Une histoire qui commence par la mort du héros mais qui n’est pas un polar : entrez dans le monde tendre et discret d’une nouvelle plume traduite en France, celle d’Ashley Hay avec La femme du chef de train (Mercure de France), au cœur de l’Australie de 1948.
Il était une fois une belle histoire
Ani et Mac sont mariés depuis douze ans et c’est une histoire merveilleuse de gens qui s’aiment, dans un cocon de tendresse avec leur fille de dix ans. Mac a réussi à éviter la deuxième guerre mondiale, mais il meurt bêtement écrasé sous une locomotive une belle journée de printemps 1948. Il est incinéré le lendemain, Ani n’aura jamais revu le corps. La vie va continuer. Ani reste figée dans la tendresse et la sensualité de son mariage. Etre veuve à l’époque n’a rien d’exceptionnel, les femmes sont donc obligées de travailler. Ani trouve un emploi de bibliothécaire à la gare. C’est le lieu où apprendront à se connaître quatre personnages : la jeune veuve de 37 ans, et puis Iris, une vieille fille passée à deux doigts de l’amour ; Roy, un poète revenu de la guerre et atteint d’un syndrome post traumatique ; et enfin Franck, un ami de Roy, médecin, qui a fait partie de l’armée de libération des camps de concentration. Certains voudraient purger leur mémoire, les autres ne rien oublier.
Le roman est une lectrice
La Femme du chef de train est un roman dont le sujet principal est une lectrice. La bibliothèque est en effet un des protagonistes du livre mais attention : ici, il n’est pas question d’accumuler les références littéraires, à part Charlotte Brontë et DH Lawrence, quelques poètes discrets sont des fils rouges peu envahissants. Non, il ne s’agit pas d’un roman sur les livres et le pouvoir de la littérature. Il s’agit d’un roman sur ce qu’est une lectrice, cette manière d’être flottante entre le rêve et sa capacité à s’abstraire du réel, ravie par la lecture, capable de faire vivre en elle le passé et l’avenir au présent absolu.
Le travail de deuil, pourquoi faire ?
C’est ainsi que ces personnages, ces quatre gueules cassées qui peinent à se débarrasser de l’ombre de la mort dans leur vie, choisissent de laisser vivre les disparus en eux, en y superposant la rencontre, la peau, et peut être l’amour. La Femme du chef de train est un roman sur la renaissance et sur les vies intérieures. Avec, pour clef d’entrée, la littérature et ses mondes infinis. Un roman immensément tendre et discret, assez woolfien dans la façon dont l’auteur se niche au profond de ses personnages sans les dévoiler trop. Ashley Hay a écrit 4 romans reconnus en Australie. On espère les découvrir bientôt dans une édition française.
Ashley Hay, La Femme du chef de train, traduction Josette Chicheportiche (Mercure de France)
© Karine Papillaud
Vous pouvez également retrouver l’émission de Patrick Poivre d’Arvor Vive les Livres, dans laquelle Karine Papillaud parle de ce roman.
Sur ma PAL ! merci ;)
J'ai très envie de lire ce livre qui semble très prometteur en plaisir de lecture !
Je le note dans mon petit carnet, merci !