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Dans un entre-monde, hors du temps et de l’espace, la féérie d’un roman qui échappe à la normalité. L’ombre d’un conte, d’une mélopée profondément humaine.
Tant les questionnements existentialistes sont prononcés avec ferveur.
« Ceux de la montagne évanouie », entre la poésie, l’implacable quête, les fléaux liés aux extrêmes infidélités des phénomènes météorologiques, ce récit, au travers de ses désirs d’une lecture tout en chuchotement est magnétique et solaire. Empreint de sens et d’espoirs, d’incertitudes aussi. Son astre manichéen est une vallée qui s’éveille au monde.
Mais c’est sans compter sur la trame viscérale. On ressent d’emblée des frissonnements sur notre peau.
Ici, la vallée est bousculée par une tempête implacable, sournoise, violente. Les paysages, brouillard devenu, sont invisibles. Tout est confondu et imprévisible.
Cesterín est coupé en deux. Tout est devenu risqué et changé à jamais.
L’heure du choix. S’échapper de la montagne pendant qu’il en est encore temps. Rester et se savoir en autarcie, dans cette vulnérabilité palpable et assassine.
Le roman assigne plusieurs degrés. Bien au-delà, les turbulences sociétales, migratoires, le vivre ensemble, le racisme forgent une histoire finement politique.
« Ceux de la montagne évanouie » est une transposition de notre monde, imagée mais plausible. Le récit croise l’écriture surdouée d’Anne-Claire Doly, qui somme ce : il était une fois, mais ici, c’est le glas des vies assignées à la résistance et à la survivance qui résonne contre les roches hostiles.
« Sia ne pouvait pas les sauver ; il aurait fallu approcher trop près et cela, les esprits de l’eau l’interdisaient. Elle ne devait plus approcher ses semblables, même pas sa mère, même pas Emilia. Alors elle laissait des indices, des petits cailloux colorés, dessinait des flèches jusqu’au refuge d’Apolinia. Mais les migrants n’y restaient jamais, ou pas assez longtemps. Ils voulaient la plaine, la mer, les villes. »
Le récit est le basculement des vies dans cet autrement pour toujours.
Il attise les braises de l’ultimatum, de l’heure du choix, la croisée des chemins. Que faire ?
Ici, règne la métaphysique, hors du champ du réel, si ce n’est la conséquence que nous savons irrévocable jusqu’à la porte même de notre conscience.
« Yakho aussi. »
« Marcher dans la brume suppose des aptitudes particulières. »
Cette épopée qui frôle l’imaginaire, la fable, est vertigineuse.
« Il me semble que je l’aperçois en cheval blanc, là-haut, non loin du Pas où sombraient les migrants avant que Yakho ne les délivre de la malédiction. »
Des destinées qui déambulent dans l’incarnation même d’une fresque fondamentale, tempétueuse qui résonne dans notre contemporanéité . Si belle à pleurer.
Ici carillonne le renom. Publié par les majeures Éditions MU.
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