"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis leur naissance je suis les Editions Okama avec beaucoup de plaisir. Là, elle se sont alliées à une autre maison suisse romande BSN Press pour sortir une nouvelle collection – Tenebris – qui porte bien son nom d’après le premier ouvrage que je viens de lire "Le complexe d’Eurydice" d’Antonio Albanèse. Que dire de ce roman ?
A priori le personnage principal est tout ce qu’il y a de plus banal. Trentenaire, il est célibataire et professeur des écoles. Banal, c’est ce que je vous disais. Pour sortir de sa solitude, il s’inscrit sur un site de rencontres…A partir de là… les choses vont changer. C’est Lucrecia qui lui répond. Lucrecia est argentine et plus âgée que lui. Autant il est posé et calme, autant elle est impétueuse, éruptive, volcanique. Cette rencontre, basée sur un mensonge, que vous découvrirez, va donner lieu à une relation, pour le moins agitée.
J’ai beaucoup aimé l’écriture, simple et fluide, presque chirurgicale. J’ai aimé la construction, elle aussi d’une grande simplicité puisqu’elle est, en quelque sorte, chronologique. J’ai aimé les chapitres très courts qui relatent l’avancée des rapports des deux tourtereaux et confèrent au récit un rythme rapide qui pousse à avancer et entretient petit à petit un suspense grandissant. Continuer, savoir, comprendre l’engrenage qui s’installe insidieusement. J’ai aimé les particularités de chacun des personnages, subtilement détaillées. J’ai aimé l’étude de la transformation du narrateur, François. De l’homme tranquille qu’il était, juste passionné de natation, il change de comportement comme pour répondre à une demande de sa compagne. J’ai aimé cette impression de descente aux enfers, adroitement racontée. Les enfers, justement, c’est bien de ça dont il s’agit. François, poussé par une Lucrecia visiblement avide de sensations fortes, va se transformer en un être totalement opposé à ce qu’il semblait être.
"Nous existons exclusivement dans le regard des autres. Le regard que l’on cherche à séduire, dont on convoite le désir, le regard auquel on se conforme." Peut-être que justement le regard de sa compagne a fait naître chez François des instincts qu’il s’était jusque-là attaché à enfouir.
Un roman aux accents de mythologie grecque, un roman particulier, particulièrement noir mais addictif parce que fort bien mené.
https://memo-emoi.fr
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