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Des vacances d'été en famille. Les parents, brillants universitaires s'apprêtent à partir à la retraite. Leurs fils trentenaires et leurs conjoints : Michael, vendeur chez Footlocker et Diane qui s'interrogent sur la possible naissance d'un enfant ; Thad poète sans emploi et Jake, peintre célèbre. le cadre est idyllique, au bord d'un lac, Caroline du Nord.
Mais voilà, le titre est empreint d'une certaine ironie car ce bel esprit de famille va voler en éclat. le roman s'ouvre sur une scène terrible, remarquablement décrite. L'étincelle. Un enfant se noie sous les yeux des Starling, Michael s'est jeté à l'eau pour le sauver mais en vain. le deuxième coup de butoir vient de l'annonce des parents : ils vont vendre la maison au bord du lac pour aller vivre en Floride. Tout va imploser, les non-dits, les secrets mal gardés ( infidélité, grossesse, deuil, addictions en tout genre ).
David-James Poissant maitrise l'élégance du point de vue tournant. Six personnages principaux, six perceptions du passé / présent / avenir, autant de paysages intérieurs, de psychologies et de trajectoires personnelles. Et on les entend chacun très distinctement au fil des chapitres, formant une sorte de mosaïque pour aller au coeur de la vérité de chacun. Chaque personnage est détenteur d'au moins un secret, ce qui crée immédiatement un certain suspense pour savoir quand le secret sortira et quelles en seront les conséquences.
L'auteur déploie une grande capacité d'empathie pour ses personnages, même ceux qui sont assez peu sympathiques au départ comme Michael dont la complexité psychologique, peu saisissable au départ, se développe et finit par rendre le rendre touchant. D'autant que David-James Poissant n'écrit pas en surplomb, sa belle écriture ample et fluide a la férocité feutrée et l'ironie douce, intelligemment menée notamment des dialogues très vivants qui sonnent terriblement justes.
Dans cette confrontation douloureuse des liens familiaux dont on suit le déroulement des dysfonctionnements plus que leurs origines, il n'y a rien de spectaculaire ni de fondamentalement original. Mais toutes les observations sur la famille et le sens de la vie sont denses et profondes, sur la politique, l'art, la religion, le bonheur, sur l'Amérique aussi ( la famille apparait presque comme un microcosme sociétal ).
Un premier roman très réussi, porté par une finesse psychologique convaincante.
Je l'attendais, le voilà ! LE recueil qui m'a enfin convaincu, LE recueil qui m'a enfin fait comprendre toute la complexité, l'ingéniosité, la qualité d'une nouvelle. Le Paradis des animaux est sans conteste le meilleur recueil que j'ai eu l'occasion de lire, c'est celui qui a réussi à me faire aimer ce genre littéraire !
Avec 12 nouvelles d'une puissance narrative incroyable, David James Poissant vient de me mettre une droite (et une gauche), un coup de poing littéraire : j'aime les nouvelles ! Merci David ! Passons ce moment de grâce où l'on voit qu'il suffit de trouver chaussure à son pied pour passer le cap je n'ai qu'une envie : trouver d'autres recueils de ce genre (premièrement) et vous donner une envie irrésistible de lire Le Paradis des animaux (deuxièmement).
11 nouvelles sur 12 ont réussi à me convaincre, "Ce que veut le loup" quant à elle m'a laissée sceptique mais puisqu'elle ne faisait que six pages, je passe dessus et je vous parle des quelques 330 autres pages ! "L'Homme-lézard" ainsi que "Le Paradis des animaux" encadrent les autres récits et sont en lien direct : c'est l'histoire de l'amour de son prochain, de la quête de rédemption. La fin a été un terrible moment pour moi : c'est un road trip pour un dernier moment entre un père et son fils, un instant qui aura lieu ou pas...
Pour les autres nouvelles ? J'ai aimé "Amputée" du fait de cette incertitude inhérente à la fin, j'ai aimé "100% coton" pour sa justesse, "La Fin d'Aaron" pour cette jeune femme prête à tout par amour, "Remboursement" pour ce père de famille incroyablement émouvant, "Les derniers des grands mammifères terrestres" pour les regrets si bien décrits, "La Géométrie du désespoir" pour cette perte qui a bouleversé des vies, "James Dean et moi" pour cette petite touche d'humour, "Les Nudistes" pour cette force de la réconciliation. Ainsi vous l'aurez compris chaque nouvelle apporte son lot d'émotions. L'auteur décrit ainsi des moments de vie, des instants d'existence : il rentre parfaitement dans la peau de ces protagonistes mais il décrit aussi et par la même son propre pays.
En définitive, merci Monsieur Poissant, merci à la collection "Terres d'Amérique", merci au traducteur de ce recueil vous avez relevé mon défi : vive le genre des nouvelles !
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