Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Je suis gênée de dire coup de cœur pour cet essai tant le propos est abominable. J'ai plutôt ressenti comme un énorme et désespérant coup de poing. Les femmes ordinaires dont nous parle Barbara Necek démentent vraiment la maxime tirée du poème de Louis Aragon. "L'avenir de l'homme est la femme".
L'auteur commence par nous décrire le contexte économique de l'après première guerre mondiale qui a permis l'éclosion de la doctrine nazie. Les femmes y sont considérées comme des êtres inférieurs, juste destinées à la procréation et confinées à la maison. Ça n'a pas empêché un grand nombre d’entre elles de s'enthousiasmer pour le führer et d'adhérer à ses doctrines. Elles ont grandement participé à son accession au pouvoir.
Les hommes étant tous à la guerre, il a bien fallu que des femmes les remplacent pour certains travaux. C’est ainsi qu’elles ont été recrutées dans des camps de femmes. Elles ont voulu montrer qu'elles étaient mieux que les hommes et ce fut un déchainement de violence et de cruauté. Ces femmes étaient souvent très jeunes et peu instruites, ce qui n'excusait pas leur participation à toutes les atrocités commises dans les camps. Rien ne les obligeait à y travailler, sinon leur désir de sortir de la misère et de monter dans l'échelle sociale.
Et les procès ! Après la guerre, peu de femmes ont été condamnées, considérées comme de petits rouages du nazisme. Souvent sous un autre nom, elles ont commencé une nouvelle vie, certaines toujours convaincues de la suprématie aryenne. Dans l’opinion allemande, une femme, par essence, ne pouvait être un bourreau alors que, pendant des années, le discours officiel avait loué que leurs vertus, dites féminines, au sein de la famille.
Je ne regrette vraiment pas d'avoir fait l'effort de lire Femmes bourreaux. C'est effrayant mais passionnant. Barbara Necek a réalisé un énorme et minutieux travail de documentation pour écrire cet essai. Elle s'est basée sur de très nombreux témoignages en lisant les minutes des procès, en confrontant les souvenirs des rescapées et les écrits des anciennes gardiennes. A lire pour éviter que ça arrive à nouveau !
https://ffloladilettante.wordpress.com/2023/02/21/femmes-bourreaux-de-barbara-necek/
Le titre et la photographie de couverture m'ont attiré pour lire ce livre. Il aborde, il me semble, un sujet peu chroniqué, le rôle des femmes sous le Reich, qu'elles soient auxiliaires des camps (infirmières) ou gardiennes. Et c'est surtout le rôle de ces gardiennes dont va nous parler Barbara Necek.
La photographie de couverture a été prise en 1944, et est celle de Herta Lutz, l'une des gardiennes des camps de concentration, l'une des 4 000 femmes qui ont servi dans ces camps. Les photographies annexées en fin d'ouvrage sont très impressionnantes aussi.
Ce livre est dans ce qui se nomme le "taterforschung", c'est à dire l'étude des bourreaux. Il a été logique et nécessaire de dire, d'écouter les victimes mais de parler du point de vue des "mauvais", des bourreaux permet aussi d'appréhender et peut être un peu de comprendre des faits. J'avais déjà lu sur ce "taterforschung", que ce soient sur les généraux ou gardiens de prison, que ce soit en Amérique Latine ou en Asie. Un travail des fois peu compris mais qui permet aussi de comprendre et d'appréhender des moments terribles de l'histoire.
Barbara Necek nous parle aussi de ce qui a conduit à ce moment terrible de l'Histoire et de l'après et du présent.
Dès 1919, le suffrage universel est accordé en République de Weimar, universel veut bien dire aux hommes et aux femmes. Puis l'instabilité politique, économique, social va conduire comme nous le savons vers cette période sombre. En 1926, est créée la première union des femmes nationales-socialistes. Et entre 1933 et 1945, environ 13 millions de femmes font partie d'une organisation du Reich. Mais la femme doit être un modèle, une bonne épouse, une bonne mère et ne pas prendre trop de responsabilités, tout de même. Mais le pouvoir a besoin de main d'œuvre (personnel dans les usines d'armement) et avec la mise en place d'une politique répressive, des prisons et des camps exclusivement féminins vont être construits. Et pour garder des femmes, il faut mieux des femmes. Du premier camps de Voringen puis au fameux château de Lichtenburg et aux 13 camps de femme à la fin de la guerre, le pouvoir nazi va mettre en place son système de recrutement, d'employabilité des femmes dans les camps. Le camps de Ravenburck va être le premier camps construit spécialement pour les femmes et il va devenir un véritable lieu de formation et de gestion administratives des gardiennes de camps, 3 500 femmes vont y être formées dont 150 gardiennes de camps.
"Un salaire alléchant, des logements décents et un uniforme pour faire un travail réputé facile : beaucoup de femmes issues de milieux défavorisées, peu éduquées, aux ambitions professionnelles déçues ont en effet l'impression d'être devenues quelqu'un."
L'auteure va alors nous présenter quelques gardiennes et leur itinéraire.
Puis à la fin de la guerre, il va y avoir peu de procès, de condamnation, peu de documentations sur le rôle de l'IKL, inspection des camps de concentration. Mais grâce à l'acharnement de certains, des procès vont alors lieu. Mais quel constat à la lecture de certains procès.
Que ce soit le procès en 1977 d'Hermine Braunstein, gardienne, de Nildegard Leckert, surnommée Brygida la sanglante. Ce procès va durer trois ans.
"Selon le code pénal allemand, les gardiennes sont traitées comme de vulgaires criminelles de droit commun, à qui il faut prouver qu'elles ont du sang sur les mains. Chaque crime commis doit être étayé par des preuves et des témoignages concordants".
A l'issue de ce procès, trois gardiennes sont acquittées, Hermine Ryan, condamnée à perpétuité puis graciée au bout de 15 ans, Hildegzard Lacherit à 12 ans de prison. Et Nildegard Leckert a pu être candidate en 1979 aux élections européennes, malgré son passé (!!).
Un texte très documenté, des chiffres mais aussi des portraits de femmes. Et j'ai été très impressionnée par certains comportements et je pense qu'il faut continuer à documenter, à en parler, à tenter de comprendre mais sans pour cela pardonner. Cette banalité du mal peut encore et encore se produire et il faut donc rester vigilant. J'ai beaucoup aimé la dernière phrase de ce livre :
"Cette histoire n' pas fini d'être écrite. Nombreux sont les historiens qui pensent que les greniers allemands recèlent encore de trésors sous forme de journaux intimes ou de mémoires que la génération des enfants garde honteusement dans le secret. Il incombe à la génération suivante de les rendre à la lumière de l'Histoire. Pour qu'on n'oublie jamais."
#Femmesbourreaux #NetGalleyFrance
Sur la photo de couverture figure une jeune femme blonde aux yeux clairs. Elle pose là en uniforme pour un portrait qu’elle destine à ses parents. Le regard est droit et fixe le spectateur. Un léger sourire fleurit sur les lèvres de la jeune femme. Elle tient à la main une laisse au bout de laquelle se trouve un berger allemand qui porte lui-même un uniforme orné des runes SS. Cette photo, prise en 1944, est celle de Herta Lutz, l’une des gardiennes des camps de concentration. L’une des 4 000 femmes qui ont servi dans ces camps et auxquelles s’intéresse Barbara Necek ici.
C’est un récit inédit que nous livre ici l’auteure en se basant sur des témoignages, les minutes des procès d’après-guerre, les propres écrits des gardiennes. Et cela semble avoir été un véritable travail de fourmi car il y a finalement peu, voire pas, d’écrits à ce sujet.
Barbara Nacek analyse ce qui a conduit ces femmes à devenir les pires des tortionnaires. A partir de 1939, elles seront formées à Ravensbrück avant de rejoindre les différents camps réservés aux femmes. C’est là qu’elles vont laisser libre cours à la plus inhumaine des violences et à une cruauté sans limite. Issues des classes populaires, pour la plupart assez jeunes, elles sont recrutées par bouche à oreille, petites annonces ou sur leur lieu de travail. Leurs postes dans les camps vont leur permettre une forme d’ascension sociale et surtout de disposer d’un pouvoir dont elles vont abuser, couvertes par un pouvoir politique qui prône l’extermination.
A l’issue de la guerre pourtant, très peu d’entre elles seront jugées et condamnées. Refus d’admettre que des femmes ont pu se livrer à de telles horreurs ? Focalisation sur les hommes du parti nazi ? Le rôle des femmes est très peu évoqué et beaucoup pourront se faire oublier et commencer de nouvelles vies en Allemagne ou ailleurs malgré le travail acharné des chasseurs de nazis.
C’est un livre passionnant par le regard qu’il porte sur la population féminine allemande et sur son activité durant la seconde guerre et qui démontre que l’inhumanité n’est pas réservée aux hommes.
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