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Depuis quelques années, Annette Messager a acquis une renommée bien méritée. Née le 30 novembre 1943 à Berck-sur-mer (Pas-de-Calais), elle a trop souvent été réduite au rôle d’épouse de Christian Boltanski. La monographie que l’historienne d’art, Catherine Grenier, lui consacra en 2000, annonçait une reconnaissance pleinement atteinte lors de la 51e Biennale de Venise, en 2005, avec l’obtention du Lion d’or. Pourtant, peu d’œuvres d’art ont des titres aussi signifiants que celles de Messager. Regardez : Ecureuil, Mes Vœux, Mes Petites Effigies, Les Variétés, Mes trophées, Chimères… Comme de nombreux artistes contemporains, Annette Messager fait appel à de nombreuses techniques et à divers supports. Elle fait feu de tout bois : dessins, collages, photographies, œuvres créées à partir d’objets collectés (une forme de recyclart), coutures, tissages, broderies, installations… Bref, si Annette Messager avait été une écrivaine, elle aurait très certainement été une des membres en vue d’Oulipo, tant il y a, en elle, une dimension de collectionneuse à la George Perec. De miettes aux fragments, de détails aux particularités, de bribes aux morceaux, elle mène la danse, non sans cruelle délectation, de notre univers domestique.
« Immédiatement compréhensibles, familières, précieuses, lestées d’une tradition immémoriale, elles auront la vertu de la disponibilité, de la gratuité que chacun sait reconnaître », écrit Catherine Grenier à propos de ces « choses insignifiantes », sous-tendues par la féminité d’Annette Messager. Le dialogue entre les deux femmes se fait fine observation en de nombreux moments. Est-ce pour cette raison que l’œuvre nous interpelle ? Pour la raison que le monde de l’enfance (animaux, jouets, peluches, crayons de couleurs) devient ici un réservoir de stéréotypes dérisoires et banals, refusant l’exception spectaculaire. Chaque assemblage, chaque installation se fait l’écho d’un monde innocent, parasité par l’artiste à coups de ciseaux et d’aiguilles. Et les fétiches (le Teddy Bear, par exemple) de glisser de la nostalgie vers l’ironie, de la satisfaction au cauchemar. Tout ce quotidien, fragmenté, commenté, détourné, est définitivement épinglé par Annette Messager. J’en connais certaines qui sont perturbées par cette dénonciation d’un âge falsifié par le souvenir, la tradition et la culture. Elles oublient, un peu vite, que l’enfance n’est, très probablement, pas la plénitude du bonheur pour toutes (et tous).
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