Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
La France à l'aube de la la Guerre d'Algérie, le boom de l'industrie automobile où se mêlent les métropolitains et tous les ressortissants d'origine magrébine, algérienne mais aussi les yougoslaves, les hongrous , les combats du Parti Communiste, le FLN, l'OAS..... c'est sur ce fond historique que va se nouer à contre - courant la relation amoureuse etre Elise, la narratrice et le jeune algérien Arezki. Les tensions montent entre l'idéaliste Henri, Lucien, le frère d'Elise et ses compagnes et surtout en France avec les rafles, les conflits des syndicats, la prédominance de la CGT, la répression des mouvements natonalistes algériens et la montée du racisme.
Ayant suivi son frère à Paris, issue d'une famille modeste dont il ne reste que la grand - mère, Elise découvre le travail à la chaîne et vient superviser les chaînes de production en usines automobiles, un monde d'hommes à la base avec ses règles, ses violences et les conflits entre toutes les nationalités présentes. Lucien, son frère désargenté, bigame, idéaliste, séduit par ces mouvement indépendantistes qui montent en puissance.... tente de l'initier à ses combats et à gérer aussi ses relations avec ses amours féminines..... Elle subit l'ensemble plus qu'elle ne s'impose et c'est ainsi que ses sentiments amoureux et partagés par Arezki, ouvrier algérien à la chaîne dans la même usine. Les tensions à l'usine, la fièvre de l'indépendance de l'Algérie qui gagne Arezki, les petits ches autoritaires, la répression contre les algériens par la police s'amplifie, haineuse.... autant dire que cette histoire d'amour entre ces deux personnes passe mal et que cela ne peut se concrétiser partiellement qu'en parfaite clandestinité.
Fresque sociale, radio de la France à l'époque de ces ruptures, histoire d'amour et destins tragiques .... tout cela se lie, se noue et se dénoue.... Même si ce récit date un peu dans sa forme comme sur le fond, on s'y attache pour découvrir les destins pafois tragiques de ces êtres déchirés.
Dans les années 1954, à Bordeaux, Elise vit avec sa grand-mère et Lucien son frère cadet dans un modeste appartement. A l’image de celui-ci et de la famille, leur vie est bien étroite, surtout quand Lucien se marie et que l’enfant paraît… sans joie. Influencé par Henri, un ami militant communiste, Lucien plaque femme et enfant et part vivre à Paris où Elise le rejoint peu après, avec espoir de s’insérer dans « la vraie vie ».
Embauchée à l’usine, elle découvre la place des femmes dans un milieu majoritairement masculin composé notamment de nombreux Français d’Algérie, le rythme infernal du travail à la chaîne, les relations sociales tendues… Cependant, des liens discrets se tissent entre Elise et Arezki, puis les sentiments tenteront d’exister en usant de subterfuges pour déjouer les risques liés au « conflit » colonial: insécurité, racisme, rafles, dénonciations.
Dans une narration fluide et sans fioriture, Claire Etcherelli présente le quotidien des femmes et des hommes pendant les années « des événements d’Algérie », selon l’expression qui a servi longtemps à dissimuler les vérités de la vraie guerre. Le romanesque se confronte à l’approche factuelle de l’Histoire pour cette tragédie d’une époque certes, mais qui, par certains sujets est toujours très actuelle.
Quant à « la vraie vie », on espère pour cette jeune fille attachante.
Comme ses héros, c’est un roman touchant et émouvant.
Prix Femina 1967, «Élise ou la vraie vie» n’a pas pris une ride. Ce beau et fort roman de Claire Etcherelli est certes ancré dans le conflit algérien, mais cette histoire d’amour contrarié est aussi universelle que celle de Roméo et Juliette.
Comme c’est le cas de nombreux grands livres, Élise ou la vraie vie peut se lire à différents niveaux qui viennent se compléter et donner à l’œuvre sa force et sa densité. Commençons par l’arrière-fond historique. Nous sommes au moment de la Guerre d’Algérie qui, entre 1954 et 1962, a embrasé les deux côtés de la Méditerranée. Car si les autorités françaises de l’époque ont longtemps ne pas voulu parler de Guerre, les tensions croissantes et surtout l’exportation du conflit dans la métropole ont installé un climat de peur et poussé à des exactions et à des rafles dans les milieux nationalistes algériens. Entre le Front de libération nationale (FLN) et l’Organisation armée secrète (OAS), il n’y aura très vite aucune possibilité de dialogue, mais une liste de morts que ne va cesser de s’allonger et laisser, comme avec les cadavres retirés du Métro Charonne, une trainée sanglante et peu glorieuse.
C’est donc dans ce contexte qu’Élise Letellier décide de quitter Bordeaux pour «monter à Paris». Dans la capitale, elle rejoint son frère Lucien et accepte de travailler chez Citroën avec lui. Ici foin de misérabilisme, la dure condition du travail à la chaîne est décrite simplement, sans faire dans l’emphase, mais en soulignant aussi les difficultés de la cohabitation avec les immigrés appelés en renfort pour compléter une main d’œuvre alors difficile à trouver. Parmi ces derniers Élise croise le regard d’Arezki l’Algérien. Leur histoire d’amour aura ce côté tragique et universel des grandes passions contrariées et, pour ceux qui comme moi ont vu l’adaptation au cinéma de Michel Drach avant de lire le livre, les yeux de Marie-Josée Nat. Si le contexte les pousse à garder leur liaison secrète, ils ne peuvent fermer les yeux devant le racisme qui gangrène la France d’alors. Et la xénophobie qui continue à faire des ravages de nos jours, y compris dans les rangs de la police qui fait alors la chasse aux «Nordaf» sans discernement, persuadés que leur couleur de peau est déjà la preuve de leur crime.
Comme le souligne la romancière Anaïs Llobet, qui garde ce roman comme un talisman, c’est «avec une écriture toute dans la retenue, une économie des mots» que Claire Etcherelli parvient à donner une puissance inégalée à son roman. Sur les pas d’Élise et d’Arezki, on ne peut qu’être saisi par l’émotion et partagé ces sentiments d’injustice, d’impuissance et de révolte qu’ils vivent alors dans leur chair. Jusqu’à cet épilogue qui ne peut qu’être tragique.
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1958. A Bordeaux, Elise mène une vie morne auprès de sa mère, en tentant de compenser les frasques de son frère, Lucien, jeune écervelé rêvant d’un autrement et ailleurs qui tomberait du ciel. La donne change lorsque sa petite amie du moment se retrouve enceinte de ses œuvres. Le couple s’installe dans la maison familiale, subsistant sur les maigres revenus d’Elise. La vraie vie est un rêve fumeux et intangible.
Mais quand Lucien abandonne femme et enfant pour partir à Paris avec sa maitresse, il réussit a convaincre Elise de le suivre. L’argent est un éternel problème pour ces jeunes qui se bercent d’illusions et Elise se fait embaucher à la chaine dans une usine de construction de voitures, où elle rencontre Arezki, un ouvrier algérien.
Le roman est paru en 1967, assez peu de temps après cette période que l’histoire n’a pas voulu assimiler à une guerre, la masquant sous le vocable vague d’ « événements». Malgré tout, les relations tendues de la population française vis à vis des émigrés d’alors, les rafles, les arrestations et les vérifications incessantes, sont particulièrement bien évoquées. De même on participe avec Elise à ce quotidien abrutissant et épuisant qui ne laisse guère de temps, après de nombreuses heures à suivre la cadence, pour rêver d’une autre vie. Décevante et débilitante, la vraie vie!
J’ai beaucoup aimé le réalisme des portraits des personnages, bien mis en valeur par une très belle écriture.
C’est le témoignage d’une époque qui avait défini les cibles de sa haine, sans savoir que des décennies plus tard, d’autres migrants viendraient endosser le costume du rejet de la différence.
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