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Si l’Académie des Beaux-Arts de Vienne n’avait pas refusé par deux fois la candidature d’un certain Adolf Hitler, est-ce que la Seconde Guerre mondiale aurait existé ? Et la face de monde en eût été changée. Rien n’est certain mais ce qui est indéniable c’est qu’Hitler rêvait d’être artiste, un artiste. Fasciné, et le mot est faible, par Richard Wagner, il en fera son modèle et théâtralisera son ascension au pouvoir. Du nazisme il en avait fait une religion laïque, il manquait les dieux de l’opéra. Ce sera le début d’un long crépuscule où la mythologie s’enfoncera dans les profondeurs du royaume d’Hadès.
Si d’aucuns ne peuvent responsabiliser le compositeur, il n’a jamais pu rencontrer le Führer vu que ce dernier est né après sa mort, il n’en demeure pas moins qu’il a été une source d’inspiration, non seulement pour l’art de la mise en scène mais aussi pour les textes antisémites que Wagner a écrit à plusieurs reprises.
Fascinant essai de l’historienne Fanny Chassain-Pichon qui met en parallèle les différentes étapes de la vie de Richard Wagner et Adolf Hitler, ce qui permet à la fois de découvrir des facettes inconnues des deux personnages et de réaliser combien l’art peut être détourné à des fins extrêmes. Si Wagner n’a pas été le seul mentor de l’idéologue du III° Reich, Gobineau et surtout Chamberlain ont été des exemples terrifiants, il s’est transformé en une sorte d’un idéal politique pour celui qui savait tant se donner en spectacle. On ne peut d’ailleurs pas oublier un autre personnage enivré par la musique de Wagner, Louis II de Bavière.
Hitler ne pouvant ni briller ni créer artistiquement, il s’est réfugié dans l’œuvre d’un autre pour assouvir son égo et ses délires morbides d’eugénisme et autres dévastatrices théories, se confondant parfois avec un héros wagnérien et faisant de Bayreuth un autre Nuremberg, surtout que certains descendants du musicien flirtaient avec l’idéologie et son sinistre représentant.
Une enquête à suivre chapitre par chapitre chacun étant parfaitement et subtilement nommés : Ouverture / La valse de l’enfance / Marche vers la révolution / Sarabande de déceptions /Bayreuth vaut bien une messe / Terribles partitions / Symphonies guerrières / Requiem, et qui donnent le ton pour cette funèbre marche de l’Histoire.
L’historien Edouard Husson, par une brillante préface, posent les notes de ce récit wagnérien, un vaisseau où naviguent ces fantômes du passé.
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