Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Elle vit une vie heureuse de mère de famille et d'épouse comblée.
Mais le jour où les gendarmes sonnent à sa porte, son monde s'écroule.
Alors qu’elle a mis des années avant de réussir à fuir sa famille toxique, un huissier doit lui remettre une assignation de ses parents, injonction qui devra leur permettre de voir leurs petits-enfants.
Mais non, c'est non, impossible de les laisser à nouveau mettre un pied dans sa vie.
Remontent alors tous les souvenirs. Les violences psychologiques, les brimades, la haine de la mère, les silences du père, son obsession à soumettre sa fille à sa volonté, sa place de paria dans la famille, elle qui n’était autorisée à vivre que dans sa chambre, loin de ses frères et sœurs.
En vue d'un procès, Lucie contacte ceux qui ont jalonné son enfance, son adolescence. Elle leur demande des témoignages de sa vie passée, cette vie de souffrances qu'elle a voulu laisser derrière elle pour aller de l'avant et tenter de vivre normalement. Si l'on peut dire que la normale s'applique lorsque l'on a vécu l'enfer de la haine d'un parent, le manque d'amour d'une mère, l'indifférence d'un père absent quand ça l'arrangeait.
Poignant témoignage d'une enfance et d'une adolescence manquées, marquées par la violence pure. Le roman tient plus du témoignage, même si Aline Caudet a choisi la forme romanesque pour écrire ce qu'elle avait à transmettre, un moyen de tenir la douleur à distance peut-être.
Les témoignages, les événements racontés par Lucie ou par ses témoins sont tous poignants et déstabilisants, car on se pose des questions sur ce couple de parents toxiques. Troublant aussi le fait que jamais le lecteur ne comprenne le pourquoi de tant de haine de la part d'une mère. Sans doute parce que l’autrice elle-même se pose encore la question, c'est tellement incompréhensible.
Comme le résume Aline Caudet "ce livre n'est pas une fiction, pas un récit autobiographique, c'est un roman inspiré de faits réels". Ces faits proviennent de la vie de l'autrice, victime dans son enfance de maltraitante psychologique.
Le style d'écriture est plutôt simple, la construction narrative conventionnelle. Le récit alterne entre un passé sombre où Lucie dévoile les humiliations et les brutalités vécues et un présent où l'héroïne fait preuve de résilience en se battant contre l'assignation de ses parents.
Alors que Lucie a couper les ponts avec ses tortionnaires depuis plusieurs années, ces derniers ne supportent pas qu'elle ait pu créer sa propre famille et ne soit plus sous leur joug. Ils décident donc de la traîner en justice pour voir leurs trois petits-enfants.
L'émotion, elle, est bien là. Ce n'est pas un témoignage de plus sur la maltraitance sur mineur. L'autrice a parfaitement réussi à retranscrire les terribles sentiments qui parcourent Lucie lorsqu'elle est enfant, adolescente puis jeune adulte. Pendant longtemps elle a eu honte de ses parents, de cette situation qu'elle pense accepter. Son estime de soi n'existe pas. Pourtant Lucie n'aura de cesse de se battre. Elle est contrainte physiquement et psychologiquement mais elle ne sera jamais soumise dans son esprit. Elle a toujours su que cette situation n'était pas normale. L'autrice explique très bien que le mal se joue dans l'intime. Les parents savent faire bonne figure sur les photos et à l'extérieur du cercle familial. C'est ce qui est d'autant plus révoltant. Les répercussions du rejet de Lucie par sa mère seront d'une extrême violence et toucheront profondément ses sœurs et frères.
Cette peur qui broie le ventre, elle est palpable. Je l'ai ressenti en lisant ces lignes. Je l'ai reconnu ce sentiment de terreur d'enfant devant un parent à qui on n'ose se défendre. Toujours être sage, parfaite pour éviter les cris ou les coups sur soi ou sur les autres. Ce roman est criant de vérité. Une lecture éprouvante mais nécessaire.
« Déchirer le grand manteau noir » raconte le combat d’une femme, ancienne enfant maltraitée par ses parents, afin que ceux-ci ne puissent pas voir leurs petits-enfants, ce qu’ils réclament par voie d’huissier ; de fil en aiguille, de psy en avocat, elle fait ressortir un secret (mais en était-ce vraiment un ?) qui mine cette famille toxique et qui ajoute du malheur au malheur.
Mère haineuse, père ambigu, frères et soeurs complices ou subissant, parentèle indifférente, la peur règne et l’atmosphère est suffocante dans cette famille pétrie de traditions ; la narratrice, spécifiquement visée par les paroles blessantes et les gestes violents (« une violence qui broie à l’intérieur, invisible et indélébile » écrit-elle) montre combien toute la fratrie est contaminée et en paie le prix des années durant.
Je n’ai pas lu « Déchirer le grand manteau noir » comme un roman (ce qu’il affirme être sur la 4e de couverture) mais comme un très long reportage/témoignage, pas mal écrit et très sûrement tiré de faits réels.
Les plus réactionnaires le trouveront probablement à charge, les autres s’indigneront qu’aucun service social se soit jamais sérieusement penché sur ce petit monde. Quel que soit son camp, il sera difficile de ne pas être en empathie avec la narratrice, si combative face à la méchanceté des adultes.
Comme l’indique le titre, tout ceci est noir et pas bien gai ; en même temps, il est bon de lire que l’amitié et l’amour accompagnent le combat de cette jeune femme pour se reconstruire et protéger ses enfants.
Ce livre voyage dans le cadre des #68premieresfois, merci à l’équipe pour cette belle aventure
Lorsque Lucie reçoit la visite impromptue d’un huissier, c’est toute son enfance qui lui revient brutalement, toute une période dont elle s’était sortie presque par miracle. Ses parents font valoir leur droit par voie de justice afin de voir leurs petits enfants. S’engage une procédure longue et pénible dont les étapes alternent avec l’évocation de cette jeunesse sacrifiée, de la haine que lui vouait sa mère, de la lâcheté et de l’irresponsabilité de son père et de ses frères et sœurs pris au piège d’un chantage affectif odieux. Le chemin est long pour s’opposer à la demande des grands parents, car la maltraitance dont il est question est de celles qui ne laissent pas de traces physiques. Il faut donc que Lucie obtienne des témoignages de proches pour prouver ses dires.
On lit avec effroi le calvaire de Lucie, la folie des cette mère indigne, dont on comprendra plus ou moins l’attitude avec les révélations qui ne manquent pas de surgir avec les attestations obtenues.
Ce roman glaçant se dévore comme un thriller tant on s’angoisse de connaître le dénouement du procès, dont l’issue n’est pas gagnée d’avance .
C’est éprouvant, poignant mais nécessaire.
320 pages Viviane Hamy 23 août 2023
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