Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
A l'instar de son compatriote cinéaste Manoël de Oliveira, José Saramago était un écrivain d'un cynisme élégant. L'humour du vieux Portugais enveloppait toujours avec soin des thématiques fortes et sérieuses. Ici dans ces "intermittences de la mort", il choisit le registre de la fable pour nous conter l'histoire de ce pays qui ressemble tant aux nôtres (européens) et dans lequel tout à coup plus personne ne meurt. La supposée bonne nouvelle se transforme en drame national et cataclysme sociétal. La nature humaine se révèle terrifiante et seule la mort, personnage hors norme bien entendu, arrive à montrer une nature capable de sentiments respectables. On retrouve avec ce type de romans le vrai plaisir de se faire raconter une histoire. Un privilège.
J’ai mille choses à dire sur ce livre enthousiasmant. La première est que le lecteur lira la préface avec amusement. Le manuscrit, envoyé par José Saramago à une maison d’éditions alors qu’il était encore jeune et inconnu, disparut pendant 40 ans. A l’époque, l’éditeur ne jugea pas utile d’adresser au futur prix Nobel de réponse concernant son manuscrit, qui ne fut retrouvé que lorsque la maison d’édition changea de locaux. José Saramago en refusa alors la publication et récupéra son manuscrit. C’est donc après sa mort en 2010 que fut publié ce bijou écrit par l’auteur dans sa prime jeunesse.
Les deux pouces en l’air pour le choix de la couverture, une photographie intitulée « Tableau d’intimités (Sydney », d’Anne-Laure Maison, qui colle admirablement à l’esprit de l’ouvrage.
Quant au texte, c’est un véritable enchantement. Je m’attendais à ce qu’il revête une dimension socio-historique, à ce qu’il m’apprenne des choses sur ce Portugal d’après-guerre dont j’ignore tout. Mon ignorance restera complète ou presque, car le livre n’a rien à avoir avec un quelconque portrait sociétal, il propose une observation fine, lucide et dénuée de jugement, de ce que sont les êtres dans l’intimité du couple, de la famille, du voisinage. Il parle de leur rapport à eux-mêmes, aux autres et au monde. De leurs espoirs, de leurs hontes, des sentiments cachés, que l’on dissimule aux autres et parfois à soi-même. Des mensonges qu’on se raconte pour se faire du bien ou pour survivre.
Le texte est sublime, il n’y a pas un mot de trop mais il n’en manque aucun. Les dialogues sont vraisemblables, parfois piquants ou inattendus, les sentiments des personnages sont crûs en ce qu’ils respirent la réalité.
Je me suis sentie, en lisant ce livre, comme le héros de Fenêtre sur Cour, penchée, dans une attitude peut-être un peu voyeuriste, sur le quotidien de ces gens, comme si j’habitais l’immeuble d’en face, ayant une vision à la fois instantanée et globale de la situation, comprenant à la fois le tout et le rien de leur existence.
Ce roman est une perle.
Les hommes deviennent aveugles les uns après les autres, ils vont être regroupés et un petit groupe va survivre grâce à une femme qui elle continue de voir. Comme souvent Saramago part d'une situation étrange et nous "promènent" dans son univers.
Une situation, de départ cocasse, des hommes politiques inquiets qui essaient de réagir plus que de comprendre. Notamment un ministre de l'intérieur que semble avoir copié l'un des nôtres. Dans l’œuvre puissante de Saramago ce livre peut-être une bonne entrée pour le découvrir.
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...