"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Finlande, 1867. Une terrible famine sévit et nombreux sont ceux qui se lancent sur les routes dans l’espoir de survivre. Marja fait partie de ceux-là : elle a dû abandonner sa ferme (y laissant son mari agonisant) et partir avec ses deux jeunes enfants. Son espoir est d’arriver jusqu’à Saint-Pétersbourg.
Mais l’hiver est implacable. Partout, c’est le même drame : il n’y a rien à manger, si ce n’est de temps en temps une bouillie claire ou un pain fait en grande partie avec de l’écorce d’arbre.
» C’est M.Hackmann. Il essaie de sourire et sur son visage se dessine une expression idiote, bien que douce.
-Je n’ai pas de pain, malheureusement, ou peut-être un quignon pour le petit. Mais vous trouverez un lit pour la nuit dans la dépendance. Ou peut-être que je pourrais vous donner le mien…de pain je veux dire ! Je n’ai pas le droit de vous loger dans la maison principale, c’est interdit, à cause des maladies. Chez moi. Vous pouvez aller vous installer dans l’hospice des pauvres, bien sûr, comme je vous l’ai dit.
»
Dans le même temps, les nantis sont bien au chaud et à l’abri chez eux, notamment ce sénateur, qui prône une politique d’austérité et est indifférent au sort des indigents.
Ces milliers de réfugiés qui sont sur les routes n’ont qu’un but : survivre à ce terrible hiver. Mais comme si la faim ne suffisait pas, ces terribles conditions de vie font ressortir ce que l’âme humaine peut avoir de plus sombre et tous ces gens, principalement les femmes et les enfants, sont confrontés à une terrible violence physique parfois, mais aussi verbale.
Nombreux sont ceux qui préfèrent détourner le regard ou ne pas avoir à faire avec ces mendiants… (bizarre comme cela résonne avec la situation actuelle et ce qu’on appelle la crise des réfugiés).
Bon, vous l’aurez compris, ce court roman de 152 pages ne vous fera pas sourire mais réfléchir et c’est très bien écrit.
Finlande par une chaude journée d’été. Neuf personnages de trois générations différentes vont voir leurs destins et leurs histoires s’entremêler. Il y a tout d’abord Vilho et Sirkka, les plus anciens. Installés là depuis toujours. Sirrka perd peu à peu la tête et ses repères sous le regard amoureux et inquiet de son mari. Puis Leena, leur fille, mariée à Esko. Meri, la plus jeune qui cherche la compagnie du jeune Kaius, lui-même fils des voisins de la famille, Élina et Aatu, venus de la ville pour s’installer et vivre dans cette campagne si particulière. Et enfin Reino, revenu pour enterrer son frère sur cette terre qu’ils avaient quitté pour s’installer en Suède. Durant cette journée, chacun va faire l’expérience de la vie, de l’amour, de la maladie et de la mort. Et se poser nombre de questions existentielles.
Ce court roman est un huis clos poétique qui s’étend sur une unique journée. La nature y est omniprésente, l’eau est un personnage central mais aussi les animaux qui peuplent cette campagne – un loup, des corbeaux, un agneau muet – comme autant de prolongement des neufs êtres humains qui vivent là et comme autant de présages de ce qui les attend.
Le lecteur se laisse peu à peu happer par ce conte onirique habité à la fois par une grande douceur et par la conscience très claire que des choses terribles guettent les habitants du village. Aki Ollikainen fait ainsi arriver les événements lentement, progressivement sans à-coups ni violence.
C’est extrêmement puissant, empli d’une magie particulière due à présence de la nature, délicat dans ce que cela raconte de cette famille, de leur histoire et de leurs relations. On perd parfois pied entre la réalité et l’imaginaire mais toujours avec bonheur, comme à la lecture d’un long poème ou comme à travers un songe.
C’est une expérience de lecture tout en lyrisme et habitée par une douce mélancolie. Une parenthèse qui relate un instant de vie simple que l’auteur a su rendre envoûtant.
J’ai plongé dans la campagne finlandaise. J’ai écouté les habitants de cette campagne. Je les ai accompagnés pendant cette journée où la réalité a côtoyé l’imaginaire. Où les animaux ont la parole. Où les hommes et femmes exécutent leurs tâches journalières. Où l’amour est présent. Où des corps se retrouvent. Où la Nature dicte les règles. Où les traditions finlandaises sont présentes. Où le loup fait peur. Où les jeunes découvrent des secrets. Où un brochet s’impose.
« Pastorale », c’est une, des histoires familiales. « Pastorale », c’est les mots de son auteur Aki Ollikainen, des mots poétiques. « Pastorale », c’est l’imagination de son auteur, imagination mêlant mythe, conte, et réalité. « Pastorale », c’est un roman court qui m’a captivée du début jusqu’à la fin. « Pastorale », c’est se dire que j’ai aimé cette lecture-expérience mystique!!!
A pas de loup
•
Mais quel est ce livre étrange ?
J'étais tranquillement en train de lire une chronique familiale dans la magnifique campagne finlandaise et hop, d'un coup je me suis retrouvée dans un conte avec des corbeaux qui parlent, un loup et des brochets géants.
Ai-je tout compris ? Sûrement pas... mais j'ai aimé ça.
Je me suis laissée bercer par l'écriture simple et poétique qui me faisait découvrir une nature envoûtante dans laquelle trois générations se croisent.
Une lecture-expérience.
Je ne sais toujours pas où voulait m'emmener l'auteur mais j'ai apprécié le chemin.
•
Traduit par Claire Saint-Germain
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !