"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'histoire se passe environ trente ans après la catastrophe de Tchernobyl.
Dans ce récit il y a de la nostalgie pour le temps d'avant, quand la vie grouillait dans ce qui est devenu la zone d'exclusion, quand les petits-enfants venaient passer les trois mois d'été chez leur grands-parents.
Baba Dounia est revenue vivre dans sa maison à Tchernovo, après l'explosion de la centrale nucléaire, "après le réacteur" comme elle dit. À son grand âge elle n'a que faire des radiations. Autour d'elle, d'autres sont revenus, telle Maria qui vit dans le souvenir de son défunt mari, enjolivant sans en avoir conscience ce qu'elle se rappelle de son affreuse vie conjugale, ou encore Petrov, rongé par le cancer mais qui ne veut pas cultiver son jardin car tout est contaminé. Un comble ! Mais aussi Sidorov, les Gavrilov, Lenotchka, tous ces gens revenus là où ils se sentent chez eux. Même Yegor, le défunt mari de Baba Dounia est là, pour lui faire la conversation.
Il y a dans la narration de Baba Dounia un souffle facétieux qui rend les choses joyeuses alors qu'on est après et sur le lieu de la pire catastrophe nucléaire que l'humanité ait connu.
C'est beau parce que l'individualisme n'existe pas à cet endroit. Il n'y a la place que pour la solidarité, la générosité, la convivialité, l'amitié. La vie dans ce qu'elle a d'essentiel. Donc tout va pour le mieux chez les irradiés, jusqu'à un grain de sable qui vient gripper les rouages de ces vies heureuses.
J'ai aimé ce roman qui nous parle de ceux qui sont revenus vivre chez eux, dans cette zone polluée par l'atome pour des siècles, en dépit de toute sécurité, où les morts cohabitent avec les vivants, humains comme animaux. J'ai adoré cette façon de parler de la mort, des morts, des radiations et du danger, avec cette pointe d'humour permanente. Comme si, bah… c'était rien quoi !
J'ai trouvé ce livre étonnant, tant l'histoire qui s'y déroule est farfelue et drôle. Baba Dounia est une espèce d'électron libre, totalement fantaisiste et pourtant d'une grande sagesse, au service d'un récit exquis (et attention !.. Je n'utilise jamais le mot exquis, c'est dire si ça l'est…).
C'est une tranche de vie, ponctuée de souvenirs. Dounia a des réflexions intéressantes, un peu désabusées et justes sur la vie, sur sa vie, et parfois j'ai eu l'impression qu'elle parlait de ma vie. Sans doute parce que sa vision de la vie pourrait s'appliquer à toutes les femmes. Ah oui vraiment, j'ai aimé ce roman d'Alina Bronsky, née russe, devenue allemande et qui donc écrit en allemand sur le pays de ses origines.
Ils sont trois, trois réfugiés juifs de l'ex-soviétique : il a Max, l'enfant, qui raconte cette histoire ; la femme qui est la grand-mère à la tresse et enfin le grand père.
Une vie loin d'être parfaite pour Max qui vit avec ses grand-parents. C'est un enfant sans mère (et vous vous doutez bien qu'il faudra attendre la fin du roman pour savoir le pourquoi du comment). Max est couvé par sa grand-mère voir même un peu trop.
Cette grand-mère qui est toujours dans l'excès, qu'elle en devient extrêmement comique, extrêmement protectrice avec son petit fils aux limites de la maltraitante, et alors avec son mari, une vraie peau de vache.
Voici un roman où on se laisse très vite happer par cette grand-mère à la tresse totalement atypique. On suit la vie de cette famille pas comme les autres, une vie tragi-comique qui fait de ce roman, un récit drôle, étonnant et vif.
Découverte d'Alina Bronsky et de sa plume acérée mais touchante. Un roman raconté à hauteur d'enfant sans rentrer dans la niaiserie car les yeux des enfants comprennent beaucoup de chose..
Une grand-mère aux allures de sorcière mais aux répliques tellement drôles, ce roman fait du bien en touchant à des sujets concrets comme la douleur de l'exil, les compromis dans un couple et la vie d'un jeune adolescent pris dans les tourments de la folie des adultes !
Quelque trente ans après la catastrophe du réacteur et l’évacuation du village de Tchernovo voisin de la centrale, une poignée d’habitants a clandestinement entrepris de réoccuper les lieux, bravant les radiations et l’isolement. Parmi eux, Baba Dounia, une veuve nonagénaire dont les enfants vivent au loin, bien décidée à finir ses jours chez elle, entre son potager et ses quelques antiques voisins. Pourtant l’arrivée de deux nouvelles personnes, un père et sa petite fille, va faire basculer le fragile équilibre de la petite communauté.
Tout le livre repose sur l’attachant portrait d’une vieille femme au bout de sa modeste vie, vaillamment passée à trimer pour joindre les deux bouts et pour assurer l’avenir de ses enfants, heureusement, et même si cela lui brise le coeur, partis loin de ce lieu dévasté qui représente pourtant tout ce qui lui reste. Désarmant mélange de courage et de fragilité, elle est de ces personnes indéfectiblement humaines et intègres, étonnées d’en être admirables quand elles ne font que suivre leur instinct. Comment aurait-elle pu imaginer que sa spontanéité et son bon coeur lui vaudraient une notoriété bien au-delà des frontières de son pays ?
S’inspirant de son vécu d’émigrée russe en Allemagne, l’auteur recrée une atmosphère authentique et colorée, où lieux et personnages prennent vie d’une manière crédible et réaliste. Sa plume ironique et mordante réussit à rendre légers les sujets les plus graves : vieillesse et décrépitude, solitude et fossé entre les générations, suites d’une catastrophe nucléaire. Le drame devient tragi-comédie, et le lecteur se retrouve invité à un délicieux moment de tendresse et de charme. Coup de coeur.
A plus de quatre-vingt ans, Baba Dounia est considérée comme une sorte d’héroïne dans sa région. Il faut dire que depuis la catastrophe nucléaire, elle est revenue s’installer dans son village de Tchernovo tout proche de Tchernobyl. D’autres lui ont pris le pas et ils sont désormais une poignée à vivre en quasi autarcie.
Femme de caractère téméraire et un brin têtue, Baba Dounia aspire à vivre tranquillement. Dans cette zone de la mort où toute normalité a disparu, son sens de l’humour est souvent incisif. Loin d’être irresponsable et attachée à ses racines, elle est irrésistiblement attachante tout comme ses voisins. Tous sont conscients des risques qu’ils encourent, tous se débrouillent malgré la vieillesse et les petites chamailleries. Alina Bronsky n’occulte en rien les conséquences de Tchernobyl, elles apparaissent par petites touches sous le regard acéré mais empli de sagesse de Baba Dounia. On éprouve de tendresse et de l'admiration envers cette femme qui malgré la réalité abîmée garde de l'amour.
Avec des personnages hauts en couleurs veillant les uns les autres mais aussi sur leur environnement, ce roman offre une belle pudeur et un ton légèrement décalé pour parler de l'absurdité humaine.
Alina Bronsky a trouvé l'équilibre subtil entre humour, fantaisie et légèreté apparente.
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