"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
On dit que chaque livre a une odeur, « Le silence des chrysanthèmes » de Bertrand Redonnet, sent bon la campagne, celle du foin coupé, celle des arbres aux multiples senteurs, celle d’un labeur d’antan avec ses difficultés mais avec le souffle de la liberté.
L’auteur relate son enfance poitevine et chaque chapitre se termine par le récit progressif d’un fait marquant sa jeunesse : l’homme aux cordes… Troublant et il ne faut pas longtemps au lecteur pour deviner son identité révélée à la fin. Un milieu paysan, une fratrie conséquente et pour diriger le tout, une femme, une maitresse-femme avec ses convictions, ses idéaux, sa ligne de route et son refus de se plier aux injonctions d’une société en évolution.
Scènes touchantes de la vie d’autrefois avec des anecdotes qui font alternativement sourire et moins sourire. Comme la vie. Des réflexions personnelles dans un environnement que l’on aimerait parfois façonner selon ses sentiments mais le destin en décide autrement.
C’est que le petit Bertrand n’est pas un enfant, un adolescent, un adulte comme un autre. Il a une passion, la lecture et dans cet univers champêtre, l’incompréhension règne autour de lui. Mais son envie infinie de lire, de connaître tout est une arme redoutable pour affirmer tout de même sa présence. Et pour nous, de savourer aujourd’hui une saga extraordinaire de gens que l’intelligentsia a trop tendance à considérer comme ordinaire…
Les plus âgés se remémoreront leur jeunesse, les plus jeunes découvriront un autre temps, voire une autre planète, depuis l’eau en a parcouru du chemin le long des ruisseaux, tant que la plupart se sont asséchés… par manque d’entretien, d’attention et parce que la main de l’homme a détruit ce que la nature avait savamment construit. Un livre écologique ? Non, en aucun cas, un livre seulement authentique et c’est déjà beaucoup.
La nourriture qui accompagne ce fond de campagne est fort riche : de la poésie, une syntaxe élaborée, un franc-parler (bien qu’arboricole votre serviteur noisette cette anti-langue de bois) et que de scènes cocasses et touchantes (l’épisode de la voiture ferait éclater de rire le croque-mort le plus sinistre), du piquant et de l’humour avec quelques tournures stylistiques que je vais inscrire sur mon noisetier.
Car franchement et contrairement à ce qu’il prétend, de Bertrand Redonnet, on ne s’en fout pas du tout…
« Chaque homme promène en lui la dualité d’un soleil de minuit. Il est à la fois aurore et crépuscule »
http://squirelito.blogspot.fr/2017/06/une-noisette-un-livre-uneinterview-le.html (Avec interview de l'auteur)
En quatrième de couverture, il est écrit : « Redonnet, tout le monde s’en fout ». C’est étrange, non ? Mais au départ c’est bien ce que j’ai pensé, oui, Redonnet, tout le monde s’en fout, alors pourquoi prend-il la peine d’écrire une autobiographie. Car c’est une biographie que je viens de lire, en étant très sceptique pendant les premières pages. Mais au final, quel livre étonnant ! Merci Bug édition de m’avoir fait découvrir cet auteur.
Si j’ai eu beaucoup de mal à la commencer (simplement parce que la police de caractère est un peu petite et donc inconfortable) et si j’ai dû le lâcher quelques jours à regret par manque de temps, j’avais vraiment eu hâte d’y revenir.
Roman ou autobiographie ? L’auteur se raconte dans ce livre, mais il raconte avant tout la vie en France à une époque pas si lointaine qui semble disparue depuis longtemps. J’ai trouvé dans ses souvenirs de vie une époque révolue, celle de mes grands-parents, arrière grands parents, dans la campagne du sud-ouest. Pas la même que celle de l’auteur, bien sûr, dans mes souvenirs se mêlent plusieurs enfances, celle de mon père, la mienne, tous ces souvenirs ont été ravivés par les lignes magnifiquement écrites par cet auteur. Le lecteur le suit au long des pages de son enfance, lui qui est parti loin de chez lui, Loin des siens aussi, n’ayant pas revu ses frères, sa région, mais toutes les émotions, les colères, les parfums, les lumières lui reviennent et il sait les transmettre avec une écriture musicale, colorée, gracieuse presque. J’ai vraiment apprécié le style de cet auteur que je découvrais avec ce roman.
Il nous parle de son enfance, de sa vie, et en parallèle nous le rencontrons enfant, alors qu’un homme arrive à la ferme et qu’il l’aborde sans que cet enfant ne comprenne bien pourquoi. Et ne comptez pas sur moi pour vous le dire. Ces deux « instants » se déroulent en alternance dans le récit. Il n’y a pas beaucoup d’animation, d’intrigue, mais il y a la vie, une famille, une mère à la personnalité singulière qui ne peut pas coller aux stéréotypes de son époque, tout ce qui fait sans doute que l’auteur est lui-même quelque peu singulier. Il y a une mélodie dans ces mots, celle de l’enfance, de la famille, du regret ou du plaisir, des interrogations, il y a la vie en somme.
C’est superbement écrit, on plonge dans l’époque, dans les souvenirs, comme s’ils nous appartenaient. Par moments j’ai regretté qu’il n’y ait pas vraiment d’intrigue, que ce ne soit pas simplement un roman, car je suis sure qu’il y avait de la matière dans cette vie en faire un roman. Mais malgré ces très courts moments j’ai largement apprécié, c’est une bien étrange et intéressante découverte.
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