"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un premier roman qui est une vraie saga. Nous allons découvrir trois héroïnes, trois époques et Pondichéry.
Alice, pianiste, dans les années 30 qui a suivi son mari qui est médecin chargé de la léproserie.
Oriane, dans les années 50 qui revient après avoir passer son enfance et va essayer de retrouver des souvenirs, des êtres qu'elle avait croisé.
Céline, dans les années 20212 qui est sage femme et qui va découvrir la vie difficile en Inde malgré la beauté du pays et la gentillesse des habitants.
Et il y a aussi d'autres personnages, peut être un peu trop car quelquefois je me suis perdue entre les époques et les femmes qui jalonnent cet ample roman.
De beaux portraits de femmes, des références historiques intéressantes (le rôle de la France, la révolution de Gandhi, la situation de milliers de pondichéryens qui ont opté, en janvier 1963, pour la nationalité française.. ) sur la France et ses relations avec l'Inde, des années 30 à nos jours (un beau portrait d'une documentariste française qui va nous parler de prostitution enfantine, de travail des enfants...), des pages sur la musique (Céline dans les années 30 est pianiste et aimerait continuer à pratiquer (un beau portrait d'un accordeur local), sur la photographie (Lila et la recherche de veilles photos), sur la littérature (quelques clins d'œil sur des publications d'époque (Virginia Woolf, la voie royale de Malraux..).
L'auteure nous décrit la vie quotidienne, le travail dans les hôpitaux (léproserie, maternité...), le travail commercial à travers le port (des pages sur l'indigo, sur le travail des transporteurs...), les différentes religions qui se côtoient dans Pondichéry (ashram...) la nature (des pages sur les moussons)
Un livre riche, ample, foisonnant, peut être un peu trop mais en tout une belle saga avec des beaux portraits de femmes. Quand le romanesque nous décrit l'histoire politique, sociale de Pondichéry.
#Pondichéryoulerivagedesombres #NetGalleyFrance
Trois femmes, trois époques et Pondichéry
Pour son premier roman, Anne Vantal a laissé courir sa plume pour raconter Pondichéry à travers trois périodes, les années 1930, 1950 et en 2012 à travers trois portraits de femmes. Alice, Oriane et Céline vont nous faire découvrir cette ancienne colonie française avec leur regard curieux.
Ce n'est pas un premier roman que nous offre Anne Vantal mais plutôt trois romans en un, racontant les vies à Pondichéry d'Alice, Oriane et Céline. Au fil des chapitres qui passent successivement d'une histoire à l'autre, on va voir se dessiner une traversée du siècle à travers les destins de ces trois femmes.
Chronologiquement, c’est d’abord Alice qui entre en scène. Nous sommes en 1930, au moment où Gandhi entame la marche du sel, action non-violente mais aussi démonstration de la puissance et de la détermination de cet homme qui entend redonner son indépendance à son pays.
Si les autorités françaises regardent d’un œil curieux cette poussée de fièvre, ils ne s’inquiètent pas vraiment de leurs confettis de territoires formant l’Inde française, mais songent plutôt à développer leurs possessions coloniales. La crise qui frappe les Etats-Unis est bien plus préoccupante à leurs yeux.
Quand Alice débarque pour rejoindre son mari médecin, il lui présente les projets d’agrandissement de l’hôpital et la construction d’une léproserie dont il aura la charge. La jeune femme, pianiste virtuose, s’est liée d’amitié durant le voyage avec Mabel, une Britannique installée à Bombay. Grâce à cette dernière, elle réussira un peu à tromper son ennui en donnant quelques concerts et à être informée des soubresauts du pays.
Pour Oriane, c’est un retour au pays, en 1950. Après un événement tragique, dont elle ignore presque tout, la décision avait été prise de rentrer en France alors qu’elle n’était qu’une enfant. Profitant d’un stage au sein d’une association humanitaire, elle va pouvoir partir à la recherche de ses racines et tenter de percer les secrets de famille. Lorsque sa route croise un témoin très proche de ses parents, elle va entamer une quête qui la mènera jusqu’à retrouver son ancienne nounou et découvrir ce qui l’attache à ce pays désormais indépendant. Côté français, Chandernagor est rendue à l’Inde et les autres comptoirs ne vont, on s’en doute de plus en plus, pas tarder à connaître le même sort. De quoi nourrir les conversations et échauffer les esprits.
Enfin, on fait la connaissance de Céline, qui arrive en 2012 dans l'ex-comptoir français. La sage-femme, qui découvre une ville en pleine mutation, va tomber sous le charme suranné du lieu, se découvrir en Sandrine bien plus qu’une collègue et trouver dans un hydrologue allemand un compagnon qui va au fil des jours, réussir à transformer leur liaison en un amour grandissant. Alors qu’elle songe à prolonger son séjour, elle découvre dans la cuisine de la maison qu’elle loue de vieilles photos qui vont l’intriguer. Avec l’aide de Sandrine, elle va tenter d’en savoir plus sur ces visages et sur leur vie à Pondichéry. Leur enquête va permettre, on s’en doute, de boucler la boucle de ce roman ambitieux.
Anne Vantal s’est beaucoup documentée pour nous offrir un panorama de près d’un siècle sur ce bout de France coloniale dont le nom, avouons-le, continue à faire rêver. Mais rassurez-vous, le romanesque prend ici le pas sur l’Histoire et la politique. Intrigues familiales, relations entre colons et autochtones, drames et catastrophes naturelles forment les ingrédients de cette riche saga.
Mais, comme le suggère le titre, Pondichéry ou le rivage des ombres, est aussi un roman de la transmission. «Car il ne faut jamais chercher à effacer les morts, (…) on doit les laisser partager nos vies, car ils y ont leur place, s'ils savent se tenir bien, juste au bord de nous, sans nous envahir, sans nous jeter à tout instant dans un chagrin mortel. Nos disparus nous accompagnent silencieusement, nous guidant la main et éclairant notre chemin : à nous d’accueillir, avec respect et indulgence, la cohorte de ces ombres qui nous lient au passé et reviennent à nos côtés jouer avec la lumière.»
Ajoutons, pour ceux qui s’intéressent à Pondichéry, une bibliographie succincte. Je vous conseille tout d’abord le roman de Dominique Marny intitulé Du côté de Pondichéry et qui traite de présence française sous le Second Empire. Sur les dernières années de la Pondichéry française, Terminus Pondichéry de Hubert Huertas montre bien le drame vécu par les populations. Enfin La dernière fois à Pondichéry de Catherine Brai propose, derrière le personnage d’une prof de français, un bel aperçu du choc des cultures.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Pondichéry ou le rivage des ombres… Le titre à lui seul est une invitation au voyage… J’ai été happée par ce récit qui nous dépeint l’ancien comptoir français à différentes époques, au cours des années 1930, 1950 et 2000, et j’ai été envoûtée par la course folle de la plume d’Anne Vantal pour nous conter le destin noué de trois françaises expatriées dans cette ville, qui ne s’attendent nullement aux bouleversements qui vont respectivement transformer leurs vies…
Nous suivons tout d’abord Alice, une femme de 25 ans, fraichement mariée qui débarque à Bombay en 1930 pour rejoindre Jules, son époux, médecin dans une léproserie. Le couple s’installe ensuite dans une villa de Pondichéry où la jeune femme exerce ses talents de pianiste lors de récitals auprès de la haute-société. Au cours d’une correspondance avec sa soeur Jeanne, elle dévoile ses premiers émois face à une ville qu’elle ne connait pas et à une population locale qu’elle a hâte d’apprécier. En 1950, Oriane, française elle aussi, retrouve Pondichéry, sa ville natale, dont elle ne garde que de vagues souvenirs. Elle loge chez Madeleine, une amie de sa tante, et s’occupe avec elle de bonnes oeuvres. En 2012, Céline est une jeune sage-femme dévouée à son métier qui officie à l’hopital de Pondichéry. Elle a quitté la France pour échapper à un drame familial. Ce voyage serait-il pour elle l’occasion de se reconstruire ?
La comparaison avec La Tresse de Laëtitia Colombani m’est venue à l’esprit au cours de ma lecture, ainsi que l’image d’une broderie délicate autour de la vie de trois femmes à différentes époques, qui bien sûr ne se rencontrent pas mais qui sont indéniablement liées. Pondichéry ou le rivage des ombres est un roman dense, développé, dont la construction est habilement maitrisée. Le travail de recherches d’Anne Vantal a dû être conséquent pour produire un roman aussi riche de détails tant sur le plan culturel, géographique et historique. J’ai aimé le style de l’auteure, la préciosité des termes employés et la quête exigeante d’un vocabulaire adapté. J’ai choisi de découvrir ce livre dans l’espoir d’en apprendre plus sur un pays qui m’intrigue et m’intéresse (comme tant d’autres) et sur lequel j’ai très peu de connaissance. J’ai été agréablement surprise d’être transportée au cours des pages de ce roman, à différentes époques dans un lieu aussi envoûtant que Pondichéry. Je parle d’immersion car j’ai appris beaucoup sur les diverses castes qui cohabitent parmi la population de la ville. Tout est décrit avec minutie, de la végétation luxuriante aux bâtiments et monuments issus de plusieurs générations et communautés.
Tout en préservant un style fluide et l’intérêt constant de son lecteur, l’autrice aborde les multiples problèmes qu’a connu ce pays au fil des ans. Ce roman incroyablement riche est ancré dans l’Histoire. La multitude de sujets évoqués font de ce récit une mine d’information sur Pondichéry et son passé tourmenté: du sort réservé aux petites filles indiennes qui, de tout temps, sont dénigrées, jusqu’aux doutes émis par la population locale sur les revers de la Grande Histoire. Un passé tourmenté autant que les vies de ces trois femmes, dont l’émouvant destin m’a profondément émue. Même si l’autrice est du métier depuis plusieurs années en tant qu’auteure jeunesse, il est important de souligner qu’il s’agit d’un premier roman. Si prenant et magnifique que je ne peux que vous le conseiller ! Je remercie vivement les Editions Buchet-Chastel et Netgalley pour leur confiance.
Nous voilà entraînés, avec cette grande saga, sur l’une des cinq colonies de l’Inde française à travers tout le XXème siècle.
Partageant la vie de trois françaises installées dans le comptoir de Pondichéry, c’est tout un mode de vie que nous découvrons et que l’on voit évoluer au fil des ans.
Ces femmes ont vécus à trois époques et racontent à elles-seules l’essor, le déclin et la fin d’une colonisation qui dura trois siècles.
Alice, pianiste et femme d’un médecin, arrive dans la ville en 1930 et doit s’adapter à une vie où l’art est une distraction de riche et où la pauvreté dans les populations locales est endémique.
Oriane, est née en Inde mais a vécu en France après la mort de sa mère et c’est à la recherche des ses racines qu’elle retourne, en 1950, sur les lieux de son enfance pour y exercer un emploi dans l’humanitaire.
Céline la sage-femme, travaille en 2012 dans une maternité tamoule et veut faire sa vie ici, dans ce pays devenu indépendant.
Traversant de grands évènements comme La marche du sel de Gandhi, la crise économique mondiale de 1929, la seconde guerre mondiale et l’Indépendance de l’Inde, la ville de Pondichéry connut également des épidémies meurtrières, des ouragans dévastateurs et des grandes grèves du textile.
Ce roman historique nous fait découvrir la vie des expatriés dans cette colonie française méconnue et l’engagement dont ils ont fait preuve pour s’y implanter.
Très documenté dans les domaines sociétaux et politiques, ce premier roman d’Anne Vantal est d’une grande richesse, malgré quelques longueurs. Il demande une certaine patience pour l’appréhender en totalité et il lui manque, à mon goût, l’énergie de l’action qu’on pouvait espérer dans cette lointaine contrée.
Tout en imprégnation, ce voyage est néanmoins prenant et enrichissant et je ne regrette pas de l’avoir entrepris.
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