"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alma Katsu a repris l’histoire dramatique de l’expédition Donner de 1846 qui devait emmener près de 90 personnes de Springfield jusqu’en Californie, où se trouvait l’avenir. Un escroc, Hastings, leur vendit l’idée d’un raccourci dans les montagnes qui devait faire gagner 500 km mais les retarda de 3 semaines, alors que l’expédition était déjà l’une des dernières de la saison et ce retard les bloqua dans la Sierra Nevada dans un hiver précoce !
Histoire sinistre s’il en est, l’autrice a su en faire un roman horrifique, en créant une ambiance, qui n’était déjà pas réellement au beau fixe, au fur et à mesure des difficultés rencontrées, et devient petit à petit vraiment angoissante et donne envie de pouvoir regarder dans toutes les directions à la fois, afin de s’assurer de ne rien craindre !
Alma Katsu a bien évidemment développé les relations personnelles au sein des groupes et entre les familles, où tout ce qui a pu être entraide et bonne entente s’est transformé en haine et au “chacun pour soi” ! Il est tout à fait probable, qu’en dehors des faits connus, elle n’a pas eu besoin de conjecturer énormément car le cannibalisme a permis à certains de survivre, physiquement du moins.
La psychologie des personnages est vraiment très poussée, jusqu’à la moindre émotion, leurs pensées et leurs peurs tout comme la mise en place de la tension qui s’instaure entre les familles !
L’écriture et la traduction sont très agréables à lire et petit à petit, sans avoir l’air de rien, sans donner dans l’emphase elle a menée l’histoire au paroxysme de l’angoisse et de l’horreur !
Un des romans de Preston & Child avait déjà abordé le côté horreur mais il est ici poussé à haut niveau tout en ne trahissant rien de l’histoire réelle. J’ai adoré !
#Hurlements #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2024
Hurlements réinvente, l’histoire tragique de l’expédition Donner en y ajoutant une dimension surnaturelle et horrifique qui intensifie le drame. L’auteure mêle habilement faits historiques et fiction, ce qui crée un climat à la fois oppressant et intrigant. La menace invisible qui plane sur les membres du convoi devient centrale, et j’ai ressenti cette incertitude omniprésente tout au long du récit.
Au cœur de cette histoire, il y a Tamsen Donner, un personnage aussi mystérieux qu’envoûtant. Elle est soupçonnée par les autres d'être une sorcière, et très vite, elle devient le centre de toutes les suspicions, perçue comme la source des malheurs qui s’abattent sur l’expédition. Entre les rations qui s’épuisent, les querelles qui explosent, et la disparition inquiétante de plusieurs membres du groupe, je me suis retrouvée plongée dans une angoisse latente. J’ai senti les pionniers pris au piège entre les conditions climatiques extrêmes et la peur d’une présence maléfique qui semble les traquer dans l’ombre.
Ce qui m’a le plus marquée, c’est la manière dont le roman distille l’horreur de façon progressive. Il instaure un climat de tension où l’on se demande si le danger viendra de l’intérieur ou de l’extérieur du groupe. Les épreuves qu’ils traversent m’ont paru aussi bien physiques que psychologiques : les chaleurs accablantes, les neiges qui emprisonnent bêtes et hommes, et surtout cette faim dévorante. Plus les disparitions et les présages sinistres se multiplient, plus l’angoisse m’a semblé monter crescendo, enveloppant les personnages dans une atmosphère d’effroi omniprésent.
Le dénouement m'a semblé trop rapide et condensé, il atténue l'impact émotionnel et réduit des semaines de souffrance à quelques pages. De plus, l’explication surnaturelle, trop détaillée, affaiblit le mystère soigneusement construit tout au long du récit.
Malgré cela, Hurlements reste, à mes yeux, une relecture glaçante et originale de cet épisode sombre de l’histoire américaine. Il capture parfaitement la terreur que peut inspirer une nature hostile et met en lumière la fragilité humaine face à l'inconnu.
http://latelierdelitote.canalblog.com/2024/10/hurlements.html
Hurlements est un thriller horrifique qui s’empare d’une histoire vraie survenue en Californie à l’époque de la Conquête de l’Ouest : l’expédition Donner composée de 87 pionniers américains a entrepris de traverser la Sierra Nevada au cours de l’hiver 1846-1847, mais bloqués par la neige, la plupart moururent de froid et de famine, tandis que d’autres eurent recours au cannibalisme pour survivre…
À la tête de ce convoi, George Donner et James Reed, deux chefs de famille aux personnalités opposées qui doivent gérer les ressources et le bétail: la route est longue et semée d’embûches, à commencer par le temps qui se dégrade et les empêche d’avancer dans les montagnes. Une nuit, un des enfants disparait mystérieusement, on ne retrouve de lui qu’une carcasse comme s’il avait servi de repas à un animal sauvage. Sont-ils suivis par une meute de loups ou des indiens tentent-ils de les dissuader de poursuivre leur voyage ? Plusieurs membres de l’expéditions se sentent en effet épiés et ont entendu des murmures sur leur passage… Les réserves s’amenuisent, les relations deviennent de plus en plus tendues entre les familles: pour certains la meilleure des solutions pour tenter de survivre serait de mettre en commun leurs ressources, tandis que d’autres privilègient le chacun pour soi. La situation s’enlise et de nouvelles attaques ont lieu…
Le voyage offert par Alma Katsu au coeur de la Sierra Nevada est à la fois passionnant et glaçant, le piège des montagnes se referme rapidement sur l’expédition. La nature humaine confrontée à la rudesse d’une région sauvage et froide ne résiste pas longtemps : les mâles dominant du groupe révèlent peu à peu leur vrai visage, la plupart ont embarqués avec eux leurs épreuves passées et doivent faire face à leur réminiscences douloureuses. Les portraits féminins sont plus valeureux, des épouses, des mères, qui doivent se battre pour préserver leur dignité et protéger leurs enfants des créatures qui les entourent : les hommes tout d’abord, barbares pour certains, des animaux sauvages ou de créatures plus terribles encore. Chacun des protagonistes avait ses raisons d’entreprendre ce voyage, l’exil pour les uns, l’espoir pour les autres; mais tous se rendent compte du piège qui se referme progressivement sur eux.
« Au milieu de nulle part, on ne pouvait se permettre de s’écarter des autres »
C’est donc dans un huis-clos à ciel ouvert, au coeur des montagnes californiennes qu’a lieu ce récit d’horreur où les portraits humains sèment l’angoisse plus encore que celui de créatures lycanthropes : la frontière entre le réel et le fantastique est très mince, pour notre plus grand bonheur. Un roman qui vous fera délicieusement frissonner lors des soirées d’automne qui se profilent déjà à l’horizon… Je remercie les Editions Sonatine via Netgalley pour cette lecture.
L’expédition Donner
1846. Des milliers de pionniers quittent l’est de l’Amérique du Nord pour rejoindre l’ouest et ses promesses, notamment l’Oregon et la Californie. Très peu sont réellement au fait des difficultés que représente un tel voyage, les milliers de kilomètres à parcourir avec les chariots, les terres inhospitalières et infestées de Peaux-Rouges prêts à les attaquer, les conflits qui ne manquent pas d’éclater entre les familles, les jalousies…
Le convoi mené par George Donner parti de Springfield dans l’Illinois en avril 1846 devait arriver en Californie avant l’hiver. Espérant gagner un peu de temps, les pionniers décident d’emprunter un raccourci (le raccourci Hastings) qui s’avéra être un véritable piège… Après avoir très péniblement traversé, dans l’Utah, les montagnes Wasatch et l’interminable Grand lac Salé, puis une grande partie du Nevada, ils se retrouvent face à la Sierra Nevada. Mais il est trop tard : l’hiver est là, la neige bloque le col par lequel les chariots devaient passer, impossible de continuer. Au-delà du froid extrême, c’est la faim qui s’installe : il n’y a pratiquement plus de vivres, les uns après les autres, les membres de l’expédition Donner meurrent… Pour s’en sortir, certains auront recours au cannibalisme.
A partir de ces faits historiques –déjà horribles- Alma Katsu a bâti une fiction d’épouvante passionnante à laquelle il est assez facile de croire. Car la grande force de l’auteure est précisément de rester à la frontière entre le réel et le surnaturel, de passer subtilement des faits avérés à l’imaginaire et le fantastique, permettant au lecteur de constamment s’interroger sur l’atrocité qui s’installe et laissant l’angoisse diffuser.
Je ne suis pas grande adepte des récits d’horreur (j’en ai déjà lu plusieurs, notamment d’un certain auteur américain prénommé Stephen !) mais j’avoue que j’ai vraiment bien aimé celui-ci. Le contexte historique de la véritable expédition Donner est parfaitement rendu, les personnages crédibles (on s’attache rapidement à Mary et Elitha). Alma Katsu a fait le choix de donner le rôle principal à Tammer Donner (bien plus intéressante que son mari), permettant ainsi un aperçu de la vie quotidienne (très difficile) des femmes pionnières. Le casting masculin est moins bien loti (les hommes ne sont pas présentés sous leur meilleur jour) même si le personnage de Charles Stanton (qui porte le poids d’un lourd passé) n’est pas dénué d’intérêt.
Un très bon divertissement, à lire sous la pleine lune (nan, je plaisante !!) mais rappelez-vous, dans l’immensité de l’ouest américain, personne ne vous entendra crier.
Un grand merci à NetGalley et à Sonatine pour cette découverte –très appréciée- en avant première (le livre paraît le 26 septembre).
#Hurlements #NetGalleyFrance
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