Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Des voix pour la planète, voilà une idée magnifique et qui ne manque pas d’ambition. Pollution de la mer et de l’air, disparition de nombreuses espèces vivantes, réchauffement climatique, déforestation mais aussi consommation à outrance et gaspillage, tout cela pris à bras le corps par 40 poètes, chanteurs, anonymes, de plusieurs pays. Leurs textes engagés, polémiques, racontent.
« N’enlève pas à la Terre son dernier souffle » murmure Rita Mestokosho issue du peuple Innu, proche de la nature. La Terre, avec une majuscule, car elle mérite notre respect et notre admiration et la sauver est une urgence car ça chauffe.
Et cette urgence brûlante se concrétise avec une page rouge pour introduire chacun des huit chapitre de l’ouvrage.
Écosystème : « J’ai mal à la terre/ Mal aux océans/ Mal à mes artères/ Aux poissons dedans/ Mon ventre n’est plus qu’un cratère/ Géant/Béant/ J’ai mal à la terre » chante Gilles Vigneault, icône de la chanson québécoise.
Climat : « J’ai les poumons comme deux banquises » clame Florentine Rey tandis que Victor Hernandez Cruz questionne : » Atteindrons-nous le moment / Où notre chair va se ramollir/ Et cuire lentement dans l’atmosphère » Le réchauffement climatique est en marche.
Océans : Michel Baglin constate avec amertume les dégâts des eaux : « Maintenant que les fleuves n’atteignent plus la mer, que les îles sombrent à leur tour / et qu’au centre de l’océan naît un continent de plastiques à la dérive… » Car, hélas, les océans sont un vaste dépotoir et les poètes dénoncent ce plastique, qui pullule, comme Antjie Krog poétesse d’Afrique du Sud « Ô mille morceaux de coquillages bruissant autour de nos chevilles / tandis que nous ramassons des morceaux de plastique »
Dans Locataires, les poètes nous parlent de cette terre qui nous est prêtée le temps d’une vie.
« J’ai peur
De n’être pas enfant de la terre
Mais juste là, sur terre » avoue Aurélia Lassaque, poétesse occitane.
Après Écosystèmes, Climat, Océans et Locataires sont déclinés Oiseaux, Gaspillage, Idiotie et Engagement, le tout formant le mot ÉCOLOGIE.
Ce plaidoyer pour une autre planète se clôt sur le poème qui remercie la vie tout en dénonçant les méfaits de l’homme de Michel Baglin.
« Merci aux pierres, aux herbes, aux bêtes d’exister dans le silence picoré d’oiseaux »
Oui, remercions la vie sur terre et préservons la pour les générations futures.
Une lecture coup de poing à lire d’urgence et à faire lire à nos ados afin qu’ils poursuivent ce cri de révolte.
« Ce matin-là les enfants ont rendez-vous avec le vent »
Sur une petite île grecque, ils font ce que tous les enfants du monde font : ils explorent, avant que les années et les désillusions les fassent abandonner leur quête vagabonde. Et pourtant le voyage ne fut pas sans péril. Sur l’île, un bâtiment abandonné est le dernier rempart de l’aventure, mais faut-il s’y risquer ?
Flash-back : avril 1967, les militaires s’emparent du pouvoir à Athènes.
Le narrateur revient de Crête, séduit par l’île et surtout par une jolie crétoise férue de poésie. Pour son premier job à Paris, il est chargé de collecter des articles pour la revue de presse d’une maison d’édition. Le tri très sélectif qui en résulte est remarqué par un de ses employeurs qui en soupçonne l’origine. Et qui l’envoie sur place avec un prétexte humanitaire, pour qu’il tente de retrouver sa belle qui a disparu après quelques messages laconiques.
C’est ainsi que l’auteur nous remet en mémoire les heures sombres et pas si lointaines qui ont vu la Grèce sombrer sous le joug d’une dictature immonde, alors que tout était prétexte à enfermer toute personne suspecte de s’acoquiner avec les gauchistes.
L’enquête menée nous entraine sur les traces de la belle mais aussi de son poète élu, Yannis Ritsos lui aussi prisonnier.
Très belle évocation historique doublée d’une histoire émouvante et portée par les mots du poète.
Il est tellement important de ne pas oublier et surtout de rappeler ces événements terribles qui se sont produits en Europe, près de chez nous, en Grèce, il n'y a pas si longtemps, en 1967. Avec Ne pleure pas sur la Grèce, Bruno Doucey le fait en mettant d'abord l'accent sur la poésie sans négliger le tragique.
Avec un immense talent, Bruno Doucey fait donc revivre l'instauration d'une dictature, celle des Colonels, le 21 avril 1967. Il faudra attendre 1974 pour que cesse le cauchemar.
En quelques jours, des milliers de personnes sont arrêtées, emprisonnées, torturées, éliminées pour une part d'entre elles, parce qu'elles sont communistes, socialistes ou simplement favorables aux idées prônant la liberté, le partage des richesses et un égal accès pour tous à la culture.
Au même moment, à Paris, un jeune homme originaire de Lyon, Antoine, est recruté par Claude Durand, éditeur, pour travailler avec Aris Fakinos et Clément Lépides, à l'élaboration de ce qui sera le Livre noir de la dictature en Grèce.
Antoine est amoureux de Fotini qu'il a connue lors de vacances en Crète, l'année précédente. Elle lui a parlé de Yannis Ritsos (1909-1990), un poète dont elle étudie l'oeuvre. Avec ces éléments, plus un subtil lien avec tous ces réfugiés qui se retrouvent aujourd'hui sur l'île de Leros, au large des côtes turques, Bruno Doucey m'a captivé et sérieusement bouleversé en faisant partager le sort de ces hommes et de ces femmes brutalement arrêtés puis traités de façon ignoble.
Les gouvernements européens sont restés apathiques devant un tel déferlement bafouant tous les droits de l'Homme. L'OTAN n'avait pas réagi non plus. Tant d'hommes et de femmes ont souffert une fois de plus à cause d'une dictature militaire qui enferme, déporte sur des îles rocailleuses sans la moindre hygiène. Des vies sont brisées, d'immenses souffrances sont causées et les dégâts sont irréparables.
Pour ne pas sombrer totalement, il y a donc la poésie, même si papier et crayons sont confisqués. le texte est jalonné de vers signés Yannis Ritsos. L'auteur parle aussi de Mikis Théodorakis, le fameux compositeur de la musique de Zorba le Grec, lui aussi incarcéré, pour qui Yannis Ritsos va écrire « Dix-huit petites chansons de patrie amère. 1968. »
Antoine, parti en mission pour la Croix-Rouge internationale, parviendra-t-il à rencontrer Yannis Ritsos, retrouvera-t-il Fotini, son amoureuse ? Je laisse à chacun le plaisir ou la douleur de le découvrir.
Un petit peuple qui lutte
sans les sabres ni les balles
pour le pain du monde entier,
pour la lumière et la chanson. Yannis Ritsos
Prisons, pénitenciers, camps de détention, effrayante psychiatrie grecque, avec des touches pleines de force et de douceur, Bruno Doucey m'a plongé dans une atmosphère si douloureuse dont émergent heureusement les poèmes de Yannis Ritsos et de son ami Nâzim Hikmet, le poète turc.
C'est avec beaucoup d'émotion que je remercie Babelio (Masse Critique) et les éditions Bruno Doucey pour ce livre unique et tellement fort.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://unmotpourtouspourunmot.blogspot.com/2020/02/courage-dix-variations-sur-le-courage.html
Le courage, c’est résister à tout ce qui va trahir nos idées signait Edgar Morin.
Qu’il est rude de résister, heureusement certains se lancent, gardent le cap, parfois ils en meurent parfois ils surprennent et triomphent.
L’important n’est-il pas toujours d’essayer, affronter la peur, vaincre le gouffre du collectif bien-pensant ?
Courage de dire, de faire, de s’opposer.
Que vaut l’hardiesse face à l’insondable moquerie du monde, qui n’entend pas, ne voit pas, ne dis plus rien ?
Ce recueil est composé de 10 variations autour d’un thème aussi vaste que les individus qui compose ce monde. Une grande diversité d’auteurs et de plumes. Un recueil inspirant et éclectique. Un étendard poétique à la résilience, un hymne à la vie.
Beaucoup de poèmes de cet ouvrage m’ont animé et séduite et puisqu’il ne m’était pas possible d’en choisir un pour illustrer ce billet, voici le mien :
Je ne suis pas conforme, je ne me soumets pas, je ne me tais pas, mais je brûle de dire, de voir, et de résister.
Ils souhaitent l’obéissance,
Réponses automatisées, travail lisse et sans accro,
une soumission volontaire.
Peu importe les valeurs et l’éthique, il faut obtempérer,
même sans rationalité,
même sans cohérence,
être un soldat servile et fidèle.
Une opposition,
et la hiérarchie s’ébranle,
échange de faveurs légales,
traitement bienveillant contre acquiescement normé.
Système aliénant et dominateur.
Les réprimandes,
toujours en public
Dénoncer le rebelle,
lui signifier qu’il doit apprendre à se taire sous peine de quarantaine.
Ils font peur les récalcitrants, on les préfère muselés.
Nous sommes des automates désarticulés aux prises d’un pouvoir que nous ne maîtrisons pas et qui nous emprisonne.
L’épilogue résidera dans la fuite ou la sujétion,
peu importe le prix, pour soi ou les autres.
Partir et survivre, ou rester enseveli sous la colère et l’inertie ?
L’échappé est-il faible ou sage ?
Valeureux ou tremblant ?
Dois-t-on choisir ?
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...