André Beucler

Evlyne Léraut sur Vallée du Doubs de André Beucler

Nourricier, l’aube est éclat de lumière. Voici « Vallée du Doubs » à étreindre à plein bras. Ici, tout est majesté. Ce grand livre qui surpasse le palpitant d’une région dans sa plus noble intimité est le pain pour demain. « N’est-ce-pas rajeunir que de retourner ainsi, aux heures de fatigue et...
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Nourricier, l’aube est éclat de lumière. Voici « Vallée du Doubs » à étreindre à plein bras. Ici, tout est majesté. Ce grand livre qui surpasse le palpitant d’une région dans sa plus noble intimité est le pain pour demain. « N’est-ce-pas rajeunir que de retourner ainsi, aux heures de fatigue et de peine, dans ce passé d’où les désirs sont partis vers le monde ? » Le voilà, ce temps doré qui répand sa magnificence dans l’entrelac des lignes porteuses de sève. Bousculée, émue par cet hymne qui gonfle les lignes. André Beucler retourne la terre. La robe est belle. Riche d’Antan, traces historiques, culturelles, reliées en pans savoureux de « Vallée du Doubs ». L’hommage est noble, courtois, attentionné. Paru en 1928, ce microcosme d’un terroir qui étire ses ailes jusqu’au macrocosme dans ce juste qui encense l’humilité. Qu’il est bon de lire ce texte des grandeurs. « Une eau sombre et glacée jaillit, crépite, s’élance et retombe dans un bouillonnement d’écume où les Grecs voyaient le poil des dieux. » « Tout le dictionnaire du Jura » « Le régionalisme est une forme d’orgueil. D’où l’on peut se risquer à dire que raconter un pays ou une ville, c’est se raconter, c’est faire un roman, le premier roman possible. » On a la vive impression d’être soudainement au cœur même de la nature. Dans cette matrice originelle, fécondante, où pas une étincelle de fioritures ne dérange. L’écriture déployée est intuitive. Ecorce d’une région parabolique. Les cinq sens chantent le spéculatif. On aime cette plongée qui prospère et donne sens au regard silencieux. Le Doubs est une échappée existentialiste. L’idiosyncrasie est une mappemonde. L’essentiel au summum sans attente de retour. Confidences en vallées, picturales échappées et langueurs philosophiques. La modestie qui règne dans cette trame si douce est une valeur. « On ne peut s’empêcher d’écouter le commentaire poétique que les habitants des plateaux ajoutent à leur pays. Il semble que ce coin de terre rugueux, fouillé et sombre en ait plus besoin qu’un autre. » On pose nos bottes de sept lieues. On reste en assise hédoniste dans ce rythme qui élève l’importance du silence. On écoute les bruissements qui s’abreuvent au souffle du vent et la rive du Doubs est un levier qui s’éveille. « Vallée du Doubs » est une fierté de lecture, un livre indispensable, à glisser dans son sac à dos, pour un voyage introspectif ou réel. Visiter cette région, parure des Vosges éclatantes où le chant grammatical est l’Ere du Savoir. Publié par les majeures Editions La Clé à molette.