fille, puis jeune fille révoltée contre ses parents, contre le mariage arrangé…… aimait faire le mur ou, plus précisément la fenêtre. Or, son père a coincé ladite fenêtre jusqu’à ses 16 ans où on la fiance d’office à son cousin. Sa seule bouffée d’oxygène était Albanala.
Albanala, sa tante, sœur de son père, « cartomancienne » un peu excentrique s’occupe de Mado qui habite un pavillon juste avant la cité.
Mado est handicapée et depuis son enfance, elle a les yeux rivés au sol et photographie le moindre caillou, la minuscule fente dans le macadam…. Et elle s’éloigne de plus en plus de la vraie vie. Il faut préciser que Mado est une vieille petite fille aux cheveux rougis par le henné posé par Albana.
Un jour, Albanala décide de retourner dans son pays de soleil et laisse le soin à Julide de s’occuper de Mado.
« Elle est comme un verre qui se vide, tu comprends ? Par une brèche minuscule, une toute petite fêlure et, si tu ne prends pas soin de la remplir elle disparaitra tout à fait. » Ainsi Julide entre un peu plus dans l’intimité de Mado.
Mais, Mado tombe sous le charme d’un homme qui adore travailler, courir sur les toits qui se fait appeler « l’Indien ». Entre eux, une sorte de jeu de cache-cache démarre et les 2 protagonistes sont sous le charme : lui d’une silhouette et de somptueux cheveux roux-orangé ; elle, éblouie, s’éveille à la sensualité. C’est une drôle d’attirance entre ceux deux là : lui, toujours en l’air, à regarder l’horizon et donc l’infini. Elle, toujours la tête en bas à regarder et scruter l’infiniment petit….
Julide, jalouse de ce bonheur le déconstruit et plonge Mado dans son présent : sa vieillesse, sa maladie.
Je suis un peu dubitative à propos de ce livre qui tarde à sortir de son ronron. La première partie est, longue, longue, longue. Tout s’anime lorsque l’amour entre en Mado. Est-ce un parti pris de Dominique Meinard pour nous faire entrer dans la vie morne des 2 femmes ?
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