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Ah les soldeurs et leurs offres auxquelles on ne peut résister ! L'an dernier, en parcourant les rayons de l'un de ces magasins, je suis tombé sur ce livre d'Aude Lhôtelais que l'enseigne (dont je vais taire le nom) vendait pour à peine 1 euro. Parce que j'achète plus de livres que je n'en lis, que ce recueil était paru chez Ravet-Anceau, un éditeur nordiste et qu'il faut bien être chauvin de temps en temps, j'ai craqué et me suis promis, pour changer, de le lire rapidement. Bien entendu, il s'est écoulé plusieurs mois avant que je ne reprenne le livre en mains, mais cette semaine, il restait un créneau dans mon planning de lecture et j'ai décidé de lui faire un sort.
Je me suis donc lancé à l'assaut de "Curieuse..." avec ma bienveillance habituelle, une bienveillance - recueil de nouvelles oblige - que je me suis efforcé de retrouver avant chaque texte afin que la plume de l'autrice ait toute la latitude nécessaire pour me convaincre. 118 pages plus tard, force est de reconnaître que de ce côté-là, l'échec est cuisant.
D'emblée, j'ai été interpellé par la narration. Je n'avais pas l'impression d'être face à des nouvelles, mais à des résumés de nouvelles. Tous les textes sont hachés, ponctués d'ellipses, d'avancées dans le temps, chaque scène importante ayant droit à une sorte de prologue. Régulièrement, on a l'impression d'être en face d'une succession de sensations, de réflexions vaguement romancée. Cela donne du rythme à l'histoire, rend la lecture plus facile, plus rapide, mais d'un autre côté, Aude Lhôtelais donne souvent l'impression d'aller trop vite, de ne pas aller au fond des choses. L'histoire est parfois tellement dissoute dans le temps et pétrie de bons sentiments qu'on s'attend presque à voir la nouvelle se terminer par un "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
Car voilà, ce n'est malheureusement pas le seul reproche que l'on peut faire à ce recueil. Il souffle sur l'ensemble un angélisme un peu gênant que la psychologie simpliste des personnages n'arrange pas. Ceux-ci traversent ces histoires naïves, occasionnellement touchantes ("Ma ville", La fourmillère") mais régulièrement invraisemblables. Comme elle l'explique en prologue, Aude Lhôtelais aborde dans ce recueil des thèmes qui lui tiennent à coeur - scandales pharmaceutiques, racisme, isolement des personnes âgées -, des intentions fort louables sur le papier, et pourtant difficile de ne pas trouver improbable la vengeance à l'oeuvre dans "Curieuse" ou la dénonciation du racisme dans "Merci Maître" (l'entretien entre le personnage et son examinateur lorsqu'il passe le concours du barreau pour ne citer que cette scène).
Tout n'est pas à jeter dans ce recueil. "Curieuse..." se lit très bien, très vite. Le fait d'avoir inclu des références récurrentes au jazz, à la musique au sens large nourrissent les récits et il faut avouer également que certaines nouvelles démarrent bien, mais cela pèse peu face à toutes les réserves évoquées plus haut auxquelles il faut ajouter une certaine répétition, certaines nouvelles semblant être construites sur un schéma identique ("Curieuse" et "Riche" par exemple). À vrai dire, seule une nouvelle m'a vraiment interpellé, "Vous m'avez tués" même si elle a des allures de publicité choc contre l'alcool au volant.
Je n'ai donc pas été conquis par cette première incursion dans l'univers d'Aude Lhôtelais et j'en suis le premier désolé. Cela ne m'empêchera pas, si l'occasion se présente, de lui laisser une autre chance.
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