"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Installons-nous dans la période classique de la Grèce Antique, les aèdes reprenant Homère chantent les grandes épopées de L’Iliade et L’odyssée. C’est bercé par ces récits mythiques pleins de gloire et de combats mythiques, qu’un jeune fils de pêcheur, se lance seul à la poursuite des pirates qui viennent d’attaquer son île. Pris dans la fougue de sa jeunesse, se rêvant tels les grands héros des histoires, il se lance sans réfléchir dans des situations plus que périlleuses. Confronté à la réalité du monde réel et à ses propres limites, sa vision de l’héroïsme va devoir évoluer. Mais peut-être que la destinée a prévu un autre sort pour lui que celui de grand guerrier ?
Comment résister aux vers homériques qui se glissent dans les actions de notre héros en devenir ? Kleos nous propose un récit palpitant dans lequel les lecteurs n’ont pas le temps de s’ennuyer. Reprenant les codes et les figures des récits antiques, cette BD rend hommage à Homère et aux aèdes qui ont transmis les grands récits jusqu’à nous. On ne peut que souligner la maîtrise du scénario qui parvient à nous plonger dans la Grèce classique. Je ne me suis peut-être pas totalement attachée au personnage principal, mais sa volonté de survivre dignement et de gagner sa liberté m’a séduite.
Une première édition n’avait livré qu’une partie de la quête et de l’épopée du jeune Philokès.
Et pour ceux qui avaient apprécié ce « premier livre », on attendait la suite avec intérêt. Les éditions Grand Angle ont décidé d’éditer la totalité du récit en un seul album (et non pas seulement la deuxième partie) pour donner la dynamique et la cohérence d’ensemble. Et ils ont bien fait.
Et effectivement il faut lire « Kléos » de bout en bout car l’esprit du chant tragique se développe et s’amplifie jusqu’à un dénouement (qu’on ne livrera pas ici pour préserver la découverte de l’enchainement de l’histoire et de la destinée de Philokès). Mais on peut quand même citer Nonophtalmos Le Kythien (chef des pirates) qui précise que
« … pour un guerrier la vie n’est rien comparée à la gloire.
Et la gloire n’est rien sans la voix du poète, qui seule donne l’immortalité. » p 132
Le jeune pécheur Philokès n’était pas un guerrier, mais rêvait (porté par les chants d’Homère) quand même de gloire et avait engagé sa quête (retrouver et tuer le chef des pirates qui avaient pillé son village), a rencontré le devin Tirésisas, voyagé sur les mers et découvrant des cités et communautés : de l’ile de Lesbos, des femmes dauphins ; et puis la cité des pirates avec des joutes et luttes entre les guerriers, mais aussi (et surtout) des soirées agrémentées par les histoires chantées par un Rhapsode (chanteur de la Grèce antique qui allait de ville en ville récitant des poèmes épiques) qui est ici attitré à la cours du chef des pirates.
Philokès d’esclave / serveur va trouver sa place en reprenant les chants d’Homère … mais après avoir épuisé son répertoire il veut s‘enfuir. … vous saurez la suite en lisant Kléos.
PS 1 : A noter que Grand Angle propose de faire reprendre (jusqu’au 31/12/2023) le Premier volume par leur libraire lors de l’achat de la nouvelle édition.
PS 2 : Dans ma chronique sur la première partie j’avais attiré l’attention sur les dessins d'Amélie Causse « (à la beauté et à la simplicité accessible à tous et à tout âge), à la respiration de la narration avec le temps de présentation des lieux, des personnages, des lumières de ces iles grecques, ... et à la couverture qui résume bien "celui qui rêvait de gloire) avec notre héros en tunique qui est paré d'une armure de guerrier dans son reflet dans l'eau. » ; la nouvelle couverture est elle aussi percutante en reprenant les couleurs des vases grecs (fonds noirs et dessins orangés) avec Philokès tenant un heaume dans ses mains ; … mais qui lui fait face.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Grand Angle pour l'envoi de Kleos, un magnifique roman graphique de Mork Eacersall et Serge Latapy au scénario et Amélie Causse aux dessins et couleurs.
499 avant Jésus-Christ, la Grèce antique…
Imaginez Philoklès, un jeune homme nourri des épopées homériques qui rêve de vivre des aventures comme Ulysse ou Achille… Même s'il n'est qu'un misérable pêcheur, issu d'une population craintive et soumise, il décide de se lancer à la poursuite des pirates qui ont pillé son ile et de se couvrir de gloire.
Récit d'apprentissage aux allures picaresques, le parcours de Philoklès, ponctué de rencontres et semé d'embûches revisite la réception de L'Iliade et l'Odyssée.
L'intrigue s'appuie sur une bonne connaissance de la civilisation grecque avec une abondance de détails didactiques ; les péripéties sont réalistes mais avec, souvent une pointe d'humour et d'autodérision. Les dessins sont très soignés avec de très belles harmonies colorées. J'ai beaucoup apprécié l'économie de mots, les planches sans textes pourtant très parlantes, toute une ambiance de lettres classiques mise à la portée de tous.
Tel un Don Quichotte se voyant chevalier, Philoklès revit des succédanés d'aventures homériques, y puise un certain enseignement, en fera sa propre substance.
Cette BD propose plusieurs niveaux de lecture et mérite d'être lue et relue pour vraiment s'approprier toutes ses nuances.
Une belle réussite !
En se rapprochant au plus près des conditions de vie historique de cette période antique, les auteurs nous offrent une aventure réaliste aux allures de quêtes initiatiques.
Ce récit nous emmène dans les pas de Philoklès, ce fils de pêcheur d'une naïveté folle mais terriblement attachant. Écoutant plus ses utopiques pensées que sa raison le voilà parti pour un récit loin d'être de tout repos.
La lecture est agréable et fluide, les sujets abordés sont aussi sérieux que variés et apportent comme je l'ai déjà dit un côté historique qui n'est pas pour me déplaire. C'est avec beaucoup d'intérêt et d'attention que j'ai vécu les mésaventures de notre héros.
Graphiquement, je découvre et apprécie le trait d'Amélie Causse qui nous offre des personnes réalistes et de beaux paysages méditerranéens. De plus, les douces et lumineuses couleurs qui se dégagent non sans émotions des planches prolongent l'immersion dans cette belle mais dure époque.
En bref voilà une expédition initiatique qui ravira les fans de récits antique, mais certainement pas que !
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