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Astrid de Laage, à partir d’un lien de parenté, plonge dans la vie de Charlotte Corday. Elle part de la scène de crime qui a uni (conclusion du livre et apogée dramatique finement mise en scène) les destins de Marat et Charlotte Corday pour apprivoiser les parcours de l’un et l’autre. Elle avance avec précaution et minutie, enlevant le vernis de l’histoire qui a figé ses deux figures. L’autrice capte ces deux êtres et apporte de la nuance et rappelle les questionnements (idéologiques et sentimentaux) qui peuvent les éclairer. Le livre n’est pas un bréviaire historique. C’est un point de vue intime sur ces deux personnages marquants de la Révolution française.
La période foisonnante, passionnée et violente, est un cadre idéal pour ce livre et Astrid de Laage est portée par cette énergie. Quand elle se concentre sur sa famille actuelle, le rythme est différent. Ces parenthèses souffrent de la comparaison avec l’aura qui entoure Charlotte Corday. En abordant la Révolution française, Astrid de Laage observe un monde en pleine construction : une France qui quitte l’Ancien Régime pour un autre horizon. Des professions se fondent comme celle de journaliste avec une liberté de la presse acquise mais perçue dangereusement parfois ou encore député dont les débats sont tonitruants parfois et dont la parole peut être coupée par la guillotine. Marat apparaît alors dans toute sa contradiction comme journaliste pointant les fautes de députés. Vigie de cette société ou prédicateur ? Ce rôle ambivalent permet d’aborder Charlotte Corday de diverses manières. Astrid de Laage tente de cerner la personnalité de sa lointaine cousine. Elle esquisse un portrait tout en nuances et en interrogations sans jamais se perdre dans des conclusions hâtives ou une accumulation d’anecdotes. En suivant le parcours de cette femme, on perçoit les mouvements idéologiques qui brassent l’époque, notamment cette volonté du consensus politique (ne pas vraiment abandonner l’Ancien Régime mais accueillir avec joie quelques idées de la Révolution) et cet appétit de liberté, d’expression. Ce portrait est également l’occasion de parler de la place des femmes dans le XVIIIe siècle, comme peut le faire le podcast de Philippe Collin consacrée à la Comtesse du Barry. Ce siècle aurait favorisé l’émergence des femmes mais ces deux parcours (sans plus de points communs que la contemporanéité) indiquent la violence qui s’est abattue sur elles, rappelant que les femmes n’avaient pas de place dans le débat public.
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