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L’Odeur des pins.
Je ne savais rien. C’est ce qu'a toujours affirmé la grand-mère de Bianca Schaalburg, l’autrice de l’album L’Odeur des pins publié chez L’Agrume. Ma famille et ses secrets en est le sous-titre, et c’est là-dessus que l’autrice allemande s’est penchée. Quand Bianca découvre une photo de son grand-père Heinrich datant de 1926, celui-ci arbore au revers de sa veste une croix gammée. Il appartenait donc déjà à cette période au parti nazi !
Mais quel genre de nazi pouvait donc être ce grand-père maternel ? Avait-il suivi ou était-il vraiment un nazi convaincu ? Décidée à faire la lumière sur l’histoire de sa famille, Bianca va se rendre aux archives régionales, en compagnie de son fils Emile. Ensemble, ils vont essayer de savoir comment leur famille a vécu à Berlin avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
C’est ainsi que Bianca apprend que ses grands-parents, qui habitaient un petit appartement, ont déménagé dans une grande maison à partir de 1936. Une maison dont les trois habitants juifs, Clara Hipp, Carl Loewensohn et Margarethe Silbermann, ont été expulsés. Le passé de sa famille a donc un lien avec ces trois personnes, dont les noms sont dorénavant gravés sur des Stolpersteine posés devant leur ancienne résidence d’Eisvogelweg.
Bianca va également, avec cet ouvrage, s’essayer à raconter l’existence de ces trois personnes disparues pour leur redonner une vie, même si celle-ci s’est arrêtée en 1942 et 1943 à Theresienstadt.
Avec cet album vraiment très fort et surtout très personnel Bianca Schaalburg revient sur l’histoire des siens, mais surtout sur l’Histoire de l’Allemagne, depuis les années 1930 jusqu’à aujourd’hui.
Avec des retours en arrière, matérialisés par différentes couleurs selon les décennies, elle fait revivre sa famille maternelle et les secrets qui l’entourent. Des moments de vie tus pour masquer la culpabilité d’avoir vécu le nazisme, alors que tant d’autres personnes n’y ont pas survécu.
L’Ombre des pins est un récit puissant et nécessaire afin de ne pas occulter et oublier ce qui a pu dans le passé de ceux qui sont notre famille.
Face aux questions, sa grand-mère répétait inlassablement : « On ne savait rien. ». Cette phrase devient le leitmotiv de l’histoire, déclenchant une minutieuse enquête familiale qui traverse les époques, de nos jours, au Troisième Reich, aux années de reconstruction, à la guerre froide et aux bouleversements de 1968. Le récit explore les zones d’ombre de cette famille pendant la Seconde Guerre mondiale, confrontant silences et dénis pour comprendre, notamment, le rôle d’Heinrich, le grand-père, durant ses années sur le front Est.
Bianca remonte le fil de ses souvenirs d’enfance et des secrets enfouis de sa famille, nous offrant une œuvre audacieuse qui aborde avec finesse et sensibilité des sujets délicats, tout en cherchant à faire la lumière sur les aspects obscurs de l’histoire familiale.
Nous avons adoré le charme du style graphique, la mise en page, les nombreux détails ajoutés, les oiseaux représentés à chaque chapitre, les harmonies de couleurs judicieusement choisies, évoluant au fil des époques.
C’est un passionnant roman graphique qui s’impose comme un témoignage important et une invitation à la réflexion sur les cicatrices laissées par la guerre, la culpabilité intergénérationnelle et l’héritage du passé.
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