Retrouvez l’interview de Daniel Grenier, "L'année la plus longue" (Flammarion)
Retrouvez l’interview de Daniel Grenier, "L'année la plus longue" (Flammarion)
L'un est Pour, l'autre est Contre, découvrez les critiques de Marie-Julie Péters et Jean-François Simmarano sur "L’année la plus longue" de Daniel Grenier (Flammarion)
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Ce récit est du papier de soie. Délicate, raffinée, la lecture est une nage dans un lac de haute montagne. Régénérant, il faut se laisser emporter dans le profond du texte et attendre l’inaugurale offrande d’un incipit qui ouvre la voie d’une lecture aérienne. « Quand Françoise était petite, son frère s’est fait mordre par un renard enragé. » Françoise va s’échapper de ce drame qui lui colle à la peau. En agissant à contre-courant en cherchant l’issue de secours. Inconsciemment, elle va faire un pas de côté. Salvateur, ce dernier se murmure en fuite du conventionnel. Françoise va grimper sur les toits métaphoriques. « La première chose que Françoise a volée, c’est le peigne de sa grand-mère. Personne ne s’en est jamais rendu compte, alors elle a recommencé et elle a volé autre chose. » Françoise n’est pas délinquante. L’histoire n’est absolument pas dans cette contrée. Plutôt dans le versant de la lumière. Ses parents semblent le matin clair, cette montée en puissance d’une tolérance pour cette jeune fille qui se cherche. Elle lit un reportage qui va être le détonateur. Le fil rouge des jours qui vont tourner à vive allure à l’instar des pages de « Françoise en dernier » Elle va partir. Non pas fuguer. La porte est entrouverte. Ses parents savent le roc sur lequel leur fille est assise. La détermination d’un départ fusionnant avec un but à atteindre pour le meilleur ou pour le pire. Et là, le beau est une révérence. Françoise s’éloigne et les images d’Helen Klaben et Ralph Flores vont hanter ses jours. Suite à un accident d’avion, ces derniers sont restés 49 jours, seuls, dans la forêt du Yukon. Tels des Robinsons, blessés, ils ont survécu à la folie du désespoir et de faim et soif. « Elle est partie à la rencontre d’Helen dans les jours qui ont suivi. Sans écrire de mot, sans laisser de message. Elle se faisait pleinement confiance, elle pensait que rien n’était à son épreuve et elle avait le sentiment que ses parents le pensaient aussi. » Françoise veut comprendre. Cet évènement la hante, la heurte. Il devient magnétique, nécessaire pour elle. A l’instar d’un appel d’air, d’une raison existentialiste. Une initiation vitale pour enfin trouver sa voie. Les épreuves sont mentales. Certaines sont éprouvantes. L’écriture de Daniel Grenier est le signal au bout de la nuit. Attachante, douée, elle ne cède rien et relève en délicatesse vêtue le front de Françoise. Ici, nous sommes conviés au regard des rencontres riches, formidables, fraternelles. Parfois, pas. L’alliage est subtil, calme. Ce récit est un labyrinthe du cœur. Le renard est une parabole. Piégeant, mais qui pousse Françoise dans le dos. « Ici, chaque jour elle le constatait, tout était à inventer et à réinventer. Ici, on pouvait se rêver soi-même, on savait que ce qui existait à l’intérieur de nous pouvait un jour sortir et nous illuminer, jusqu’à ce que les autres soient quasiment aveuglés de beauté. » Ce qui est tremblant et bouleversant dans ce grand livre est cette quête. Cette certitude d’atteindre sa propre réalité. Tout se passe dans cet espace-temps. Entre Françoise qui se métamorphose tel « Le Phénix » qui renaît de ses cendres, et l’affrontement entre les turbulences d’un accident d’avion, cruelles sensations de mise en abîme. Laisser ce fluide atteindre la rive subrepticement. Le regain est là. Publié par les majeures Editions « Le Quartanier » A noter une magnifique photo (Pink Tree) en première de couverture de Justine Kurland.
Thomas Langlois est né un 29 février. Pour Albert Langlois son père, ce hasard recoupe la recherche de toute sa vie sur les traces de son grand père biologique né Aimé Bolduc lui aussi né ce jour là et qui traverse les siècles sans vieilir. A travers plus de trois siècles et en croisant le destin d'immortalité d'Aimé Bolduc et de Thomas Langlois Daniel Grenier retrace les guerres de session et les destins individuels à travers l'histoire. de l'Amérique du Nord, des indiens canadiens aux rives du Tennessee.
L'écriture est dense, le récit riche et la trame du récit se perd dans des longueurs. C'est un roman à décourvir pour la poésie et la réflexion sur le temps même si certains passages nous perdent dans le temps et l'espace.
Commençons par l’aspect positif de cette lecture : j’ai appris plein de choses sur l’Histoire des Etats-Unis et du Québec, par le petit bout de la lorgnette.
Mais que le style m’a déplu : c’est alambiqué, les phrases tournent autour du pot, partent en digressions.
Qui plus est, le récit est construit comme un puzzle, me perdant dans les couloirs du temps.
Je ne me suis donc attachée ni aux personnages ni à l’histoire.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’anniversaire de Thomas que son père ne lui fêtait que tous les 4 ans.
http://alexmotamots.fr/?p=2147
Chronique « de la page 100 »
L’ANNEE LA PLUS LONGUE
Daniel Grenier
« L'Année la plus longue » s’ouvre sur une scène sombre d’un convoi qui se déplace dans le vent glacé et la pluie. Nous sommes en 1838 entre le Tennesse et l’Illinois, des indiens de tribus différentes sont « déplacés » vers le nord, image Fordienne décrite avec brio par Daniel Grenier qui installe dès ce préambule le mystère autour d’un personnage sans ombre et sans âge, qui emmène le convoi vers sa destination finale.
Sans nous en donner plus que ça, il ouvre une première partie du roman toujours dans le Tennesse mais cette fois en 1997. Le mode de vie et les personnages nous sont de fait plus familiers, mais plus nous avançons avec eux, plus le mystère s’épaissit et nous fait penser à juste titre que nous allons faire des allers-retours dans le temps et l’histoire pour peut-être l’élucider.
En attendant, le héros de cette période qui nous est contemporaine, jeune garçon né un 29 février est très attachant, tout comme ses parents et grands-parents pour des raisons complètement diverses. Certains quittent la scène, d’autres vont monter en puissance.
La première partie se termine. Abrupte. Loin de l’affect avec un sens du récit quelque peu chirurgical.
Tout porte à croire que nous allons lire un roman sur l’Amérique, le continent, avec ses grandes contradictions. Ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Page 97 Fin de la Première Partie
Chronique
L’ANNEE LA PLUS LONGUE
Daniel Grenier
« L’année la plus longue » s’ouvre sur une scène sombre d’un convoi qui se déplace dans le vent glacé et la pluie. Nous sommes en 1838 entre le Tennesse et l’Illinois, des indiens de tribus différentes sont « déplacés » vers le nord, image Fordienne décrite avec brio par Daniel Grenier qui installe dès ce préambule le mystère autour d’un personnage sans ombre et sans âge, qui emmène le convoi vers sa destination finale. Fil rouge du roman, le personnage reviendra et commence alors une série d’allers-retours dans le temps et l’histoire au travers le destin de Twentyners, ces personnes nées un 29 février. Elles semblent ici victimes des années bissextiles et frappées d’un sort (ou d’un charme) ne les faisant vieillir qu’une année sur quatre. Nous sommes dans le romanesque fantastique sous l’influence d’Edgar Poe dès qu’il s’agit de retrouver l’ancêtre(Aimé) traversant les siècles du dix huitième jusqu’à nos jours et au-delà. Personnage clef, mais pas seul en scène puisque un de ses descendant (Albert) va passer sa vie à le traquer laissant à son fils (Thomas) le soin de conclure la fable.
Mais «L’Année la plus longue » est un roman ambitieux. Très ambitieux. Et c’est peut-être là son principal défaut. L’histoire embrasse une grande partie de l’histoire des Etats Unis depuis sa création et se termine au Canada. Daniel Grenier aborde un certain nombre de situations phare, les effleure souvent, les compile et demeure sans doute trop en surface sans traiter véritablement de grands thèmes qui lui tiennent à cœur (Droits civiques, 11 septembre, paternité…) Sans doute aussi parce qu’il a beaucoup de mal à choisir son cheval de tête entre les trois personnages qu’il nous fait suivre mais dont aucun n’aura l’épaisseur d’un grand personnage de roman américain (On pense à ce que Richard Ford, Philip Roth ou Paul Auster auraient fait de certaines situations…)
Aussi, l’espoir que faisait naître le début du roman d’en apprendre encore un peu sur l’Amérique n’est pas assouvi. Finalement, le choix du registre Fantastique éloigne l’auteur de sa lecture de l’Histoire et ne nous dit pas grand-chose de l’Amérique sinon ce que l’on savait déjà (Les Indiens ont été traités comme des animaux, L’Amérique est raciste avec les noirs, Y être père est la responsabilité suprême) et sans aucun doute mieux écrit par ses contemporains.
Lorgnant parfois lourdement du côté de Francis Scott Fitzgerald et son Benjamin Button, ou encore de Mircea Eliade et son Homme sans âge, Grenier se contente souvent de faire promener son Forrest Gump au travers des siècles, nous gratifiant de certaines fulgurances très adroites comme une scène de transformation à la Bram Stoker ou encore et surtout cette rencontre improbable mais très belle avec Buster Keaton. Sans oublier ce qui est la partie la plus belle du roman, la rencontre des parents de Thomas dans une petite ville des Etats unis dans les années 7O , où l’on aurait aimé rester beaucoup plus longtemps.
« L’année la plus longue » est l’exemple même d’un bon livre qui aurait pu être un grand livre si l’auteur ne s’était pas dispersé et avait mieux ciblé ses choix. A trop vouloir en dire…
L’an dernier « Confiteor » et « Le Fils » marquaient au fer rouge la littérature comme deux des plus belles fresques de ces vingt dernières années. Ce ne sera pas le cas pour ce roman. Et c’est bien dommage.
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