"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai reçu ce roman dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, merci à Babelio et aux éditions Albin Michel. J'avais en effet déjà lu Little Heaven du même auteur sous le pseudonyme de Nick Cutter. J'avais bien aimé l'atmosphère de ce dernier roman et comme j'apprécie les romans noirs, j'ai accepté la proposition.
La noirceur de ce roman, on la ressent dès les premières pages et on sent déjà que cette histoire ne peut que mal finir. Il s'agit d'un roman choral dans lequel chaque personnage a ses blessures propres, son destin particulier et son caractère bien affirmé. Leur point commun ? Une trajectoire qui mène inévitablement vers une destruction prévisible et inexorable. Si, au début, chacun vit sa vie, ils vont finir par se télescoper dans la deuxième partie du roman jusqu'à un point de non-retour. Aucune rédemption ne semble possible à Sarah Court, un ensemble résidentiel sans aucune âme où cohabitent des âmes en peine. Tous les travers de la société nord-américaine d'aujourd'hui sont ainsi exacerbés dans ce récit et l'auteur ne pardonne rien à ses personnages.
Pour moi, cette atmosphère pesante est le point fort de ce livre. En revanche, je n'ai pas du tout accroché ni aux personnages singuliers ni à la construction décousue. À chaque chapitre, je me sentais perdue par un nouveau personnage ou par des liens entre eux qui m'avaient échappé. J'avais ainsi l'impression en permanence de devoir raccrocher les wagons. Je ne sais pas si c'est à cause de l'état d'esprit dans lequel j'étais lors de la lecture mais je ne suis jamais arrivée à accrocher à ce roman qui avait pourtant tout pour me plaire… La construction très fragmentée n'a pas dû vraiment aider non plus à ma compréhension même si cela ne me gêne pas d'habitude. En vérité, j'ai refermé ce roman en étant assez ennuyée par cette désillusion. J'ai juste eu l'impression d'être passée complètement à côté, à me perdre dans les méandres des relations entre les personnages. C'est vraiment dommage car l'auteur arrive à créer des personnages forts, bien que parfois assez invraisemblables et les scrute à la loupe pour faire ressortir leur côté le plus sombre. Je n'ai pourtant pas réussi à m'attacher à l'un deux et l'écriture ne m'a pas non plus retournée.
Bref, ce fut une lecture assez laborieuse pour ma part mais j'avais aimé ma précédente rencontre avec cet auteur et je pense que je retenterai l'expérience avec un autre des ses romans moins décousus et à l'intrigue plus présente. Ce n'est que mon humble avis, n'hésitez pas à vous faire le vôtre !
Clairement, ce roman ne plaira pas à tout le monde, trop sombre, terriblement sombre, d'une noirceur terrifiante qui ferait passer un roman noir classique pour un feel good !
Ce lotissement de Sarah Court, Ontario, à quelques encablures des Niagara falls, a l'air banal de l'extérieur, des pavillons, des écureuils, mais derrière la façade, il n'est peuplé que d'êtres brisés, de familles dysfonctionnelles, des pères ( surtout ), des mères, des fils, des filles qui interagissent dans la souffrance et la violence : un batelier chargé de repêcher les noyés au pied des fameuses chutes et son fils cascadeur dont chaque acte de bravade ressemble à un suicide ; un neurochirurgien alcoolique et son fils boxeur raté, lui-même père d'un enfant obèse victime de harcèlement et qui se rêve vampire ou momie ; un mec qui est passé à côté de sa vie et transforme sa fille en petit boeuf haltérophile jusqu'à ...
C'est très impressionnant comment l'auteur cogne sur le société nord-américaine, comment il gratte jusqu'au sang le vernis des apparences. le thème n'est pas neuf, il a été moultes fois abordés l'horreur domestiques a rarement été aussi glaçante sous les mots d'un auteur.
La construction est implacable : 5 chapitres comme des nouvelles connectées, les deux premières assez courtes et presque banales, puis une montée en puissante qui tient en haleine le lecteur. Chaque mot compte pour une écriture qui tient presque plus de la mise en scène que de la narration, saccadée, visuelle, qui dit tout très vite pour donner une vision d'ensemble large spectre.
« C'est douloureux de priver ma fille de sa rage. Ça me fait mal qu'elle ne puisse pas me la crier au visage, diriger le canon froid et acéré de sa haine contre moi. Et faire fondre la chair sur mes os. C'est là la source de ma plus profonde frustration. Parce que n'importe qui peut devenir père, pas vrai ? La moitié de l'espèce humaine. Il suffit de trouver une femme et de lui dire que vous l'aimez. La paternité suivra. Et pourtant rien n'est si simple. IL est vrai que j'aime ma fille, mais ceci est tout aussi vrai : l'amour est une maladie. Une sorte d'agent pathogène qui existe en dehors de toute logique.
Une obscurité bizarre traverse la fenêtre – un trou sinistre s'ouvre au centre du soleil – alors que des gouttelettes, telles des billes d'argent, frappent ma peau. Aucun bruit. L'eau. le battement de mon coeur. Et ce sinistre trou qui s'élargie au milieu du soleil. »
L'humour ( très noir forcément, loin du consensuel ) permet de reprendre son souffle, d'autant qu'il provient directement des personnages qui tournent en dérision les situations terribles qu'ils subissent. Ce tragique mêlé à du grotesque est très réussi. Et c'est là que l'auteur brouille encore les pistes en y ajoutant une pincée de surnaturel voire de bizarre avec un « démon » dans une boîte de magicien qui se balade dans tout le roman et semble être le narrateur du prologue et de l'épilogue. Je n'ai pas tout saisi, mais cela ravive le trouble du lecteur face à cette furia qui explore les âmes jusqu'à l'os.
Au final, il ne m'a manqué que de ressentir un peu d'émotion, seule peut-être la jeune Abigail a fait vibrer en moi quelque chose de sensible, surtout avec le splendide épilogue qui clôt ce roman impressionnant et très dérangeant.
un roman fait de scénettes, assez inégales. Un ton décalé, dur, beaucoup de violence, de non-dit. Sa lecture m'a dérangé, j'ai l'impression d'être passée à côté de quelque chose, de ne pas avoir compris où l'auteur nous entraînait. Peut être aurais je plus d'explication avec la version cinématographie.
Niagara Falls, surnommée Cataract City, ville frontière entre les États-Unis et le Canada. Ville bipolaire partagée entre ses habitants majoritairement ouvriers enracinés dans leur ville et dans leurs habitudes sans horizon apparent et un flux de touristes passagers qui indiquent une autre misère du monde. La ville est comme un étau, une prison à ciel ouvert, une immense mâchoire à broyer les âmes humaines. On peut tenter d'en fuir. On y revient toujours et les rancoeurs sont tenaces. Duncan et Owen, amis d'enfance et natifs de la bourgade le savent. Leur profonde amitié, parfois distendue, va devoir résister à bien des épreuves, à bien des obstacles.
Ce roman impressionne par son rythme. D'une chute à l'autre, le lecteur tombe puis se relève indéfiniment et suit la progression de la rouille envahissante, que l'on ne peut déjouer répandant sa fadeur toxique. Les destins sont comme scellés, englués. La déchéance est-elle inéluctable ?
Ce roman est aussi palpitant que déroutant, à l'image des chemins de la vie que frôle en permanence la mort.
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