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C’est un bel ouvrage que j’ai entre les mains, une belle couverture qui frigorifie et nous met, tout de suite, dans l’ambiance. Couvrez-vous si vous ne voulez pas être saisi, avant que votre sang ne se glace, Anaïs Pélier nous livre un thriller dont l’action se situe dans l’antarctique plus précisément en Terre-Adélie.
Permettez-moi, avant tout de vous situer l’action. La France possède au Pôle Sud deux stations scientifiques, la station de recherche Dumont Durville (DDU) qu’elle exploite en autonomie située sur l’ile des Pétrels et, en zone australienne la station Concordia qui a la particularité d’être gérée conjointement avec l’Italie et un troisième site, plutôt technique, au Cap Prud’homme sur le continent à 5kms face à Dumont Durville.
Prud’homme est une petite unité de 10 à 20 personnes selon les moments, et qui se définit comme « un village », administré par un « ancien », nommé avec une pointe d’humour, le « maire ». Un maire non élu, sans statut spécifique, mais tout simplement considéré, grâce à son expérience, comme responsable de la coordination d’une équipe d’hommes et de femmes.
Le village est composé essentiellement de mécaniciens en charge de préparer et d’accompagner le raid, véritable prouesse physique, 20 jours de traversée aller-retour à travers le continent glacé, dans des tracteurs tirant des containers montés sur skis, chargés de cuves de fuel et de matériel. C’est un véritable cordon ombilical sans lequel Concordia construite à 3 200 mètres d’altitude et à 1 200 km de la côte ne pourrait pas vivre.
Prud’homme sert donc de relai à Concordia en matière de « chauffage, eau, électricité, communications pour que les scientifiques creusent des carottes glaciaires à des milliers de mètres de profondeur, pour que les paraboles captent les signaux de l’espace, pour déchiffrer la lumière du soleil, pour apprendre le corps humain soumis à la nuit polaire, pour le climat, pour l’espace, pour la météo, pour l’avenir de l’homme……
On se rencontre de l’importance vitale des ces équipes de 8 à 9 personnes qui participent à ces raids entre Prud’homme et Concordia.
Notre fiction se déroule lors de l’un de ces raids en 2018. Cette équipée va vivre un véritable cauchemar dans ce décor anxiogène. Lorsque l’on retrouve le corps mutilé du leader charismatique Henri Monterlant, les doutes font jour et si parmi les membres de l’expédition, l’un d’entre eux avait pété les plombs ou serait-ce plutôt une vengeance ? Dans cet isolement glacé tout est permis, la raison s’égare rapidement dans ce monde monochrome de blanc et les séjours en milieu extrême sont très usants psychologiquement.
Anaïs Pélier sait de quoi elle parle et nous décrit merveilleusement bien la vie des hivernants et campagnards pour avoir passé quatre étés en Terre-Adélie et accompagné le convoi du raid. Jeune autrice, née en 1983, elle nous livre un premier roman haletant, dans un style, âpre, acéré, percutant, elle ne nous ménage à aucun moment. La plume glisse telle la caravane sur la piste damée et les mots claquent et nous fouettent tels des vents catabatiques. L’explication du drame n’apparait qu’en tournant les dernières pages comme sortie des brumes du « white ».
Si vous aimez les conditions extrêmes et l’extrême angoisse, n’hésitez pas courez chez votre libraire.
Merci aux Editions Paulsen de m’avoir permis ce moment agréable de lecture.
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