Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Dans ce roman très sombre, sorte de conte cruel, le lecteur suit une fugitive devenue gibier pour ses poursuivants.
Il s’agit d’une jeune orpheline muette qui a fui la maison où elle était placée comme bonne. Dans sa fugue, elle emporte le bébé dont elle s’occupait.
« Elle avait emmailloté l’enfant et s’en était allée par l’arrière. Elle avait pris un de ces chemins hors de la ville. Loin des rues et dans les bois.
C’était mieux pour eux deux. Partir de cette maison. La seule issue. »
A ses trousses, un braconnier et son chien pour suivre sa trace, Ils accompagnent le prêtre qui tient à rattraper la fugueuse. Nul autre que lui ne doit lui mettre la main dessus.
La fille et le bébé- on ne connaitra pas leur nom- s’enfoncent dans les forêts, les landes qui entourent les lacs au nord de l’Angleterre. Il faut avancer pour sa survie, se nourrir, mal, de ce qu’on trouve ou de la charité des gens rencontrés. La fille, muette, se méfie de tous, de tout. Malgré son jeune âge, elle semble avoir une grande expérience de la vie et, surtout de la violence.
La violence, elle va la rencontrer sur son chemin, arrivera parfois à la fuir, la flairant comme un animal. Et, peu à peu, la fille se mue en animal, suivant son instinct de bête traquée, l’enfant blotti dans son dos. La nature, omniprésente, n’est pas toujours apaisante. Les paysages de forêts et de lacs sont magnifiques mais hostiles à qui veut survivre Il faut se protéger de la pluie, du froid, trouver de l’eau, se cacher dans les taillis et, surtout, trouver de la nourriture.
« La fille s’était fait un nid avec les fougères. Une aire primitive et terrienne.
Elle s’y enfouit puis ramena les plus grosses branches au-dessus d’elle. Tandis que la nuit tombait tout autour elle se fit un oreiller de mousse. »
Peu à peu, se dévoilent des pans de son histoire marquée par la maltraitance et le mépris. Quant au prête, on frissonne devant sa personnalité trouble et sa perversion. Il cite les écritures mais son comportement n’a rien à voir avec la charité chrétienne. Il y a du paganisme, un relent de secte dans cette foi qui guide les pas du prêtre.
En lisant cette histoire, j’ai pensé à ce film « La nuit du chasseur » où deux enfants orphelins et sans aide sont poursuivis par un pasteur diabolique. Il en est de même dans ce roman où la jeune fille et le bébé paraissent bien faibles et impuissants face à la détermination du prêtre.
Le style est acéré, efficace. Il prend les accents rocailleux de cette nature rugueuse. On frissonne, on se sent oppressé en attendant le dénouement qui ne peut être que terrible.
La traduction est un sans-faute au plus près de cet univers impitoyable.
Même si ce récit m’a tenue en haleine, je l’ai trouvé impitoyable et terrible, sans nous laisser espérer le moindre petit bout d’espoir dans ce ciel plombé.
La campagne britannique n'est pas toujours riante : la voici qui sert de décor à un conte noir aux accents gothiques, une scène de chasse où le gibier est une jeune femme et le chasseur un prêtre diabolique.
Mais ce sera un tableau plus proche de Jérôme Bosch que de John Constable.
L'anglais Benjamin Myers n'en est pas à son coup d'essai et semble s'être fait une spécialité de romans noirs qui prennent place dans la campagne britannique.
On le découvre ici avec sa toute dernière histoire traduite en français : Le prêtre et le braconnier.
Ça s'appelle Beastings en VO : tout un programme pour cette traque lugubre dans un décor vénéneux (comme les champignons), aux couleurs de la fin sinon du monde, du moins de l'humanité.
Les personnages n'ont pas de nom : la jeune fille, le bébé, le prêtre et le braconnier, voici les protagonistes de la chasse à la femme qui est lancée dans les landes de Cumbrie, aux frontières de l'Ecosse.
La jeune fille, sans doute muette et un peu simplette, s'enfuit de la maison où elle avait été placée par le curé qui gère un orphelinat. Dans sa fuite, elle emporte avec elle le bébé de la famille.
On devine un passé lourd de maltraitances (très lourd) : le prêtre est connu pour être un peu trop proche de ses brebis.
Le père de famille demande au curé de lui ramener son enfant. Le berger entend bien récupérer la brebis égarée de son cheptel et, pour la traquer dans les landes, il va se faire aider par un braconnier.
Une chasse à la femme qui va durer plus longtemps que ne le pensait le braconnier ...
Mais le prêtre est tenace et s'obstine dans sa traque.
Dieu ... et peut-être aussi un peu de coke, Monseigneur. Pour aider.
Le dénouement sera à la hauteur de cette traque “infernale” (au sens propre du terme) : les banshees, créatures mythologiques celtes, seront même invoquées ...
Benjamin Myers fait preuve d'une écriture saisissante, ses phrases courtes et brutales, dépourvues de virgules, dessinent une prose aux accents gothiques, aussi rugueuse que la laine épaisse dont il faut se vêtir dans ces terres froides et humides.
Ça gratte et ça démange : on a les pieds dans la gadoue, on est mouillé, on a froid, on bouffe ce qu'on peut, les conserves à même la boîte, on fait ses besoins quand on peut, on se lave encore moins souvent, on crève de soif et de faim, on sue et on pue, on souffre et on survit ...
Voilà une écriture au plus près des corps et de la terre, servie par une belle traduction de Clément Baude : une prose qui rappelle parfois celle de Terres promises de Bénédicte Dupré la Tour, paru cette automne également.
Ici les protagonistes n'ont même pas de nom, peut-être parce que le véritable personnage de ce roman pourrait bien être la campagne anglaise elle-même, encore plus sauvage que ceux qui l'habitent.
La violence est très présente, fortement ressentie mais, paradoxalement elle n'est qu'à peine évoquée : on devine, plus qu'on apprend, le passé terrible de la jeune fille, un calvaire indicible, ce qui nous laisse imaginer le pire.
Et même pour le dénouement, le lecteur n'arrivera que trop tard, condamné à deviner ce qui a bien pu se passer ...
On est finalement terrifié, non pas par ce que nous décrit Benjamin Myers, mais par ce qu'il nous donne à imaginer. Voilà un auteur bien retors.
Les esprits chagrins pourront regretter que les personnages soient proches de la caricature. C'est plus un conte, une fable, qu'un véritable roman noir. Comme si l'auteur voulait préserver son lecteur et instaurer une distance salutaire avec cette sinistre histoire.
Plusieurs attaques au couteau ont lieu dans cet endroit, situé au fin fond de la vallée des Pennines en Angleterre .L'ambiance est particulière dans ces endroits isolés, la justice est rendue par les villageois alcoolisés. Tony Garner braconnier ,simple d'esprit est le coupable idéal. Je m'attendais à une fin haletante....j'étais déçue.
Un polar anglais noir et violent, un flic cabossé. Une disparition d'adolescente. Un histoire qui a hanté mon weekend.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !