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Sur 842 pages (format poche), Amos Oz retrace, non seulement sa vie et celle de sa famille, mais également l'histoire de l'Europe de l'Est et de la création de l'état d'Israël.
Un très grand livre qui nous éclaire sur l'antagonisme entre arabes et juifs (que l'auteur compare à des enfants martyres qui ne voient dans l'autre que leurs tortionnaires et incapables de comprendre ce qui pourrait les rapprocher).
Essentiel !
Une oeuvre à la fois déchirante, lumineuse et instructive. Amos Oz nous guide à travers son enfance, pleine des bouleversement de la fin des années 1930 au Moyen-Orient. On y sent battre le pouls de Jérusalem, de Tel Aviv. À travers les yeux d'un jeune garçon, on prend conscience de la complexité de l'histoire moyen-orientale, de ses voies de traverses, de ses émulations et ses tensions. Ce n'est pas une simple autobiographie mais une véritable source historique que livre ici Amos Oz. Ce chef-d'oeuvre marquera par sa nuance et sa gravité. Il donne sens à ce qu'est la littérature.
J'ai vu des articles sur cet écrivain décédé que je ne connaissais pas. En lisant ce livre, j'ai été séduite par l'histoire sous forme de conte, une belle surprise.
JUDAS s'ouvre sur ces phrases « L'histoire se déroule en hiver , entre fin 1959 et début 1960 . On y parle d'une erreur, de désir, d'un amour malheureux et d'une question théologique inexpliquée » .
Cet incipit sous forme d'énumération mêle trois ingrédients suffisamment vagues et divers pour pouvoir figurer dans tout roman mais y ajoute un élément inattendu : la question théologique inexpliquée.
Comment va-t-elle s'insérer dans le récit. Quelle sera sa place dans une intrigue qui s'annonce aussi comme portant sur la relation amoureuse ?
Parlons d'abord du personnage principal : Schmuel Ash, un étudiant qui prépare un mémoire sur Jésus dans la tradition juive . Faute de ressources,il doit abandonner ses études et trouve un poste de garçon de compagnie auprès de Monsieur Wald , vieil homme infirme auquel il est chargé de faire la conversation et la lecture quelques heures par jour en échange du gîte, du couvert et d'un modeste salaire.
Alors que Schmuel souffre d'avoir été plaqué par son ex-amie et ressasse son dépit et sa rancune à l'égard de celui qui l'a supplanté dans le cœur de sa belle, il rencontre l'attirante et mystérieuse Atalia qui vit chez Monsieur Wald .
Vous avez comprenez mieux à présent l'incipit de ce roman qui va constamment entremêler le grave, le sérieux et le plus léger .
La réflexion sur la religion au travers de la notion de trahison représentée par Judas, et plus largement sur l'histoire de la construction de l'Etat d'Israël viendra nourrir les chapitres de conversations de fin d'après-midi avec le vieil homme. Ces chapitres alterneront avec des séquences sur les tourments et les émois de ce pauvre Schmuel .
Pauvre Schmuel , le héros du roman , plutôt un anti-héros.
Enfant mal aimé , amant éconduit, étudiant indécis, amoureux maladroit, son allure n'a rien de celle d'un Don Juan. Sa démarche s'apparente à celle de Mr Hulot dans le film de Jacques Tati « la tête en avant, le torse à la traîne, les jambes pédalant pour ne pas être distancées »
Amoz Os en fait un personnage attachant, à la fois comique et attendrissant par ses maladresses « Vous n'êtes pas très marrant ou si vous l'êtes vous ne le faites pas exprès » lui dit Atalia face à laquelle il est « tourneboulé et fou de désir »
« Bavard impénitent, » il n'est pourtant pas capable de mener une vraie conversation, « les mots lui restent alors dans la bouche » Il compense par des discussions mentales, c'est ainsi qu'il débat intérieurement avec Ben Gourion ou s'imagine en Judas présentant sa défense face à ses accusateurs.
A l'issue de ces quelques mois, période d'apprentissage dont il sortira mûri, ayant su se faire apprécier de Mr Wald, et se rendre utile à Amélia, Schmuel partira sur la route, vers une nouvelle vie
JUDAS est tout à la fois un roman consacré à des questions graves qui engagent la destinée politique et religieuse de l'Etat d'Israël mais traversé régulièrement par des chapitres où Amas Oz jette un regard plein de malice et de tendresse sur tous les personnages qu'il met en scène. Il faut dire qu'il a l'art du portrait . En quelques phrases, par quelques traits bien choisis, il donne vie à chacun, traits qui réapparaîtront régulièrement, créant un comique de répétition .
Le charme du roman est venu pour moi de l'alternance entre la réflexion géopolitique ou religieuse et la narration des aventures d'un protagoniste savoureux qui apporte de l'oxygène à la lecture .
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