"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Du plus loin qu’il s’en souvienne, Valerio a toujours vécu près d’Olivia. Ils ont grandi ensemble dans une belle villa à Bologne. Une enfance heureuse et privilégiée : école privée, vacances d’été au soleil, ski en hiver. Et pourtant Olivia était une Morganti, issue d’une riche famille d’entrepreneurs du bâtiment et Valerio est le fils de leur bonne et du jardinier. Il n’empêche qu’il a toujours été considéré comme un membre de la famille, bénéficiant des mêmes avantages que son amie, et aussi de l’affection de Manon, la grand-mère extravagante et amatrice d’art d’Olivia. Mais quand ses parents divorcent, Valerio suit sa mère à Rome, découvre la vraie vie du peuple, la misère, les voyous. Le fil de l’amitié se détend pour mieux se transformer en amour avec l’entrée dans l’âge adulte. Séparés encore une fois par des choix de vie différents, ils se retrouveront encore et encore au gré du hasard, pour mieux s’aimer, se déchirer, se séparer.
Le garçon pauvre et la petite fille riche, une histoire lue et relue ? Oui bien sûr mais à travers Olivia et Valerio, Caterina Bonvicini nous raconte aussi l’Italie de 1975 à 2013. Quarante ans d’un pays qui a connu la terreur des Brigades Rouges, l’avènement de Berlusconi, la corruption à tous les étages. L’autrice promène ses personnages entre Bologne et Rome, entre rêves et désillusions, amour et haine, rapprochements et éloignements et inversion des rapports de force. Le pauvre deviendra riche, l’héritière sera ruinée. Finalement, ce n’est pas la position sociale ou la fortune qui décideront de leur vie mais le courage qui leur a manqué pour assumer leurs erreurs et unir leurs destins. Caterina Bonvicini décrit un pays qui court à sa perte mais garde toujours la tête hors de l’eau et des personnages ballottés au gré de leurs succès, de leurs défaites, de leurs décisions parfois hasardeuses.
Le sujet est classique et pourtant on s’attache aux personnages et à ce pays qu’on aime aussi.
Femmes italiennes racontant un homme absent au repas de Noël une femme une histoire. Des relations de famille, d’amour et non dits. Une comédie drôle mettant aussi en lumière les faiblesses de chacune. Un vrai régal.
De Caterina Bonvicini, j’avais lu et adoré un de ses précédents romans l’équilibre des requins pour son humour corrosif mais salvateur sur fond de tragédie familiale.
Avec les femmes de, je savoure à nouveau les délices italiens d’une langue mordante qui n’épargne aucune des 7 femmes réunies pour un repas de Noël dont Vittorio, le seul homme attendu de l’assemblée en est étrangement absent. Ces femmes qui se méprisent cordialement ont toutes un lien de parenté avec Vittorio sauf Camilla qui porte un regard extérieur sur cet étrange dîner où la fausse politesse en est le menu principal.
Vittorio disparu. Enlevé, mort, hospitalisé, les élucubrations vindicatives vont bon train durant les mois ponctués par les fêtes religieuses du calendrier qui sont autant d’occasions de se réunir pour le pire mais si c’était aussi pour le meilleur ? Comme le Panettone au dessert !
La bande de femmes qu’elles créent alors est joyeusement explosive. La ville de Milan est à leur image. Effervescente et bruyante, elle cache dans ses coins secrets des petits paradis intérieurs aux balcons fleuris.
Elles sont drôles, snobes, fortes ou sensibles, quels que soient l’âge et le caractère. Chaque femme de Vittorio, fille, épouse, ex-femme, sœur, mère de, se dévoile l’une après l’autre au fil de l’histoire à travers leurs pensées intimes qui dressent aussi par couches successives des morceaux de Vittorio.
Mais seul Vittorio saura parler de lui dans une fin qui m’a beaucoup émue.
Imaginer : 7 femmes autour d'une table un soir de Noël. 7 femmes qui attendent un homme, Vittorio, qui ne viendra pas ! Sa mère, son ex-femme, sa femme, sa maitresse, ses feux filles et sa soeur. Toutes doivent réfléchir à leurs attitudes car les apparences sont souvent trompeuses.
L'attente : 7 femmes qui vont parler à tour de rôle, chaque protagoniste a son propre monologue plusieurs fois. 7 femmes réunies avec leurs querelles et leurs rancoeurs ; et c'est sublimement réalisé.
A travers ces femmes se dessine une famille (avec les bons mais surtout les mauvais côtés), se dessine des destins de femmes, mais se dessine surtout un regard plein d'ironie sur la classe sociale bourgeoise milanaise que Caterina Bonvicini décrit avec une cruauté amusante.
Un roman choral de femme intranquille que l'attente va peu à peu apaiser jusqu'au dénouement inattendue. Caterina Bonvicini revient avec un livre entre le roman policier et la comédie mordante italienne complètement jubilaires, rempli d'humour noir.
"Les femmes de" ne rentre pas dans les codes, inédit dans sa construction d'écriture avec un chapitre final donné à l'homme qui vaut le déplacement !
7 femmes qui vous donnent le sourire, qui vous font rire, avec délicatesse et cynisme. Caterina Bonvicini signe un roman intelligent, drôle, émouvant, qui interroge sur nos faux-semblants et la volonté à paraitre ce que nous ne sommes pas !
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