Toutes les femmes qui ont divorcé doivent lire ce livre. Tous ceux qui ont connu un changement de vie s’y retrouveront aussi. Le divan rouge (ed Héloïse d’Ormesson) est un petit ovni signé par Catherine Briat, qui parvient à faire d’un canapé –rouge- le héros d’un roman.
L’histoire est finie et elle le quitte, emmenant ses deux enfants sous son bras. Elle part avec rien, quelques affaires fourrées à la hâte dans un sac plastique, soustraites à l’emprise et à la jalousie d’un homme. Ca s’appelle redémarrer à zéro. Le minimum vital acquis, elle finira par craquer sur un canapé ultra soldé, ultra rouge, en velours. Et c’est ce canapé, le divan rouge, qui va accompagner toutes les phases de la reconstruction d’une femme, la réappropriation de sa propre vie. Jusqu’à ce qu’un jour, « il » revienne, quelques jours, le temps de voir les enfants avant de quitter la France, et s’installera chez elle. Combien de temps ? On ne sait pas. Les détails de sa vie ? On en a peu. Pas de prénoms, pas de repères, pas d’âge, cette histoire est celle de toutes les femmes qui connaissent la difficulté et l’ivresse du changement de vie.
Etre libre, c’est simplement ne plus avoir peur.
Elle finit par le comprendre, la narratrice, après quelques boîtes de mouchoirs usagés, chagrin roulé en boule sur le divan. Tour à tour, le divan est radeau du naufragé, nid d’une maman câline, bateau vers les délices amoureux. Il est bien plus qu’un canapé, il est avant tout un objet transitionnel et symbolique. C’est l’histoire d’une chute puis d’un élan, un roman qui dit qu’on s’en sort et que tout est possible, raconté depuis des coulisses. Catherine Briat ne raconte pas ses succès professionnels, le jonglage de la mère célibataire, ses relations amicales : le regard extérieur n’entre pas plus dans le roman que dans sa maison.
Le Divan rouge est court parce que les périodes de transition sont faites pour passer. Avec une économie de mots, d’affects, la romancière entraine dans un roman qui n’est que mouvements, autour du point fixe qu’est ce divan et qu’il faudra quitter. Aujourd’hui, Catherine Briat est diplomate. Elle a écrit ce texte avec l’énergie d’une femme qui s’est inventé un avenir… romanesque. Alors on se laisse entrainer par son roman et on ne regarde plus son canapé tout à fait de la même manière.