"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis la Transylvanie juste avant la Deuxième Guerre Mondiale, en passant par Paris après la guerre, jusqu'à Williamsburg aux USA, le roman fait revivre 4 générations d'une famille Satmar. En 1939, le petit Josef, 5 ans, est sauvé par une jeune fermière non juive qui le fait passer pour son fils. Cinq ans plus tard, Josef sauve la jeune Mila, une fois que les parents de celle-ci ont été tués et lui fait rejoindre Zalman Stern, un chef religieux de la communauté Satmar, où Mila va être élevée comme la soeur d'Atara, la fille de Zalman. Au fur et à mesure que les adolescentes grandissent, la foi de Mila s'intensifie, alors que sa soeur adorée découvre le monde des livres et du savoir. Mila se marie dans le respect de sa religion, alors qu'Atara continue à remettre en question la doctrine fondamentaliste. Le choix des deux soeurs les sépare jusqu'à ce qu'un dangereux secret menace de les bannir de la seule communauté qu'elles n'ont jamais connue.
Traduit de l'anglais par Katia Wallesky, avec le concours de l'auteur
Je ne sais pas si j'ai aimé ce livre ou pas. Il est dérangeant, il m'a exaspéré et en même temps j'avais à coeur de savoir jusqu'où cela irait.
Quelle violence morale. Faut-il y voir une dénonciation ou au contraire une admiration devant tant d'abnégation ? mon côté un peu rebelle y voit une forme d'oppression des femmes pourtant soumises aux rituels depuis leur plus petite enfance. Celles-ci ne semblent pas le vivre de manière contraignante. Quand l'une d'entre elles se risque à vouloir s'éloigner du carcan religieux elle est vite repérée et doit rentrer dans le rang. Gare à celle qui osera s'affranchir, elle sera « effacée ».
Anouk Markovits explore dans ce livre la vie de juifs hassidiques issus de Transylvanie à travers trois générations. de la naissance à la mort, du lever au coucher, tout est code et rituel. C'est d'ailleurs ce climat un peu répétitif que l'on pourrait reprocher au livre. Les passages d'explications religieuses n'apportent pas grand-chose au récit, par contre ils contribuent fortement à rappeler l'importance des rituels et cérémonials et faire sentir l'importance de ceux-ci.
Y a-t-il une part d'histoire vécue dans ce livre ? On ne peut s'empêcher de penser que ces descriptions si précises, cette grande connaissance (semble-t-il) des us et coutumes juifs ont imprégnés l'auteur. Mais alors est-elle Mila ou Atara ? Les deux jeunes filles, pivot du livre, bien qu'élevées de la même manière finissent par avoir des trajectoires différentes. Alors on admire les deux. L'une pour avoir eu la force de s'extraire de la prison de la religion, l'autre pour avoir su y trouver tout le sens de sa vie. Laquelle a eu raison ? Et bien il n'y a pas de bonne réponse à cette question. La seule que l'on pourrait donner est : lisez le livre et faites-vous votre propre opinion.
Il est parfois difficile d’entrer dans certains romans. Lorsque cela arrive, j’ai pour habitude de me demander pourquoi la lecture me semble aussi fastidieuse, est-ce parce l’écriture du roman n’est pas assez fluide ? Parce que l’histoire est mal agencée ? Parce qu’il m’est difficile d’entrer en empathie avec les personnages, de ne pas adhérer au propos de l’auteur ? Lorsque les réponses à ces questions sont négatives, je poursuis ma lecture… Bien mal m’en a pris avec le roman de Anouk Markovits. Dorénavant, je sais pourquoi j’avais quelques réticences, mais aussi pourquoi il m’a à la fois intéressée et touchée.
« Je suis interdite » est un roman qui dérange et qui interroge, c’est une véritable plongée dans le hassidisme (Le hassidisme est un courant important du judaïsme, réhabilitant l'étude du Talmud, proclamant son attachement à la morale traditionnelle et constituant, de nos jours, avec plusieurs dizaines de milliers de fidèles, un pôle majeur de la tendance orthodoxe Cf Larousse), que nous propose l’auteur, une plongée dans l’intégrisme religieux. Il est rare de pouvoir pénétrer au plus profond dans un pan aussi extrême d’une religion. Par habitude, par confort, et par peur ce sont des milieux que l’on s’attache à ignorer, à éviter.
Ici Anouk Markovits qui a elle-même été élevée dans une famille ultraorthodoxe ne nous épargne rien de cette difficulté à vivre pour soi lorsque l’on vit dans un monde régi par le dogme. Avec une infinie sensibilité l’auteur évoque la difficile condition de la femme dans le hassidisme, une femme qui doit se conformer à la morale religieuse, se plier au mariage arrangé, réfréner tout élan de spontanéité envers son mari ou ses proches, toujours se conformer à la Torah quitte à ne plus être soi-même, et ce même lorsque l’on est éprise de liberté.
La liturgie juive rythme le roman, elle est omniprésente comme elle l'est dans la vie de Mila dont on effeuille les carnets intimes dans lesquels elle consigne ses désirs les plus intimes, ses secrets les plus profonds ceux qui, découverts risquent de marquer l’opprobre sur toute sa famille et de faire d’elle et de ces descendantes des « interdites ».
Malgré quelques longueurs, et un vocabulaire liturgique parfois difficiles à intégrer - mais peut-être faut-il simplement se laisser porter - « Je suis interdite » n’en demeure pas moins un très beau roman ourlé d’une prudente pudeur. Un récit passionnant porté par des personnages infiniment attachants, une plongée dans une communauté repliée sur elle-même dans un monde qui ne cesse d’évoluer. Un très joli et gracieux moment de lecture…
livre qui pose beaucoup de questions sur le rôle que peut jouer la religion sur les gens qui l'utilise à la lettre....jusqu'où peut aller l'Homme? au nom de la religions?
livre très bien écrit, plein de finesse, de pudeur, de souffrance mais retenue...de non-dit...
« Je suis interdite, comme le sont mes enfants et les enfants de mes enfants, interdits jusqu'à la dixième génération. »
1939 – Transylvanie
Les parents du petit Josef sont massacrés tout comme sa sœur devant ses yeux innocents … La Garde Roumaine a frappé. Les rouages de la Seconde Guerre Mondiale sont enclenchés et l'enfant se trouve du mauvais côté. Florina, une fermière allemande qui aidait la « Mama » de Josef le prend en charge et l'élève comme son propre fils, lui enseignant alors la religion de la survie qui est la sienne.
Cinq ans plus tard, Mila, jeune enfant juive de la communauté Satmar, assiste au meurtre de ses parents elle aussi. Josef lui prend la main et sauve la vie de celle qui lui et désormais intimement liée … Grâce à lui, Mila rejoint Zalman Stern, homme de Foi qui l'élèvera au même titre que son aînée, Atara. Les deux filles grandissent ensemble « amies, sœur pour la vie ». Seulement, la route est étroite et Atara décide peu à peu de ne plus la partager avec Mila. Cette dernière garde une Foi absolue en cette communauté hassidique qui l'a élevée alors qu'Atara est éprise de liberté et tend à une culture plus épanouissante lorsqu'elle adopte un scepticisme poignant envers sa religion et ses Lois divines.
Les remises en question ne sont pourtant pas acceptées par la communauté et les deux jeunes filles vont devoir se quitter afin de vivre leur propre choix, leur individualité.
C'est ainsi que Mila retrouve Joseph, avec qui un mariage est arrangé et qu'Atara fuit le carcan de cette religion obsessionnelle. Seulement, les sœurs sont loin d'imaginer qu'un lourd fardeau va les unir une dernière fois et mettre en péril la stabilité de leurs univers respectifs …
Anouk Markovits nous livre ici un roman inédit. Édifiant dès les premières pages, il nous emporte dans un univers mal connu avec un point de vue, une approche saisissante et criante de vérité. Le lien n'est alors que plus facile à faire avec le passé de l'auteur qui a construit ses personnages dans une cohérence incroyable. Le lecteur s'attarde sur chaque personnalité et s'attache singulièrement à chacun des vie mises en scène, ce qui est une prouesse de plus de la part d'Anouk Markovits. Dans un style pur, simple et précis, l'auteur arrive à nous transporter et ne perd pourtant rien de l'émotion des situations. Alors que nous pourrions confondre cette simplicité avec une prise de recul, il n'en est rien et la vérité demeure plus éclatante alors, jouant avec le rythme des passions. Des intrigues en tout cas bien menées et saisissantes qui nous font passer par une palette subjuguante de sentiments. De l'histoire d'amour aux rigueurs de la communauté hassidique, de la fraternité aux pensées étrangères, aux aspirations personnelles ; l'auteur nous propose un voyage générationnel époustouflant où les tragédies historiques côtoient les plus grandes valeurs de l'humanité. Une mise en relief de thèmes éternellement actuels, comme la laïcité, s'effectue et les dimensions que prend l’œuvre n'en sont que plus magistrales. Il résonne en nous un écho après chaque parole, il reste une marque après chaque passage … La Foi et l'Amour, la Liberté et la Religion sont-elles incompatibles ?
Dans ce jeu d'écriture où le silence a autant d'importance que les mélodies personnelles, Anouk Markovits démontre que son talent ne s'est pas essoufflé après Pur Coton et qu'à travers des sujets personnels, elle parvient encore à transmettre des valeurs universelles troublantes de vérité.
Un roman finalement riche de savoirs ( sans pourtant tourner à l'encyclopédie ! ) et d'expérience qui marque les esprits comme les cœurs. Une finesse remarquable dans l'écriture, une pureté séduisante et une mélodie toujours harmonieuse, que dire de plus ? Un roman plus que réussi, édifiant et surprenant, qui traite de la difficulté à s'accorder à ses propres aspirations, à vivre en adéquation avec son éducation tout en ne négligeant pas son individualité dans un monde conformisme. Une œuvre profonde où le sacré flirte avec le sacrilège et où le devoir contredit la liberté pour le plus grand frisson du lecteur.
Si je ne devais retenir qu'un seul mot pour décrire ce livre, j'utiliserai probablement le mot souffrance car ce roman tourne uniquement autour de la souffrance : la souffrance phyqique qu'un être peut être amené à s'infliger pour absoudre ses péchés, la souffrance morale avec laquelle un être se torture l'esprit quand il veut à la fois lier ses envies et son respect de la religion mais aussi la souffrance qui peut se transmettre inéluctablement des parents aux enfants. C'est aussi la souffrance qu'a du ressentir l'auteur pour écrire ce livre, souffrance qui transparaît dans la manière d'écrire : des phrases courtes, parfois un peu hachurées, où l'on sent que l'auteur a souhaité prendre de la distance ; limite parfois trop pour écrire son roman où l'auteur est quelquefois très froid et distant dans son style d'écriture, où il manque un peu d'empathie pour ses personnages. Ce qui engendre une lecture douloureuse où on a à la fois envie de continuer pour connaître la fin de cette histoire et à la fois envie d'arrêter car la souffrance se renouvelle sans cesse. J'ai donc une impression assez mitigée sur ce livre. Par contre, cela amène forcément le lecteur à réfléchir sur la religion, les conséquences qu'elle peut avoir sur les personnes qui veulent la respecter jusqu'au bout des doigts, sur la mise à part et le détachement de la société qu'elle peut entraîner et l'incompréhension qu'elle peut amener chez les personnes qui ne sont pas croyantes ou qui ne pratiquent pas leur religion de la même manière. ce livre peut amener chacun à se poser des questions sur son propre rapport à la religion.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !