#RL2017 ça y est, c’est parti ! Découvrez les avis de nos lecteurs sur cette sélection
Un roman dérangeant sur la tragédie moderne des migrants.
Au milieu de la nuit et de la jungle mexicaine, des projecteurs s'allument : un groupe de migrants, trahis par leurs passeurs, est pris d'assaut par des trafiquants. Certains sont exécutés ; les autres, triés selon le sort qui leur est réservé, sont stockés dans des camions pour être livrés dans les montagnes alentour.
Sous la direction des deux chefs de bande, Estela et Epitafio, les convois prennent la route des montagnes. Façonnés par un passé que l'on devine odieux, ces amants contrariés jouissent de leur pouvoir et des souffrances qu'ils infligent. Obsédés l'un par l'autre, ils tentent vainement de communiquer, de se dire leur amour et leurs espoirs d'une nouvelle vie.
Tenu en haleine, le lecteur assiste à leur chute, naviguant entre les différents cercles de l'histoire - Estela et sa cargaison dans une direction, Epitafio dans une autre, son homme de main qui ourdit quelque vengeance, les jeunes passeurs qui répètent inlassablement leur triste tour, le macabre père Nicho dans l'orphelinat où tout a commencé - et le choeur des migrants, dont l'individualité s'effrite peu à peu et qui deviennent sans voix, sans âme et sans nom .
Dans ce récit où les êtres humains sont réduits à l'état de marchandises, où la violence règne, Emiliano Monge distille les essences d'une Amérique latine sauvage, met à nu l'horreur et la solitude, mais aussi l'amour, la loyauté et l'espérance qui combattent dans le coeur de l'être humain.
Tragédie moderne à la prose crue et rythmée, roman puissant, Les terres dévastées happent le lecteur dans un tourbillon à la fois émouvant et dérangeant.
Récompensé en 2016 par l'un des plus importants prix littéraires sud-américain, le prix Elena Poniatowska
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Ils sont une cinquantaine à vouloir traverser la frontière pour vivre leur rêve américain cette nuit-là. Une cinquantaine d'hommes, de femmes et d'enfants stoppés net parce qu'ils n'ont pas choisi les bons passeurs. Les projecteurs s'allument et les voilà prisonniers, de la simple marchandise pour Epitafio et Estela, les amants diaboliques.
Il est très difficile de s'attacher à qui que ce soit dans ce roman et sur un tel thème, il me semble que c'est bien dommage. Sans avoir recours au pathos, il faut laisser la place à de l'empathie. Or, le chœur des migrants est réduit à une voix sans nom, ou presque; on sent que c'est un choix mais cela m'a laissée trop à distance du texte pour que je l'apprécie. Emiliano Monge use, sciemment, de nombreuses répétitions et nomme de nombreux protagonistes par une structure qui commence dans ce style: dit cellequi aime..., tout écrit en attaché. Ces effets de style finissent par être pesants et par gâcher l'intérêt que cette histoire aurait pu avoir. C'est donc pour moi une vraie déception car le thème m'attirait beaucoup.
Chronique d'une Exploratrice de la rentrée littéraire
En ouvrant ce roman je ne m’attendais pas à avoir autant de difficultés à sa lecture. Je me suis même demandé si j’allais réellement pouvoir le terminer, c’est vous dire! Car Emiliano Monge aborde non seulement un sujet très dur, le trafic d’êtres humains, mais utilise un style et une langue assez laborieuse comme pour rendre compte de la complexité du monde dans lequel on vit. J’avoue que je m’y suis beaucoup perdue, relisant à plusieurs reprises de nombreux passages pour comprendre les situations dans lesquels s’embourbaient les personnages. Pas facile, donc.
Dans la jungle mexicaine un trafic s’organise autour de migrants clandestins. Trahis par leurs passeurs deux jeunes adolescents déjà corrompus par la vie, certains sont tués, d’autres embarqués dans des camions tels des marchandises. Sous la direction de deux chefs de bande, Epitafio et Estela, le convoi part dans deux directions différentes afin d’approvisionner des esclavagistes. Mais ces deux amants contrariés qui n’ont pas eu le temps de communiquer avant de prendre la route semblent sur le point de vouloir changer de vie. En maintenant un suspense quant à la confession qu’Estela n’a pas faite à Epitafio, on sillonne la route tantôt en leur compagnie, tantôt avec leur homme de main qui projette vengeance et trahison à leur encontre tout en suivant les jeunes passeurs adolescents qui continuent leur recrutement. Tout ceci rythmé sous la longue et triste plainte de la même et unique voix de ces migrants.
Dès le début, ce récit m’a donné du fil à tordre. Lâché dans un environnement inconnu sans repères spatio-temporel, on assiste à un guet-apens et ne comprend donc pas la situation ni qui sont les personnages. Perturbant, le passage des pensées d’Epitafio à Estela m’a prise au dépourvu et m’a laissée dans une confusion grandissante. Servi par une écriture acérée et lourde, le récit m’a facilement égarée… mais le fond c’est-à-dire le processus des trafiquants autour des migrants, m’a laissé un espoir de réconciliation avec la forme. Pas tout à fait !
Je tiens à souligner la finesse psychologique avec laquelle Emiliano Monge a su rendre ces personnages plus « humains ». Malgré leur cruauté et leur brutalité, il a su leur créer une histoire qui explique leurs caractères et surtout faire ressortir le côté animal pour ainsi reproduire le schéma de violence dont ils ont aussi été victime depuis leur enfance. Je suis ainsi passée de l’aversion envers eux deux, à la crainte qu’ils ne soient trahis. C’est en ce sens que l’auteur réussit son pari, habile en démonstration, malgré un style trop recherché et un roman inégal sur le plan stylistique.
Brutal, cruel, implacable et choquant, il n’y a pas assez d’adjectifs pour qualifier ce roman. J’ai été glacée d’effroi à sa lecture, prise de répulsion quant à l’injustice des situations et des migrants relégués au rang de bétails. Mais j’ai surtout été choquée par la barbarie assumée des personnages qui utilisent la déshumanisation comme arme de soumission. Je n’apprend rien de la perversion des hommes, mais je suis scandalisée par cette indifférence qui renforce le déséquilibre humain. Un roman noir donc, qui ne m’a pas laissée indifférente mais m’a surtout laissé un goût amer. J’ai l’impression d’être passé à côté de certaines choses en raison de ce style acerbe et oppressant qui ne m’a pas laissé une grande liberté de compréhension.
http://bookncook.over-blog.com/
L'avis de la page 100 :
Emiliano Monge nous plonge dans l'enfer des migrants dans la jungle mexicaine. Nous suivons les convois organisés par des trafiquants sans scrupules sur la route des montagnes, du point de vue de deux d'entre-eux : Estela et Epitafio. En seulement 100 pages, le récit nous montre toute sa dureté. L'humanité a totalement désertée et l'auteur accroît la violence par une langue tranchante et vulgaire. On se perd parfois dans le récit également. L'ambiance est oppressante, ponctuée par des passages de Dante et de vrais témoignages de migrants. Je suis donc un peu déconcertée pour le moment et je sens que lire la suite va être difficile.
L'avis définitif :
Dans ce roman organisé en trois livres (Epitafio, Estela, les fils de la forêt) entrecoupés d’intermèdes, nous suivons les convois des trafiquants de migrants dans les montagnes mexicaines. Nous suivons notamment deux trafiquants, Epitafio et Estela, ainsi que leurs comparses. Ces migrants que l’auteur appelle aussi les sans-noms ou les sans-dieu font face à la terreur, à la violence absolue : l’humanité n’existe plus, c’est l’enfer. Pour appuyer cette violence, Emiliano Monge n’hésite pas à utiliser une langue crue, dure, très souvent vulgaire notamment dans les dialogues des trafiquants. En parallèle, il utilise aussi des passages de Dante et de vrais témoignages de migrants. Ce mélange est surprenant mais assez efficace. Cette violence n’existe pas que pour les migrants, elle est valable aussi pour les trafiquants. L’auteur nous montre que ces derniers sont sans foi ni loi même entre eux : élevés dans la violence, ils ne connaissent rien d’autre. Ils sont comme des morts-vivants à l’image de leurs noms tous hérités du funéraire. L’histoire d’amour entre Epitafio et Estela, qui peut sembler incongrue voire improbable dans le récit face à cette horreur.
Cependant, si le propos et le thème sont forts et font écho aussi à la situation des migrants en Europe, j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet univers noir. J’ai été trop souvent perdue dans les propos de l’auteur - notamment dans la juxtaposition de dialogues parfois décousus et une omniprésence de surnoms - pour « profiter » pleinement de la lecture. C’est bien dommage d’autant que la traductrice semble avoir fait un sacré boulot pour restituer ce récit. Je suis passée complètement à côté. Je vous conseille ce roman que si vous avez le cœur accroché et l’esprit alerte sinon passez votre tour.
Rendez-vous de la page 100 :
Je suis pour l'instant très divisé sur ce roman.
Malgré la lecture de la quatrième de couverture qui ne m'a pas réellement captivé, je me suis lancé dans l'histoire avec l'espoir d'être surpris. Cependant, le début m'a laissé perplexe en raison d'une écriture que je trouve lourde et parfois peu compréhensible : trop de répétitions, de surnoms, de chevauchements entre les pensées des personnages et les dialogues, qui deviennent alors des passages assez indigestes.
Par moments, je suis tout de même happé par l'histoire lorsque le fond prend le dessus sur la forme. Le trafic de migrants au Mexique, nous expose une certaine noirceur humaine d'une manière plutôt réussie.
A suivre...
Chronique Explolecteur 2017
Les Terres dévastées expose la vie de trafiquants de migrants dans la jungle mexicaine. Mettant à nu l’horreur des évènements et la noirceur humaine, ce roman promet de nous bouleverser. Ponctué de passage de La Divine Comédie de Dante et de témoignages de migrants, l’ambiance oppressante en est accentuée. C’est du moins ce qui est indiqué sur la quatrième de couverture. Dans les faits, rien n’est moins sûr.
Dès les premières pages, l’écriture m’a gêné. Je l’ai trouvée particulièrement lourde et fatigante à lire. La description d’Epitafio, l’un des personnages principaux, est faite à base de répétitions. La prolifération de surnoms formés sur une même base (Celuiqui..., Cellequi...) et l’absence d’utilisation de pronom donnent des passages pénibles : « L’aîné [...], contourne CellequicompteencoresurDieu et Celuiquiaencoreuncorps pour rejoindre l’entrée de l’énorme grotte
dans laquelle vient d’entrer Cellequiaencoreuneombre. » De plus, une trop grande utilisation des conjonctions « que », « qui » ajoute encore à la lourdeur de l’écriture. Un soulagement arrive lorsque l’on passe aux dialogues. Un soulagement qui ne dure pas car l’écrivain s’amuse à mélanger les dialogues et les pensées des personnages, formant un désordre incompréhensible que je n’ai pu m’empêcher de sauter. Enfin, de manière plus infime, certains détails me semblent superficiels et sans utilité : parfois la seule conséquence est d’interrompre la trame narrative tandis qu’à d’autres moments il s’agit d’ajouter de l’horreur sans finesse pour justifier la volonté de dépeindre la noirceur humaine.
Toutefois, lorsque l’on parvient à faire abstraction de l’écriture, ce qui n’a pas été simple à faire, on peut commencer à se concentrer sur le récit en soi, qui est pour moi une déception. L’idée d’intégrer des témoignages et passages de Dante était plutôt bonne en premier lieu, mais mal réalisée, coupant l’histoire trop abruptement et parfois, là encore, alourdissant l’écriture. La volonté de dépeindre l’horreur et la noirceur humaine n’est pas tenue non plus. Le seul passage respectant
cette « promesse », et que je trouve très puissant car dérangeant, concerne la tentation à laquelle est soumis Mausoleo (je n’en dis pas plus pour éviter tout spoil). Cependant ce court moment de réussite littéraire se termine rapidement, rattrapé par une énième répétition des pensées des personnages principaux.
Ainsi, je trouve que l’histoire ne tourne pas autour de la dure réalité à laquelle sont confrontés les migrants, mais plutôt autour d’une incapacité à communiquer entre Epitafio et Estella. Ces deux personnages n’arrivent pas à se joindre et vont alors commencer à s’interroger sur les raisons pour lesquelles l’autre ne répond pas. On a donc le droit à des suppositions ridicules traduisant des réactions qui m’ont semblé enfantines et qui ont le malheur de sonner fausses.
Ce roman est donc pour moi une déception en comparaison à ce que promettait la quatrième de couverture. Je ne suis absolument pas rentré dans l’histoire et au contraire j’ai souvent eu envie de l’abandonner. En bref, sitôt fermé, déjà oublié.
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