"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1882, la famille Tafani et la famille Rocchini sont en conflit depuis des générations. Personne ne sait plus très bien pourquoi mais la mort d'un chien va suffire à déclarer une vendetta sanglante entre les deux clans, obligeant Xavier Rocchini à prendre le maquis où il se transforme petit à petit en véritable bandit.
Antoine Albertini mélange le romanesque d'une histoire vraie avec une étude historique et sociologique du crime en Corse. On suit d'un côté le parcours criminel de Xavier Rocchini, et de temps en temps l'auteur vient glisser quelques pages éclairantes sur l'appréciation clémente de la violence sur l'île, sur un banditisme presque culturel. Comme parfaite illustration, j'ai relevé cet extrait d'un arrêté municipal de la commune de Levie à l'époque :
Art I – Il est formellement interdit de porter des armes sur le territoire de la commune
Art II – Exception est faite pour les personnes notoirement en état d'inimité
Comment à la première offense il convient de ne répondre que par le sang ? Pourquoi la honte frappe tout individu qui ne venge pas un déshonneur subi ? Et pourquoi l'Etat français semble déjà en cette fin de 19ème impuissant voire désintéressé ? L'auteur n'apporte pas de réponses, il examine les faits, et à travers le parcours de Xavier Rocchini nous plonge dans une ambiance far west.
Le tout est totalement réussi, parfaitement intelligent et difficile à lâcher.
D’Antoine Albertini, j’avais lu et beaucoup aimé « Malamorte ». Dans « Un très honnête bandit », il nous raconte une histoire vraie, celle de Xavier Rocchini.
Le récit commence très conformément à ce que l’on pourrait s’imaginer d’une histoire se passant dans la Corse de la fin du XIXe siècle : un chien de la famille Tafani est retrouvé mort. Et comme « qui tue le chien, tue son maître », Jean-François Rocchini, soupçonné d’être le meurtrier du chien, est assassiné. Il sera vengé quelques temps plus tard par son fils Xavier, qui prend le maquis pour échapper à la justice.
Antoine Albertini introduit dans ce « true crime » (veru crimine?) un personnage fictif, celui du gendarme Franchi, un homme qui ne paie pas de mine, mais est redoutable pour arrêter les bandits recherchés depuis des lustres…Et si le personnage de Xavier, jeune homme tranquille pris dans le tourbillon d’une vendetta plus grosse que lui, peut sembler attachant au début du récit, le meurtre ignoble de sa jeune cousine de quinze ans, Jeannette, dévoile son véritable visage, celle d’un homme sanguinaire et mégalomane.
L’auteur, également journaliste, décrit les aventures sanglantes de Xavier et de ses compagnons de vice, les efforts du gendarme Franchi pour restaurer ordre et justice dans l’île, mais aussi toute la procédure judiciaire qui va s’en suivre, avec procès, prison…et exécution, menée par le bourreau Deibler, dont il dresse un portrait aussi cocasse que véridique, d’après les articles que j’ai pu lire sur lui.
Albertini ne s’arrête pas à ce fait divers, mais ouvre également le débat, en soulignant avec pertinence que la justice française n’a longtemps pas fait son travail en Corse, laissant ainsi un boulevard aux vengeances personnelles, ce qui a contribué à forger la réputation de l’île, amplifiée par la littérature de l’époque, entre les romans de Prosper Mérimée et les chroniques de Maupassant, Loti ou Daudet.
Un excellent ouvrage, riche et bien documenté, mais qui se lit comme un roman, et qui plaira aux amateurs d’enquêtes criminelles…et de la Corse !
Cultivateur près de Porto Vecchio, Jean-François Rocchini est assassiné car il est soupçonné d’avoir tué le chien d’une autre famille, les Tafani. Quelques temps plus tard, Xavier Rocchini va à son tour assassiner l’un des membres de la famille Tafani puis prendre le maquis pour échapper à la vengeance. Il endosse alors une vie d’errance, faite de crimes et de vols, et durant laquelle il va acquérir le surnom d’Animali, la Bête. Il sera finalement arrêté et condamné à mort, à seulement 24 ans.
Antoine Albertini nous raconte ici l’histoire de la Corse à la fin du XIXème siècle. Une île sur laquelle règne la loi du Talion (œil pour œil) et où les habitants ont pris l’habitude de se faire justice eux-mêmes sans attendre l’intervention du continent.
C’est un éclairage intéressant qui, au-delà du principe de vendetta mis en place et de ce que le récit raconte de la vie de ce personnage de Xavier Rocchini, analyse aussi les rapports entre la Corse et le continent et ce mécanisme de vendetta qui s’est instauré, alimenté par des haines générationnelles qui se perdent dans la nuit des temps.
Le livre est par ailleurs quasiment scindé en deux parties avec la première qui raconte la vie au maquis de Xavier, une vie exposée à de multiples dangers et mais surtout une vie de violence au cours de laquelle le jeune homme va devenir cet être sans foi ni loi, capable même de se rendre coupable du meurtre d’une jeune fille. Et une seconde partie après sa capture, dans laquelle le lecteur va découvrir un bourreau atypique et suivre le voyage de la guillotine depuis le continent jusqu’à la Corse. L’occasion de quelques scènes savoureuses mais qui démontre aussi très bien toute la complexité de la justice et la peur qui est née des légendes forgées autour de l’île et de ses habitants.
Antoine Albertini se livre ici à un travail quasi journalistique, on sent qu’il a beaucoup cherché et lu pour être au plus près de la réalité de cette époque et pour rendre le plus crédible possible ce récit tiré d’un fait réel. Il décortique ainsi les faits, leur donne leur pleine signification et c’est en cela que le livre est particulièrement réussi.
A travers la vie de Xavier Rocchini, issu d’une famille républicaine de Muratello, ce roman retrace l’épopée des bandits corses au XIXème siècle.
Antoine Albertini nous plonge dans une aventure épique à travers les montagnes et les sentiers escarpés de l’île, sur les traces de ces hors-la-loi sanguinaires, obéissant à d’ancestrales règles et ne se soumettant à aucune loi.
Très documenté et mêlant la narration à des analyses historiques, l’auteur nous révèle « un inextricable réseau de complicité, d’amitiés, de passe-droits qui leur permet de passer entre les mailles du filet».
Il nous entraine dans la fuite, courte et intense, de ce bandit surnommé l’Animali (la Bête), nous parle des méthodes peu orthodoxes du gendarme Franchi qui l’a traqué et nous raconte la vie étriquée et ordonnée du bourreau Deibler chargé de son exécution.
Il est clair, qu’après avoir lu cette histoire, nous ne regarderons plus la Corse de la même façon et nous comprendrons certainement mieux les résurgences de ce passé, dans certains événements plus contemporains.
Quand un journaliste corse raconte son île avec tant de clairvoyance, le résultat est captivant, instructif et brillant.
Un roman coup de cœur qui m’a passionnée et que je conseille vivement à tous les lecteurs férus d’Histoire et de traditions insulaires.
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