A gagner : la BD jeunesse adaptée du classique de Mary Shelley !
Des poèmes, oui, mais en prose, ce qui n’enlève rien au rythme et aux images que suscite la phrase.
Le poème se présente comme un journal de bord qui décrit chaque aube que la poétesse vient cueillir.
« …quelque chose là se donne, un don absolu fait de vaste, de silence et de clarté lunaire. »
Chaque date précisée nous permet de suivre l’évolution de saisons et celle de la poétesse qui mêle ses pensées au spectacle chaque jour renouvelé de la nature
« Il y a tant d’oiseaux soudain que la neige même, retombée légère cette nuit, en a une fraîcheur printanière. »
Bernadette Angel Roux est d’une précision picturale, comme le peintre qui cherche la nuance exacte à petites touches de son pinceau. Chaque mot est cette touche légère de couleur.
« « Aurore est trop femme, divine levée déjà dans son histoire, traînant autour d’elle la traîne de sa fable. Et aube trop précis, trop auréolé d’un blanc que la nuit du matin ne tient pas en elle »
Il s’établit une connivence silencieuse entre le poète et le jour qui se lève, et qui permet sans doute la rencontre véritable. Ce qui permet d’écouter d’autres voix, « les voix venues du livre. »
Le jour est un personnage à part entière qui s’invite dans la maison
« …j’y découvre l’ombre de ma main. Le jour est bien levé. Il est entré chez moi. »
Ce texte touche à l’universel. Dans ce face à face avec la lumière de l’aube, on pense à la vie, et, inexorablement au déclin annoncé par l’arrivée de la nuit. C’est notre rapport au temps à travers le jour qui se lève et s’écoule. Mais l’aube, en faisant reculer les ténèbres, repousse aussi nos peurs et nos démons.
Bernadette Angel Roux nous dit aussi que la seule réponse face à la nuit finale est « le poème ou pour le moins une certaine forme de parole. »
Cette méditation n’est pas toujours d’une lecture aisée, surtout dans la seconde partie où abondent les références littéraires, mais chacun y trouvera son intérêt ici ou là car l’aube est vaste.
Je retiens de ce texte la méditation et la sérénité, indispensables pour accueillir la lumière naissante.
« Ainsi, d’aube en aube, se sont vrillées ensemble une contemplation et une méditation, dans une solitude et un silence qui furent la condition même de leur possibilité. »
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