"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’ai grandi avec les films et n’avais jamais franchi le pas de lire l’oeuvre original et bien quelle erreur aujourd’hui rectifiée. Quand j'ai découvert que Rambo était une référence à Rimbaud et que le livre à l'origine du film est bien plus nuancée et bien plus intelligent que le film, j’ai décidé de franchir le pas. Je confirme Rambo est bien plus littéraire, plus nuancé et intéressant que ce que l’on peut s’imaginer. Ici, Rambo revient de la guerre du Vietnam et est en plein stress post-traumatique (même si ce n’est pas encore appelé comme ça). Il est devenu complètement inadapté à la société et lutte contre son état avec les seuls moyens à sa disposition : passer son temps à se balader, s’isoler et dormir dehors. Il a au départ une volonté forte de ne faire de mal à personne. Hélas, un shérif le prend pour cible. Il ne voit en lui qu’un vagabond qui risque d'attirer des problèmes dans sa ville. Ce comportement disproportionné va avoir des conséquences tragiques, entrainer une chasse à l’homme et faire basculer Rambo. C’est une très mauvaise idée de raviver les traumatismes d’un soldat d’élite, ça ne pouvait que mal tourner. L’oeuvre est beaucoup plus littéraire que l’histoire ne le laisse envisager et surtout elle est très engagée et va même vers un engagement à l'opposé du message transmis par les films. Là où les films présentent Rambo comme un héros qui a tout compris et sert à d’ode à l'Armée, le livre donne le message inverse. Pas d’apologie de la guerre, rien sur l'importance d'être un bon soldat, le roman dénonce les conséquences de la guerre. Tout y est, l’impossibilité de réintégrer le monde « normal », les traumatismes, les pertes, l’incompréhension entre les personnes qui ont été traumatisées et le commun des mortels… Rambo est ici clairement une victime du système mais une victime particulièrement dangereuse. Le shérif, en excellent antagoniste, permet une critique des personnes bornées qui continuent coute que coute dans une direction même quand elles s’aperçoivent de leur erreur. Avec un tel duo, évidemment ça ne peut pas bien finir. Le roman est violent et avec beaucoup de morts. Dans celui-ci, il ne lui reste pas assez de conscience du réel pour éviter de tuer. Qui est chasseur et qui est chassé ? Qui est victime de qui ? C’est puissant, c'est bien écrit et bien traduit. Pendant des années, ça a été dans les livres au programme à l'école aux États-Unis. On ne va pas se mentir, son message finalement plus pacifique qu’il n’y parait n’est malheureusement plus d’actualité là-bas.
John Rambo. Un John Rambo perturbé. On comprend la détresse du personnage. On comprend aussi ses réactions. J'ai préféré le roman au film, évidemment.
Que dire d’un livre dont la plupart d’entre nous connaissent l’histoire sous la forme du film à succès planétaire sortie en 1982. Le livre quand à lui est sortie dès 1972 sous le titre de Premier sang. Tout simplement que le livre est au combien plus rude et ne nous épargne pas, une véritable tuerie nous attend. Cet ancien vétéran médaillé du Vietnam qui se fait refouler de toutes les petites bourgades du Kentucky qu’il traverse va finir par se révolter lorsqu’il subit une énième humiliation au poste de police dirigé par le Teasle un ancien de la guerre de Corée. Les deux hommes qu’une génération sépare ne vont cesser de s’opposer l’un à l’autre, le roman alterne les points de vue de Rambo et de Teasle et mon empathie a navigué de l’un à l’autre tout en sachant très bien qu’à la fin, personne ne gagne. On assiste impuissant à une escalade de la violence, une montée en puissance presque jouissive et je reste admirative des stratégies misent en place tant pour attraper Rambo que les siennes pour échapper à la Police. J’ai adoré lire le livre parce qu’il nous apporte les pensées intimes des personnages et donc une profondeur inattendue. Du coup le personnage du flic prend une tout autre dimension alors que dans le film où il semble juste bête et méchant. J’ai apprécié tous les passages où il y avait en scène des chiens de chasse c’était à la fois effrayant et jubilatoire de voir la réflexion de Rambo pour anticiper leur réaction et tenter de leur échapper. J’aurai certainement aimé que le côté du syndrome de stress post traumatique soit plus développer car il est à mon avis la clé de la personnalité de Rambo et je trouve qu’il y a trop peu de moment de retour dans son passé au Vietnam mais le peu qu’il nous donne est passionnant. David Morrel sait parfaitement nous garder prisonniers de ses lignes et son travail d’écriture nous apporte action, suspense et émotions que demander de plus son livre est incroyablement bon. Bonne lecture.
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