"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque j'ai vu la couverture de ce roman psychologique et lu son résumé, je n'ai pu qu'être tentée. Quel était donc ce loup caché dans "la bergerie" de cette librairie ? Pourquoi l'irréparable avait été commis ? Est-ce que ce drame aurait pu être évité ? C'est donc avec une grande curiosité que je me suis donc plongée dans cette histoire qui me semblait prometteuse.
Malgré une idée de départ intéressante, j'ai eu beaucoup de mal à avancer dans cette lecture. L'alternance des chapitres consacrés tour à tour au point de vue de nos deux personnages principaux a néanmoins donné une certaine dynamique au récit même si le rythme de l'histoire m'a semblé beaucoup trop long pour apprécier le suspens de ce roman. Je pense également que cette impression émane d'un souci que j'ai rencontré avec ma liseuse qui a eu du mal à prendre en charge le format du texte.
Concernant les personnages, je n'ai malheureusement pas su m'attacher à eux et j'ai trouvé que les traits de personnalités étaient un peu trop caricaturaux à mon goût pour ressentir de la compassion.
Habituée à découvrir des romans psychologiques en format audio, je pense que j'aurais plus apprécié ce livre si je l'avais écouté.
Même si mon impression est mitigée et n'engage que moi, je ne peux que vous conseiller de vous forger votre propre impression. de plus, ça vous donnera d'autres visions des trues crimes.
Je tiens à remercier les éditions La Croisée et Netgalley France pour cette découverte et, si vous vous lancez dans ce roman, n'hésitez pas à garder quelques feuilles de salade pour l'un de nos personnages
On repart avec le nouveau titre des Éditions La Croisée, on reste toujours et encore à Londres, dans un tout autre univers, avec ses propres noirceurs. L’autrice Alice Slater est une ancienne libraire, et une amatrice de true crime, genre sur lequel elle anime des podcasts. La mort d’une libraire est son premier roman, dans lequel l’autrice exploite son penchant pour ce genre littéraire, ce fameux true crime, qui est devenu très populaire cette dernière décennie. À un point tel que certaines maisons d’édition en ont crée une collection dédiée au genre.
Roach est une jeune libraire qui végète plus qu’elle ne travaille dans une obscure boutique londonienne, la Spines Walthamstow, avec ses cheveux roses, son look un peu gothique et ses oreillettes constamment vissées sur les oreilles, et un caractère un peu asociale, elle ne vit que pour ses podcasts et ses livres de true crime. En somme, une vie un peu morne, égayée par la fascination qu’exerce sur elle les côtés obscurs de tous les tueurs en série, dont elle lit et écoute les vies. Arrive dans la librairie une nouvelle équipe dont la mission est de redresser le désastreux, voire inexistant chiffre d’affaires du commerce moribond. Composée de la nouvelle manager Sharona, Eli, son bras droit, la routine de Roach est vite ébranlée d’autant que Laura garde prudemment ses distances avec elle, quelque chose en sa collègue ne lui revenant pas. Roach, férue de true crime, pense que Laura, dont elle a découvert un ouvrage en sa possession après avoir fouillé un tote bag, et qui compose des poèmes sur les femmes tuées par des tueurs en série, tente par tous les moyens de se rapprocher d’elle, mais en vain. Plus l’obsession de Roach croit et devient malsaine, plus on comprend que derrière la façade glacée en sucre d’orge et de thés lattés à la cannelle se cache pour elle aussi une forme de noirceur, un secret qui la hante. Un mal-être qui s’exprime dans les litres d’alcool qu’elle ingurgite au pub chaque soir jusqu’à la nausée, et le black-out qui s’ensuit.
Roach est un peu paumée elle aussi, le seul repère qu’elle ait est sa mère et son pub, dans lequel cette dernière finit ivre chaque soir, sa chambre obscurément glauque qu’elle occupe au-dessus et une attirance unilatérale et malsaine pour Laura, entretenue par la distance que cette dernière garde avec elle. Une librairie, deux libraires, deux faces totalement différentes du métier, et du true crime, par l’une qui a défaut de s’être trouvée, y puisent une fascination obscène et qui en deviendra maladive. L’autre qui est au cœur même de cet univers, en tant que proche d’une victime, et qui ne l’évoque dans ses poèmes pour mieux le mettre à distance. Les névroses des deux jeunes femmes vont finir par se rapprocher, la fragilité de l’une va finir par être mise totalement à jour par le comportement psychotique de l’autre, devenue une stalkeuse en puissance, se fabriquant un curriculum vitae digne des individus les plus dangereusement perchés qui soient. Roach, qui porte ce nom à la prononciation qui dérange, va deviner instinctivement ce que Laura cherchait à cacher, celle-ci va deviner instinctivement qu’elle doit se tenir éloignée de cette espèce de jumeau maléfique qui va se nourrir de son histoire, celle d’une proche assassinée par l’un de ces serial killer que Roach idolâtre, pour assouvir son fanatisme délirant.
C’est un roman psychologique, pas policier contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, qui est franchement bien mené : si au début Roach nous apparaît comme une fille très paumée, mais inoffensive, baignée constamment dans la noirceur des meurtres sanglants et dans les abimes de la psychologie torturée des meurtriers, et Laura, une jeune femme avec quelques manières, un peu snobe et hautaine, un poil agaçante avec son eau de seltz à la cerise sans sucre à probablement 10 livres la canette, les choses deviennent moins tranchées à mesure que l’on découvre la vie de Laura, à mesure que l’on se confronte à l’esprit et l’attitude tortueux de Roach. L’autrice emprunte le chemin tortueux du genre thriller en se gardant bien d’emprunter toutes les méthodes du genre, c’est plus pernicieux que cela, et c’est bien ce qui m’a tenue en haleine jusqu’à la toute fin du roman. L’ambiance glauque et poisseuse est entretenue par ces deux libraires à l’opposé l’une de l’autre, l’une qui cherche la lumière, l’autre la noirceur, par tous les personnages qui évolue dans ce local décrépi où plus personne ne souhaite acheter des livres plein tarif (quand on sait la politique la tarifaire en France sur la vente de livres, on est un peu décontenancé de voir l’objet se faire traiter comme un autre objet de consommation quelconque). Avec des employés figés eux-mêmes dans l’atmosphère qui suinte le désœuvrement et l’abandon, qui ne pensent qu’à écumer les pubs jusqu’à l’écœurement – à un point tel que mon foie souffrait parfois en silence pour eux – tous manipulés (...)
Roach, libraire gothique à Londres, voue une passion indéfectible au True crime. La librairie traverse quelques difficultés, mais l'arrivée de Laura Bobo, classique en apparence, apporte un renfort inattendu. Initialement intriguée par cette jeune femme aux antipodes de sa personnalité, Roach bascule dans la fascination lors de la lecture publique d'un poème de Laura. Dès lors, le récit se transforme en une farce teintée de grincements.
L'autrice nous offre un récit original et décapant, peuplé de personnages stéréotypés qui s'attirent et se repoussent dans une mécanique aussi séductrice qu'hostile.
L'immersion dans les décors et l'atmosphère de la librairie est un véritable plaisir. La curiosité malsaine est mise en scène avec une impudeur caustique et délirante. Le récit est rythmé par l'alternance des personnages, offrant ainsi un côté résolument britannique. L'humour, noir par nature, se révèle également mordant.
On savoure le suspense et les situations grotesques, invraisemblables et embarrassantes. Roach pousse souvent les limites trop loin. L'émulsion est parfaite, à la fois astringente et romantisée, avec un sens aiguisé du détail. Le texte croustille de quiproquos et de malentendus, où les protagonistes expriment des fêlures et se répondent en un écho aussi défaillant que disharmonique. Ce récit explore et dénonce l'harcèlement, secouant nos névroses. On observe un rapprochement distancié, redoutant l'explosion imminente, et pour tout vous dire, cela sent l'embrouille et le pétard mouillé.
Ici, on désacralise le crime et l'univers du livre par un dépoussiérage consensuel dézingué : tout un programme !
Alice Slater s'est inspirée de son parcours personnel d'ancienne libraire londonienne et podcasteuse en true crime pour nous proposer ce premier roman plutôt "mordant".
Si ses personnages sont des êtres en marge, ce n'est pas étonnant, Alice Slater reconnaît elle-même qu'elle choisit ses lectures en fonction du degré de détestation des protagonistes qui y sont à l'œuvre.
L'épigraphe donne le ton : "Le répugnant a quelque chose d'attirant" David Wilson (A history of british serial killing).
Si vous vous attendez à une lecture "tranquille" - elle se passe la majorité du temps dans une de ces grandes chaînes de librairie - vous risquez d'être un peu bousculé.
Tout concourt à démontrer que les librairies ne sont décidément pas des endroits sérieux ! On est au-delà du contre-pied au feel good car il y a certainement de la malice et un brin de folie chez notre autrice.
Ici les codes sont brouillés et il est difficile de dire à qui on pourrait bien s'identifier dans cette galerie de personnages tous plus bizarres (voire répugnants) les uns que les autres…
Car le moins que l'on puisse dire c'est que ces libraires sont de drôles d'oiseaux.
L'une est gothique, accro au true crime et incapable de décrypter les sentiments ou comportements de ceux qui l'entourent, elle modifie sa personnalité pour les séduire mais les asphyxie par sa seule présence.
L'autre semble tout aussi toxique mais elle le cache sous des allures plus "proprettes".
Forcément quand ces deux-là se rencontrent ça donne… une histoire étrange !
Alice Slater joue sur l'ambiguïté, elle s'amuse à brouiller les pistes, on peut donc avoir du mal à savoir où elle veut en venir et si dans l'affaire on ne se trompe pas carrément de victime !
C'est assez troublant.
Psychologie fouillée, duplicité, fantaisie, serial killer et rock'n'roll : cette lecture me laisse définitivement une impression… bizarre !
Mais c'était peut-être le but !
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