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INVISIBLE m’est apparu comme une sorte de chantier littéraire dont le personnage central est Adam Walker et le maître d’œuvre Freeman, chargé de lire les 3 chapitres que Adam lui adresse, de les réécrire à la demande de sa sœur Gwyn en modifiant le nom des lieux et celui des personnages . A cette base s'ajoutent d'autres récits venant nuancer voire modifier les faits.
L ’ensemble forme alors une sorte de puzzle narratif qui peut paraître destabilisant mais dans lequel des balises permettent cependant au lecteur de s’y retrouver, chaque modification dans le type de narration étant justifiée en début de récit.
De plus, cette sorte de roman-laboratoire s’ arrête d’une façon abrupte, quelque peu frustrante .
Paul Auster utilise ici des procédés qui brisent les codes du roman , mais sont toutefois adaptés au thème du secret auquel renvoie le titre INVISIBLE. Les personnages et certains faits conservent leur part de mystère , mais laissent au lecteur le goût amer de l’inachevé .
Malgré la construction déroutante d' INVISIBLE, sa lecture en a été pour moi agréable en raison de l'écriture claire, fluide et précise de Paul Auster .
Quand j’ai démarré la lecture de Baumgartner ce mardi 30 avril, j’ignorais que Paul Auster nous quittait. Le deuil a ajouté de l’émotion à la lecture de ce court roman, texte fort qui interroge aussi bien la vie que la mort, peut-être un message d'adieu. Nouveau jeu de piste, récit familial, humour et tendresse, tout y est. Baumgartner est un professeur de philo qui évoque l’absence de ceux que l’on a perdus, mais également la difficulté à écrire quand la page reste blanche. C’est un peu le double de Paul Auster quand il plonge dans ce vide qui parfois brise une vie ou du moins nous rend mélancolique. Ce roman est à lire et relire pour ce qu’il est : le dernier texte magnifique d’un grand homme.
Marco Stanley Fogg a un destin incroyable qui va l'amener à voyager, comme Marco Polo, mais à la fois physiquement et spirituellement. Ce jeune homme n'a pas eu une enfance facile. Élevé une partie de son enfance par sa mère mais sans père, il va finir son éducation chez son oncle Victor après le tragique décès de sa mère.
Puis, vient le jour où il se retrouve seul à New-York, à poursuivre ses études. Jusqu'à ce que l'argent lui manque et qu'il se retrouve à la rue.
Véritable roman sur la quête de sa propre identité, sur la quête du sens, celui de la vie et puis sur le destin et ce monde si petit où chaque rencontre, chaque événement mène à un autre et que tous sont reliés par un fil, un fil conducteur qui, discrètement et secrètement, provoque cette succession d'événements. Existe-t-il au final un libre arbitre ? C'est ce que l'on pourrait se demander en terminant ce roman, tant les coïncidences et l'idée de prédestiné sont fortes. Mais, au-delà de ces idées, ce qui m'a le plus marqué est la quête d'identité de Marco, surtout pendant sa période de vie sans domicile fixe. La puissance des mots de Paul Auster, cette facilité à nous dépeindre des émotions et des pensées qui nous ont tous et toutes traversé l'esprit un jour, même fugacement. Marco nous parle tellement qu'il nous pousse à réfléchir nous-mêmes sur notre vie, notre condition, qui l'on est et notre vision du monde, nos inspirations.
Même si j'ai été déçue par la tournure que prenait l'histoire après les 100 premières pages, les 50 dernières ont suscité chez moi la même passion qu'au début et c'est pour cela que je pense que ce roman mérite d'être lu, s'il peut provoquer une réaction chez vous aussi. Un certain relativisme et pragmatisme mélangés avec un amour pour la fragilité de la vie. C'est ce que cela a en tout cas suscité chez moi.
Il m’a beaucoup touchée ce vieux prof de philo un peu paumé dans sa grande baraque, paumé et bien seul avec ses souvenirs qui lui reviennent régulièrement à l’esprit. Tout lui rappelle les jours anciens auprès de sa femme qui n’est plus, une poétesse qui a laissé une œuvre dont une partie seulement a été publiée. Il faudrait entreprendre un gros travail de relecture mais le courage n’est plus là. Il travaille son petit essai sur Kierkegaard, commande des ouvrages sur Internet pour avoir le plaisir de discuter deux minutes avec la livreuse puis replonge dans ses souvenirs, les images d’Anna dont la mort accidentelle dix ans auparavant l’a laissé inconsolable. Les déplacements dans la maison sont devenus une aventure : il risque de tomber, de se prendre le pied dans un tapis et incapable de se relever, de mourir là, seul, oublié de tous.
J’ai beaucoup aimé ce texte très sensible qui dépeint un homme dont les repères présents s’effacent ou se floutent mais qui garde des souvenirs très précis du passé lointain. C’est comme ça quand on vieillit paraît-il, on finit par vivre davantage dans le passé, s’accrochant comme on peut à un présent un peu triste et mélancolique. Et l’on circule de l’un à l’autre comme dans un rêve, entre deux mondes, sans plus appartenir à aucun.
Un récit poignant non dénué d’humour et dont la précision des détails et leur réalisme nous laissent penser que l’auteur sait de quoi il parle.
Le dernier texte de Paul Auster ? Moi je dis que non et j’attends la suite… En effet, la fin n’annonce-t-elle pas un début? Ce serait un beau pied de nez de l’auteur à ses lecteurs !
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