"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une nouvelle parution aux Editions Quadrature est toujours pour moi synonyme de plaisir de lecture. Le dernier recueil de nouvelles publié, intitulé "Tentatives d’évasion" et signé Cécile Reyboz est, de mon point de vue, de la même veine que les précédents. J’y ai trouvé de nombreuses qualités et l’ai lu avec intérêt et délice.
Pour une fois, j’ai lu chacune des nouvelles dans l’ordre.
"Jolie rotonde vide"… Quand un homme et une femme, deux collègues rencontrés lors d’un séminaire, se retrouvent à Paris. Quand l’une attend quelque chose et pas l’autre. Quand l’un et l’autre n’ont pas les mêmes intérêts… et que l’une se demande "…pourquoi l’un tenait bon et, pas l’autre."… Il s’agissait de ses bas auto-fixant… Ah ! Bon ?
"Rompre à l’entracte", ma préférée. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle qui raconte la difficulté à rompre une histoire amicale malgré l’intérêt disparu et la grande différence de points de vue. C’est une belle étude des relations humaines, sans jugement, toute en pudeur et retenue. C’est une piste intéressante de réflexions personnelles, sans parler du plaisir lié au décor : le Festival – principalement "off" – d’Avignon, et à la fin...
"Le Zor", histoire quelque peu mystérieuse, comme son titre, mais qui donne envie d’aller au bout. "… le Zor restait associé à une fantaisie de noctambule, une expérience un peu limite qu’un bon père de famille n’avait pas à connaître." Mystérieux je vous disais.
"Nocturne héroïque" ou la balade de Thibaud, futur militaire, la nuit à travers Paris sans masque ni attestation de sortie. Une jolie promenade aventureuse.
"Projet Granville"… Quand Emilie et Jean-Paul s’offrent – enfin, c’est Emilie qui a décidé et Jean-Paul qui a suivi, en ronchonnant un peu – un week-end prolongé à Granville. La belle écriture de l’auteure se met au service des paysages, de l’océan, de l’île Chausey, une écriture qui transcende les paysages. Les personnages sont magnifiquement campés, les sentiments finement étudiés et la chute particulièrement réussie.
"Si tu veux" ou la rencontre étrange d’une dame et d’une enfant dans un jardin. La fillette apparaît et disparaît comme aspirée par les bosquets. Encore beaucoup de mystère mais la belle écriture simple et en même temps ciselée fait de ce petit récit un grand moment de lecture.
Six nouvelles d’une extrême beauté, six nouvelles qui m’ont enchantée. Une seule tentative d’évasion va aboutir, à vous de la découvrir.
Merci aux Editions Quadrature pour cette belle lecture.
https://memo-emoi.fr
Tout commence avec Jolie rotonde vide suivi par Rompre à l’entracte. Dans Jolie rotonde vide, « elle » retrouve son collègue Christophe pour un premier rendez-vous hors du cadre du boulot. Elle a envie d’une nouvelle histoire et a mis des bas censés tenir seuls. Mais un des bas commence à glisser, prélude à une rencontre amoureuse qui ne tient pas toutes ses promesses. S’évader de la solitude n’est pas de tout repos… Pas plus facile que préserver une solitude choisie dans Rompre à l’entracte. Dans cette nouvelle très séduisante également, Violette profite d’une période enchantée, seule, au festival d’Avignon. Passionnée d’art, de spectacles, elle vit intensément cette période magique. « Violette soupire d’aise, se verse du café. Le festival est une petite éternité qu’elle attend toute l’année. Trois semaines de congé et son 13e mois y passent, sans hésiter. » Une évasion réussie mais voici qu’un couple d’amis, Marianne et Philippe, lui demande de leur faire découvrir le festival… Habituellement, ils n’ont plus le temps ni l’envie de ce genre de chose. L’évadée va-elle être reprise par la patrouille ?
Avec Le Zor et Si tu veux on est carrément dans une autre dimension, une échappée dans le rêve, dans le fantastique. Le Zor est un endroit mystérieux où l’on sort de la réalité immédiate pour être plongé directement dans un phénomène « psychanalytique où s’entassent nos secrets ». On y accède, après avoir pris rendez-vous, en descendant une volée de marches mal éclairées et un soupirail fermé par un cadenas rouillé... Accéder aux recoins de sa conscience n’est pas sans risque. Pierre et son ami Pipo vont tenter l’aventure et n’en ressortiront certainement pas indemnes.
Dans Si tu veux, Cadette est une femme d’une soixantaine d’années, émerveillée par son jardin elle dialogue avec les plantes, les arbres et même les pierres… Lui apparaît une petite fille évanescente, celle-ci lui révèle sa maladie et lui dit qu’elle va bientôt mourir. Elle lui propose un marché...
Projet Granville tourne autour du thème des désirs mal accordés, désir de solitude voulue et assumée contre désir de vie en couple. Jean-Paul est kiné en région parisienne. Il travaille beaucoup, beaucoup trop. Il a la cinquantaine et a rencontré Émilie trois ans plus tôt. Elle a tout organisé, ils prennent le train direction Granville, lui sans enthousiasme. Début d’une évasion non programmée.
Place à la jeunesse dans Nocturne héroïque. Peut-être l’évasion la plus spectaculaire puisqu’elle concerne un jeune homme doublement contraint par sa mère avec qui il vit et cette période de confinement Covid. Thibault a commencé des études de droit mais s’est engagé pour huit ans dans l’armée. Il est dans l’attente de son incorporation. Culturisme, envie de foncer face à une vie empêchée de tous côtés. Un peu perdu il sort la nuit, bravant le couvre-feu. Il rencontre Chloé et son amie Anne-Lise avec et fait un bout de chemin avec elles. S’évader avec l’une ou l’autre, déroger aux codes sociaux habituels pour se laisser aller à ses émotions ? Bien construite, complexe, elle est une de mes préférées.
Six récits très différents se succèdent, autour d’un thème qui nous parle à tous : l’évasion. Aucune prison ici, si ce n’est les multiples prisons des contraintes sociales, familiales, amoureuses, psychiques… Les femmes sont très présentes mais la parole est aussi donnée à des hommes dans trois nouvelles : Le Zor, Nocturne héroïque, Projet Granville. J’ai remarqué chez ces hommes l’importance de leurs désirs professionnels (et ces termes dans le titre : projet, héroïsme...), alors que les femmes sont plus dans la famille, le lien social ou amoureux (jolie, rompre, si tu veux...). Pour tous un terrible isolement qui les fait chercher dans la confusion la voix d’une vie plus épanouie.
Envie d’évasion ? Vous adorerez ces récits, leur lecture est une clé magique qui ouvre des portes à priori infranchissables. L’autrice sait nous plonger rapidement dans chaque récit. C’est court, intense, jamais lassant. En une vingtaine de pages, tout un univers s’ouvre. La nouvelle (quand elle est réussie...) me semble une friandise qu’on déguste avec gourmandise, sans effort et sans contrainte, un peu comme le goûter quand on était petit… Des petites histoires, comme on nous en lisait, peut-être, enfant… Ensuite le sommeil est plus calme.
Lumineux!
Etonnée de ne pas voir plus d'avis sur ce joli livre !Regardez cette couverture .
J'ai passé un très beau moment Léonore se libère et regarde, prend le temps de ralentir et de regarder.
Ce roman est une ode à la joie de vivre, à la liberté, à la soif de se retrouver Soi; Un roman qui fait du bien!
Merci pour ce beau moment, une très belle découverte#cécilereyboz
Une avocate nous raconte ses rendez-vous avec ses clients. Ayant avocat et juge dans la famille, je sais que rien n'est exagéré. J'ai retrouvé dans ces descriptions les journées de ceux-ci. C'est bien raconté et jai passé un bon moment de lecture.
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