"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fort Detroit est dans ce roman la ville jumelle, imaginaire et francophone de Detroit.
Elle ressemble à la vraie ville de Detroit sur bien des plans : après une période de prospérité économique liée à l'industrie automobile, y règnent désormais la misère, l'abandon, l'insécurité, la drogue.
Quand Gloria arrive à Fort Détroit après la mort de sa fille, elle s'installe dans la maison de cette dernière et se met en quête de retrouver ses deux petites filles disparues à la mort de leur mère. Il faudra le soutien de ses voisins, rares mais précieux, habitués à survivre en ce lieu, pour lui donner la force de les chercher. Et de découvrir que de nombreux enfants vivent sans parents, sans adultes référents, en bandes plutôt organisées dans un parc abandonné de la ville.
Ce livre, au premier abord douloureux, est lumineux.
La langue tout d'abord est magnifique, musicale : mélange de français du Quebec, d'anglais, de mots et expressions d'enfants qui n'ont pas connu les bancs de l'école. C'est un régal.
Et puis, et comme le dit le titre, on n'a pas le temps dans cette communauté de s'attarder sur le passé. Seul compte le jour présent, l'urgence est celle de la survie, et l'avenir. Celui à court terme d'un potager qui voit le jour au milieu des ruines, celui de ces enfants sauvages, malins, résilients et celui de la famille que Gloria se choisit.
De beaux personnages et une belle histoire, à découvrir vite .
« Je remonterai sur mon cerf-volant
Et vous laisserai vos cent mille enfants
Chargés d’eux-mêmes
Pour jeter les dés dans la main du temps »
Gilles Vigneault
Poignant, la pierre angulaire d’une littérature hors pair.
« L’avenir » et ses enfants, horde sauvage battue par le vent.
Détroit, le mythe des résistances, des Amérindiens. Ici, la contemporanéité d’un texte de renom, sombre et tendre, rude et olympien.
« On croyait que Fort Détroit était un lieu protégé par une alliance de démons. Le Satan des catholiques, le Wendigo des Outaouais, le Nain rouge du détroit.Les Américains ont rien voulu savoir. »
Gloria c’est elle le portrait de ce grand livre. Une fille unique Judith qui s’est éloignée peu à peu, distance et marginalité. Cette dernière vivait à Fort- Détroit avec ses deux filles Cassandra et Mathilda dans un antre délabré comme la région rude et intestine dont la communauté œuvre à la résistance, aux veilles solidaires. Judith vient de mourir, Gloria est effondrée en proie au vertige et aux vérités qui vont éclater immanquablement. Les lignes bleu-nuit, soudées et magnifiques empreintes d’humanité soufflent sur « L’avenir ». Les deux petites filles ont disparu. Qu’importe ! La police est indifférente, le drame est ordinaire. La communauté rejetée dans ses malheurs, assignée à l’entraide entre amis et voisins. Gloria est en quête, retrouver ses petites-filles et renouer avec l’austérité d’un lieu dont le fantôme de sa fille hante les chemins gorgés de poussière et de rudesse.
« La maison tremble toutes les nuits. Et toutes les nuits,Gloria se répète que c’est le vent, que c’est un avion qui passe au-dessus de Fort-Détroit. »
Gloria ressent les menaces d’un lieu qui trace les messages. Des bruits sourds, la nuit, des pas chapardeurs, le nécessaire aux survies disparaît. Qui et pourquoi ?
Gloria va remonter le fil du temps, rassembler l’épars et enquêter. Où sont ses deux petites-filles ? Litanie, matrice et rédemption. Gloria erre dans les lieux sombres, peuplades d’enfants abandonnés, autarcie aux ailes brisées , « Sa majesté des mouches » bandes de gosses, anges-démons, la forêt matrice. Elle pressent les fillettes dans les tréfonds épais, faim aux abois, la fuite tenaille. Gloria est d’une empathie stupéfiante pour ces enfants poulbots. La tristesse douce, l’obsession des retrouvailles est son cœur qui bat en diapason, « elle n’est plus que flair », d’ombre et de lumière, d’instinct et de mémoire.
« L’avenir » est profondément vivant, tenace et sensible. Dans une double lecture, excelle l’infinie douleur d’une communauté rejetée comme du pain moisi.
Ce roman intranquille,d’une force inouïe, magnifique est un chef-d’œuvre fascinant.
Gloria le point d’appui d’un périple rédempteur et initiatique.
Un roman piédestal, un monument !
Publié par les majeures éditions Asphalte.
Alors que tout semble chaos et non-sens, arrive une génération d'écrivains qui nous apaisent et nous consolent. Ces auteurs (dont la formidable Québécoise Catherine Leroux) nous invitent à voir la vie sous un autre angle. Bien sûr les écrivains ont les pieds sur terre et n'ignorent rien des ombres de la réalité. Mais ils témoignent aussi d'une autre possibilité : lire la vie entre les lignes. Nourris par ces romanciers, nous misons sur la transformation intérieure, nous nous en remettons au chant profond de la confiance. Oui ces auteurs ont le don de changer notre regard, de laisser entrer la poésie dans nos existences.
Dans Le Guide des âmes perdues, Catherine Leroux interroge la naissance de l'amour et de l'amitié. Elle raconte le destin de quatre duos.
Cette cloison invisible, séparant la réalité de la fiction, n'est-elle pas, tout simplement, le voile fragile qui nous fascine tant ? Doit-on donner autant d'importance à nos rêves qu'à la «réalité» ? A écouter la romancière, enfant de Rosemère (Canada), la réponse est oui, bien sûr ! Écoutons nos rêves, laissons-nous guider par cette présence invisible qui ne demande qu'à nous aimer, nous protéger, nous sauver parfois. Cette présence invisible, les écrivains la voient, eux. Ils nous entraînent avec tant de générosité sur le chemin de l'accomplissement. Ils nous supplient de les imiter sans tarder. Ainsi, grâce à la littérature, nos âmes ne seront plus perdues. Oui les écrivains ont la réponse au chaos, en accueillant nos âmes assoiffées. Quelle chance nous avons, nous les lecteurs !
La marche en forêt nous raconte l'histoire de la famille Brûlé, au Québec.
Un événement important marque le début du livre : la mort de la grand-mère Brûlé, Thérèse.
Quelques mois après son décès, son mari Fernand se trouve une nouvelle femme, beaucoup plus jeune que lui, ce qui n'est pas au goût de ses enfants...
Chaque chapitre laisse la parole à un membre de la famille. Un personnage récurrent apparaît : elle s'appelle Alma et ne figure pas dans le grand arbre généalogique des Brûlé, que l'on trouve au début du roman. On comprend que son histoire se passe à une époque bien antérieure à l'intrigue initiale. Alma est une sorte de femme sauvage, qui vit dans la forêt, a eu des enfants puis un jour a quitté son foyer pour partir à l'aventure... Je ne vous dirai pas quel lien il y a entre Alma et les Brûlé, vous le découvrirez à la fin de l'histoire.
Catherine Leroux signe un premier roman réussi, basé certes sur une thématique vue et revue en littérature, à savoir les histoires de famille. La marche en forêt est un livre à l'intrigue bien menée et qui réussit à entraîner le lecteur dans cette saga familiale dès les premiers chapitres, un peu énigmatiques...
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