Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Le troisième roman lu des Editions Métailié est mexicain, Daniel Saldaña París en est l’auteur : c’est une première fois pour moi, c’est une troisième publication chez les Éditions Métailié. Et c’est l’occasion de lire de la littérature dudit pays, ce qui m’arrive assez rarement. D’en apprendre un peu plus à travers Cuernavaca, qui porte le doux nom de ville de l’éternel printemps. Elle est la ville où se déroule la chorégraphie narrative de l’auteur, capitale de l’état de Morales, implantée à quelque quatre-vingts kilomètres de la capitale du pays, Mexico. Dotée d’une végétation luxuriante, cette ville est renommée pour son jardin botanique, le jardin de Borda, qui tient un rôle particulier dans le récit de l’auteur.
Le récit est scindé en trois parties, chacune est respectivement dévolue à l’un des personnages qui constituent notre trio d’amis d’enfance, qui en parlent comme leur journal de bord respectif : Natalia, ancienne danseuse est devenue professeure de danse, Erre a vaguement tenté de percer dans le cinéma et Lapin, sans emploi fixe. Natalia est en couple avec un peintre estimé, qui compte quelques années de plus qu’elle, qui lui fait profiter de son au réseau de relations, pour lui proposer d’organiser une chorégraphie au jardin Borda. L’atmosphère est un peu particulière dans la ville, cernée par des incendies, où les rumeurs d’intoxication non de cesse de se propager laissant place à une atmosphère de malaise et de suspicion à peinte contenue. En pleine préparation de sa chorégraphie, Natalia croise ses deux amis, qui les uns comme les autres, sont ankylosés à un âge indéterminé dans une vie dont ils n’attendent plus grand-chose, se remémorant leur passé et leur relation fluctuant continuellement du trio au duo.
Ce roman-ci présente une atmosphère de fin du monde assez prégnante, la multiplication de feu de foyers ne cesse de rôder autour de la ville, tandis que Natalia d’abord, Erre ensuite, puis Lapin ne s’interrogent sur l’inanité de leur existence. Natalia est peut-être la plus vive des trois, tandis qu’Erre se contente de survivre laborieusement chez ses parents à coup de drogue et le Lapin qui coexiste avec un père fletrissant. Natalia nous expose sa passion des bromelias sur des pages, une espèce de plantes tropicales du sous-continent américain et des Antilles, qui a la particularité de ne fleurir qu’une fois, mais dont la floraison dure quelques semaines selon la variété de bromelia. C’est un roman sous le signe du signe du souvenir, le doux, l’acide, célébrant ces moments précieux de vie et de bonheur succinct qui nous a laissé ensuite nos trois personnages, fatigués, las, vidés, chacune à sa manière, leur temps de floraison étant passé, a laissé derrière lui un feuillage dénué de fleur et de toute capacité à refleurir à l’avenir.
La chorémanie qui inspire Natalia, cette manie de danser sans jamais pouvoir s’arrêter, apparaît comme ce mouvement de vie dont elle et ses deux amis sont épris, danser sans comprendre pourquoi, vivre sans réellement saisir la raison qui les pousse à se lever chaque matin. En d’autres termes, voilà des personnes sans objectif, sans relation véritablement enrichissante, enfermées dans un cadre matérialiste limité, ce foyer plus ou moins chaleureux, qui les soutient encore. On y relève une certaine forme de nostalgie du passé, ce piège dans lequel ils se sont laissés enfermés, dont d’ailleurs Natalia fait l’aveu de son mépris, affirmant que cette nostalgie empêche de profiter du présent, ce qui résume parfaitement leur situation à tous les trois. Encore faudrait-il que le présent leur offre des espoirs auxquels s’accrocher, dans cette chorémanie du trio qui n’a de cesse de s’attirer et de se repousser.
La danse donne le rythme à ce roman grâce à ce trio qui se décompose en duo tantôt mixte tantôt, hommes dans une sorte d’amitié amoureuse, inconstante. Car tous trois se ressemblent, dans ce sentiment d’échec qui les accompagne chacun à mi-temps de leur vie, entourés par une ville qui part elle-même en fumée, un monde incandescent qui s’effondre doucement sur lui-même. Comment ne pas ressentir ce sentiment de détresse que transmet Daniel Saldaña París par le biais de ses trois personnages, et cette épiphanie finale.
Première découverte des sorties 2025, avec #NetGalleyFrance, pour ce roman #LaDanseetlIncendie .
J’avoue d’emblée que je ressors mitigée de sa lecture, que je pourrai qualifier de montagnes russes même si l’histoire se déroule au Mexique.
Après avoir eu un peu de mal à entrer dedans, j’ai commencé à m’attacher à Natalia et son projet de danse, à ses rencontres avec ses deux amis, à ses explications sur les différentes « danses folles» du Moyen-Age, sous fond d’incendie qui menace.
En seconde partie, l’histoire se recentre sur l’un des amis, puis sur l’autre, où je me suis un peu ennuyée.
J’ai fini par me réveiller lorsque la danse devient présente avec ce feu si ravageur.
C’est dommage, car cet ouvrage avait tout pour me plaire ; d’autant plus que les éditions #Métailié m’emportent souvent très loin et que j’étais franchement heureuse de pouvoir lire l’un de leurs nouveaux romans.
En plus, je suis la première à donner un avis sur ce livre, et je trouve difficile d'en donner un si partagé ...
Depuis le fond de son lit au fond de son appartement à Mexico, un homme léthargique de 32 ans se remémore le passé. En particulier l'épisode-choc de son enfance lorsque, un beau jour de l'été 1994, sa mère quitte subitement la maison, sans explication, alors qu'il n'a que 10 ans, une soeur adolescente et un père décoratif. La rumeur dit qu'elle est partie au Chiapas, où le soulèvement zapatiste vient de se déclencher. Pratiquement livré à lui-même, le jeune garçon cherche à appréhender la situation avec son imagination débordante et ses livres de la série "Choisis ta propre aventure", se réfugie jusqu'à l'obsession dans la confection – toujours vouée à l'échec – d'origamis, le pliage de feuilles d'arbres selon leur nervure principale ("El nervio principal" étant le titre original), toujours voué à l'échec également, faute de symétrie parfaite, et dans le placard de sa chambre où il s'enferme dans l'espoir d'effacer le passé – tentative, faut-il le dire, elle aussi vouée à l'échec. Jusqu'au jour où il décide de prendre le bus et de partir à la recherche de sa mère.
Vingt ans plus tard, il interroge sa mémoire, ses plis et ses replis, ses tours et ses détours, confrontant ses souvenirs à la réalité, essayant de faire correspondre son histoire aux plis du passé, de la même façon que, enfant, il s'obstinait à replier les draps, les feuilles d'arbres, les origamis, selon les plis déjà marqués.
Mais la mémoire est traîtresse, et comment peut-on être sûr qu'on se souvient de la réalité plutôt que du souvenir qu'on en a ou de l'histoire qu'on s'est racontée ? Questions vertigineuses, auxquelles s'ajoutent les interrogations du narrateur sur son identité, lui qui voudrait être comme sa mère adorée et se désole de ressembler de plus en plus à son père, et qui comprendra finalement qu'il doit devenir la personne qu'il aurait dû être.
Jouant sur l'opposition miroir/héritage vs reflet déformé/asymétrie, "Plier bagage" est un roman mélancolique, qui provoque beaucoup d'empathie pour ce petit garçon aux prises avec un événement trop grand pour lui. On a mal au coeur de le voir s'égarer sur ses fausses pistes, de le voir exclu et isolé, sans personne pour le guider ni même l'aimer.
L'histoire est triste mais laisse planer l'espoir, l'écriture (en partie à hauteur d'enfant) est belle et fluide et me réconcilie avec l'auteur, dont je n'avais pas aimé le premier roman "Parmi d'étranges victimes".
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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