"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Hollywood et ses stars, du glamour à revendre mais aussi des envers moins reluisants quand les anciennes vedettes du cinéma muet sombrent dans la dépression et l'alcool, quand les vieux cowboys sont encore plus solitaires...
Au milieu de ce "paradis" qui fout le camp, un gamin, Darcy, fait son apprentissage de la vie et de l'amour, porte un regard toujours un peu ironique sur le monde qui l'entoure.
Darcy dont les parents (acteurs) divorcés ne comprennent pas qu'une page se tourne et qui continuent à rêver au retour de leur gloire perdue.
Le personnage de la mère est haut en couleurs : de ses cheveux roux flamboyants à la mise en scène de ses amours, elle est fantasque et excessive, se prenant de passion pour un sculpteur russe, Anatol dont les œuvres mêlent antiquité à lubricité (l'incroyable statue de la nymphe Syrinx faisant une fellation au Dieu Pan !!..), puis menant la grande vie à Rome...avant de mourir ivre au milieu des épluchures de crevettes en Espagne !
Quant au père, il se réfugie dans la religion et se perd dans ses souvenirs de héros des Marine, oublie de se laver, planque des trucs dans son garage...
Ce roman est partiellement autobiographique (sa mère meurt en réalité quinze ans après son père ; il n'évoque ni son frère ni sa sœur, contrebassiste célèbre), mais il est surtout un savoureux mélange de tendresse et de presque cruauté qui se lit d'une traite !
Il offre un regard d'enfant sur l'Amérique des années 1950, évoque avec nostalgie tout ce qui a construit l'auteur, ce qui l'a mené à la littérature dans cette vie qui ressemble à un roman.
Découvert grâce à l'adorable Valentine des éditions 10/18, ce livre lu sur deux trajets en train est une très, très belle surprise.
L'auteur maîtrise l'ironie à la perfection, en l'enrobant d'une fausse naïveté soulevée par Frédéric Beigbeder lui-même. Même si les scènes s'enchaînent très vite, fidèles à l'univers hollywoodien de l'entourage du narrateur, on ne perd pas le fil si facilement que ça : serait-ce justement parce que volontaire, Darcy O'Brien n'en a pas créé, et s'amuse à promener lecteurs et protagonistes au travers des chapitres ?
Chacun renvoie à un lieu différent, et ainsi à une nouvelle étape dans la vie du héros, qui semble souvent davantage observateur qu'acteur : témoin de la déchéance de sa mère qui passe d'alcoolique à femme volage d'une page à l'autre, fuyard de sa grand-mère acariâtre qui révèle cependant un coeur en diamant, support d'un père qui n'accepte pas la fin de sa carrière ou amoureux transi de la plus capricieuse des princesses, on se plaît à changer d'habit avec le héros, de faire ensemble l'inventaire de ce qui se trame autour de lui, sans jamais laisser échapper le moindre jugement ou la critique ouverte.
Un récit court mais que l'on se plaît à prendre le temps de lire et qui, comme un bon thé, doit révéler à la deuxième infusion encore de belles surprises entre ses lignes.
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