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Je sors de cette lecture fortement éprouvée sur le destin tragique d'Ethel Rosenberg.
Ethel Rosenberg a été
exécutée le 19 juin 1953 sur la chaise électrique de la prison de Sing Sing à New-York alors qu'elle n'avait commis aucun meurtre. Pourquoi alors et qui est Ethel, jeune mère de 2 petits garçons, Michael 10 ans et Robert 6 ans.
La conférencière et journaliste britannique Anne Sebba traduite de manière remarquable par Danielle Lafarge s'attache à y répondre. Cet essai dresse le portrait absolument saisissant et bouleversant d'une femme intelligente née dans une mauvaise famille et à une époque qui n'est pas la sienne.
Ethel est la seule fille d'une famille juive immigrée de Minsk au début du 20ième siècle qui s'installa au coeur du Lower East Side de New-York. Après des études menées brillamment malgré la haine incompréhensible de sa famille envers elle, Ethel démissionna de son prestigieux travail à Washington pour suivre son mari Julius ingénieur à New-York.
Anne-Sebba a le souci du détail dans cet essai passionnant . Elle dresse toute la machinerie d'une exécution sommaire et sans preuve d'une femme intelligente. Ethel aurait pu mener une autre vie, jouer au théâtre, chanter, voir grandir ses petits garçons Michael et Robert alors âgés de 10 et 6 ans.
Le contexte particulier de l'histoire des Etats-Unis en 1950 au moment de l'arrestation du couple Rosenberg est très bien analysé dans des explications fournies et riches en détail, mais toujours très accessibles.
Outre ses nombreuses références historiques, politiques et sociales, le maccarthysme, la guerre de Corée, la place domestique assignée à la femme et le sexisme dominant, j'ai apprécié la mise en valeur de la personnalité d'Ethel par un très beau portrait émouvant.
Dans une écriture très circonstanciée et avec beaucoup d'empathie, nous faisons la connaissance d'Ethel, ses désirs et rêves de jeunesse, ses convictions personnelles, son amour passionné pour Julius et l'adoration portée à ses enfants.
J'ai été marquée par l'arrestation brutale d'Ethel en pleine rue un été de 1950 alors qu'elle sortait du tribunal et pensait reprendre ses enfants placés chez une amie. Son mari venait d'être arrêté pour espionnage à la solde des russes.
Ethel ne reverra pas ses enfants avant 7 mois et toujours dans l'effroyable prison de Sing Sing où elle y restera 3 ans. Les extraits des lettres à ses enfants reproduits dans cet essai sont particulièrement déchirants.
On peut lire dans ce livre les grandes lignes des auditions bouleversantes d'Ethel et de son frère David rendues publiques en 2014. Nous sommes au coeur d'une mécanique implacable dont la sentence est connue d'avance.
La biographie Anne-Sebba desserre les noeuds d'un faisceau de circonstances, traque les ombres, fait revivre l'amour passionné d'Ethel pour son mari Julius.
L'autrice porte une vigilance particulière à décrire Ethel qui elle-même prenait grand soin de son apparence. Les traits de son visage, les vêtements qu'elle porte, des gants blancs, une broche.
Une élégance extérieure et intérieure irréprochable, une générosité sans faille.
Elle était l'épouse de Julius et cela a suffi.
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