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Hipparchia vécut en gros de 346 à 280 avant notre ère, en Grèce. Fille d'une bonne famille riche, prête à marier, elle a déjà été refusée par plusieurs prétendants parce que la belle prétend réfléchir, philosopher et, outrage suprême se mêler des conversations qui, si elles ne parlent pas étoffes et tenue de maison, sont strictement réservées aux hommes. La voici qui arrive à Athènes pour rencontrer et épouser si affinités Kallios.
"- Plus de 65 000 personnes vivent à Athènes. Étrangers inclus.
- Sans compter les femmes et les esclaves, je suppose ?
- Évidemment... On ne compte pas les chevaux non plus." (p.64/65)
Elle y retrouve Métroclès, son frère, qui étudie la philosophie. Elle-même, grande lectrice de Socrate, Aristote, et curieuse, use de subterfuges pour aller écouter Cratès qui a renoncé à toute possession et philosophe dans les rues, pauvrement vêtu. Il est à la fois la risée des uns et le penseur des autres, prônant une vie simple, que la valeur d'un homme ou d'une femme ne se mesure pas à ses richesses. Bref, un philosophe cynique, de l'école de Diogène. C'est Cratès qui est réputé être le père du stoïcisme bien aidé par Hipparchia.
Excellent cet album qui met la philosophie à la portée de tous, qui la rend attrayante et qui la fait drôlement résonner et raisonner dans notre monde actuel. Cratès et Hipparchia seraient taxés de décroissants voire d'intégriste écologistes et féministes par certains, de nos jours. Et sans doute, si leurs idées avaient été davantage suivies, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Ils enseignent le minimalisme, s'opposent aux classes sociales, sont féministes, contre les normes et les conventions, pour le respect de la nature...
J'aime beaucoup le format de la BD, le ton général qui n'hésite pas à mettre de la légèreté, de l'humour, le propos bien évidemment et le dessin que je qualifierais de naïf qui est en grande partie responsable de l'attractivité de l'ouvrage, du fait que l'on y entre aisément et que l'on y reste. Un album à mettre entre toutes les mains, surtout celles des plus matérialistes d'entre nous, qui peut se lire à tous les âges.
Barbara Stock est néerlandaise et a reçu un prix en 2009 que je ne résiste pas à nommer tant le nom est beau : le Stripschappijs.
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