"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Cycle de Lanmeur de Christian Léourier est un classique de la Science-Fiction française. Je l'ai appris il y a peu en entendant parler de cette réédition complète et révisée par l'auteur chez Ad Astra. Malgré des tentatives récentes peu concluantes, mon envie de (re)découvrir des auteurs français de SF ne m'a pas quittée. Et, j'ai plongé dans ce premier tome, regroupant les trois premiers romans du Cycle parus dans les années 80 (ainsi qu'une bibliographie et une interview de l'auteur), sans arrière-pensée. Bien m'en a pris.
Ty-Harnog. Lanmeur (quid des noms empruntés au breton dans cet opus ?!) est une planète qui essaime dans l'univers à la recherche de vie intelligente. Il s'avère que l'espèce humanoïde semble prédominante et le but de Lanmeur devient vite le « Rassemblement » de toutes ces civilisations. Les « Contacteurs » ont donc la tâche délicate d'établir les premiers liens avec les « indigènes ». Avant la colonisation ? Cet aspect n'est pas directement abordé dans ce premier tome, mais apparaît en filigranes. Bon, pas vraiment dans le cas de la planète « Ty-Harnog » où Wren, notre Lanmeurien, atterri en catastrophe et perd la mémoire.
Bien aimé le côté Fantasy très Jack Vance et Ursula Le Guin (version « le Monde de Rocannon »), l'empathie directe avec les personnages (chose rare dans la littérature SF française), sans doute le grand atout de Léourier, le monde très bigarré et riche en personnages et bestioles de tout poils, moins le style un tantinet chaotique comme les péripéties assez faiblement mises en scène. Tout de même, un véritable roman de Fantasy français qui tient la route ça se clame sur tous les toits ! Où j'ai bien pu mettre ma corne d'auroch, palsembleu !...
L'homme qui tua l'hiver. Le roman du recueil auquel j'ai le moins accroché. Pourtant le personnage d'Akrèn, archéologue fraîchement débarquée sur la planète Nédim est suffisamment fort pour susciter une empathie immédiate. Ce n'est pas tant le personnage et ce qu'elle fait, ni les autochtones dépeints admirablement. Civilisation proche de celle des Inuits, les traîneaux, les chiens, le froid. Choc des civilisations, colonialisme, racisme, amours contrariés, la trame du roman ne respire pas la nouveauté, mais c'est dans l'action que Léourier est le moins convaincant, il nous perd dès qu'il accélère ! Deux étoiles tout de même, pour Akrèn...
Mille fois mille fleuves. « Mille fois mille fleuves ont balayé la Terre, avant de se perdre en un seul océan... ». Des trois romans qui composent ce recueil, celui-ci est certainement le mieux écrit à défaut d'être le plus original. Belle histoire, tout de même, que celle de Ynis, jeune fille amenée à devenir l'épouse d'un fleuve, fleuves considérés comme des dieux vivants, puis à rencontrer l'un des fameux « Contacteurs » de la planète Lanmeur et peut-être changer le cours du destin...
La langue est ciselée et poétique, Léourier maîtrise son style et sa trame (encore un beau personnage féminin) et l'on se laisse emporter par le fleuve, sa langueur, sa force et ses colères. Une histoire pleine de couleurs, pleine de douleurs aussi...
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